Les parts de capital Desjardins: un placement patriotique

Publié le 16/01/2015 à 14:10

Les parts de capital Desjardins: un placement patriotique

Publié le 16/01/2015 à 14:10

Des irritants

Mais il y a néanmoins quelques éléments qui chicotent. D’abord, le taux d’intérêt n’est pas coulé dans le béton. Le taux ne pourra dépasser celui des obligations de 5 ans du gouvernement fédéral (1,75% actuellement) ou 4,25%. Comme on peut le voir, la coopérative offre le taux le plus élevé des deux. Cependant, le conseil d’administration de la Fédération peut modifier cette politique et les taux cibles, ou carrément interrompre le versement de l’intérêt.

Ce serait un moindre mal si seulement les détenteurs de parts pouvaient facilement s’en départir.

Or, il y a un risque d’être pris avec. Le prospectus qui accompagne la nouvelle émission de parts de capital indique qu’il peut être impossible de revendre les parts. Le porte-parole de Desjardins, André Chapleau, explique que l’institution financière a prévu un fonds fiduciaire pour faciliter la vie de ceux qui voudraient récupérer leurs billes. Selon lui, une caisse Desjardins peut rembourser à un membre ses parts, lesquelles sont ensuite versées dans le fonds fiduciaire en attendant un autre acheteur éventuel.

Le prospectus indique cependant que le rachat par le fonds fiduciaire est possible à certaines conditions. On ne sait pas lesquelles. Le document spécifie également qu’il peut y avoir un délai avant la conclusion du rachat. Desjardins n’est pas obligée de racheter les parts et peut refuser s’il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande, y avertit-on.

Bref, les parts de capital Desjardins ont une vague ressemblance avec les parts des fonds de travailleurs: on sacrifie la liquidité en faveur de la «mission sociale».

Si les rendements offerts par les parts de Desjardins surpassent clairement ceux offerts par les obligations et les placements garantis, la comparaison avec les actions des banques est nettement moins flatteuse. Les titres bancaires sont beaucoup plus liquides, en ce sens qu’on peut facilement en acquérir et en disposer sur le marché boursier. Aussi, le rendement en dividendes est sous plusieurs aspects plus intéressant.

Par exemple, le dividende sur le titre de la Banque Nationale est presque identique, à 4,26%. Mais rappelons que les revenus en dividendes sont moins imposés que les intérêts. Il faut souligner cependant que cet avantage de l’action disparaît si le placement est fait à l’intérieur du REER. Les rendements ne sont pas imposés à l’intérieur d’un compte enregistré et tout ce qui en sort est imposé à titre de revenu, à 100%. Notons par ailleurs que les titres émis par Desjardins sont admissibles au REER, mais pas au CÉLI. 

Tout cela m'amène à conclure que l’achat de parts de capital de Desjardins est moins un investissement qu’un placement patriotique. En acheter, c’est d’abord soutenir la coopérative financière à laquelle les membres ont adhéré. Et c’est exactement ainsi que la plus grande institution financière de la province positionne son produit.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.