Le paradoxe immobilier


Édition de Avril 2014

Le paradoxe immobilier


Édition de Avril 2014

Tous les lundis au bureau, nous avions droit à une revue rapide du marché immobilier montréalais, gracieuseté d'un collègue qui aspirait à la propriété. Depuis quelques mois, il écumait les petites annonces sur le Web dans le but d'acheter un condo. Il lui a fallu jouer des coudes lors de visites libres et fréquenter les bureaux de vente de ces chantiers de tours de copropriétés qui champignonnent dans la métropole.

Chaque lundi, invariablement, il concluait son exposé sur ces mots : «Ça n'a pas d'allure». C'est vrai que ses recherches se concentraient dans les quartiers centraux de Montréal. Mais lorsqu'on est célibataire, je comprends qu'on ne veuille pas faire son nid à Kirkland ou à Pointe-aux-Trembles. Il a abandonné, après l'amer constat que dans son cas, l'accès à la propriété se ferait au prix d'un exil ou de week-ends confinés dans une garde-robe.

Il n'y a pas que les célibataires qui peinent à prendre leur place dans le marché immobilier. Les jeunes familles aussi. À Montréal, un toit sous lequel il y a trois chambres fermées nécessite qu'on contracte une hypothèque à faire dresser les cheveux sur la tête d'un planificateur financier.

Pourtant, il y a une lueur d'espoir. Acheteur, c'est l'heure... À condition que vous renonciez pour l'instant aux quartiers les plus chauds. Pour ceux d'entre vous qui avez des critères géographiques moins restrictifs, des occasions commencent à poindre, et vous aurez le gros bout du bâton. Dans mon entourage, un couple tente de vendre sa luxueuse copropriété de Boucherville depuis plus d'un an. Les visiteurs sont rares et tournent les talons pour des riens. Une amie qui voulait emménager avec son amoureux a dû renoncer à son projet, parce que la perte sur la revente de son condo de Chambly s'annonçait trop importante. On rencontre le même phénomène dans la banlieue de Québec.

Le marché de l'immobilier refroidit. Comme dans un véritable foyer, c'est en périphérie que le feu s'éteint d'abord. Les prix ont commencé à baisser dans quelques endroits. Au centre le plus chaud, la fin des surenchères ralentit la hausse des prix - ce qui n'y rend pas l'immobilier plus abordable pour les premiers acheteurs, mais leur permet d'espérer.

Par contre, cela démontre aussi que l'immobilier n'est plus un investissement qui vous enrichit à coup sûr, comme c'était le cas ces dernières années. C'est la dure réalité à laquelle sont confrontés les propriétaires de condos des banlieues.

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.