L'avarice, ce défaut détestable

Publié le 01/12/2015 à 11:54

L'avarice, ce défaut détestable

Publié le 01/12/2015 à 11:54

Il y a parfois des défauts chez son prochain qu’on a plus de mal à supporter que d’autres. Par exemple, la mièvrerie. Les gens fades et gentils à l’excès qui parsèment leurs courriels de smileys, bien ça peut m’énerver. Je préfère les caractères un peu rugueux et les coups de gueule occasionnels que l’imperturbable et factice bonne humeur. Mais peut-on en vouloir à une personne d’être trop affable?

Non, s’il est un défaut vraiment détestable, c’est l’avarice. Tellement qu’il vient éclipser toutes les qualités chez l’individu affecté. Appelons-le le cheap. Il faut le distinguer de la personne frugale, dont je vous ai parlé brièvement la semaine dernière.

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents

La frugalité est un mode de vie basé sur la simplicité, le refus de surconsommer, la recherche de la liberté et des plaisirs authentiques, le plus souvent dans les relations avec les autres et les contacts avec la nature. L’enrichissement est une conséquence de la frugalité, et non le moteur.

Le cheap au contraire est motivé par l’accumulation d’argent, tellement qu’il est prêt à compromettre ses relations pour sauver une poignée de dollars.

Parfois, la limite n’est pas claire, surtout dans la tête de l’avare qui confond son méprisable défaut avec la sobriété. Si elle en a les moyens, la personne frugale n’hésitera pas à soutenir financièrement sa famille, un ami ou une cause qui lui est chère. Le cheap, jamais, à moins qu’on lui torde le bras.

Ce radin commettra rarement l’erreur de vous emprunter une somme d’argent importante qu’il sait que vous n’oublierez pas. Par contre, il lui arrivera souvent de vous taper un café, une bière ou de la monnaie, sachant bien que vous ne demanderez pas d’être remboursé.

Le cheap calcule constamment. Pour lui, il n’y a pas de sens figuré au mot «enrichissement», qui se mesure en espèces sonnantes. Il passera un bon moment s’il en retire un bénéfice plus grand que sa contribution, que ce soit avec sa soeur, sa mère ou ses copains, s’il lui en reste.

Si vous avez le coeur assez grand pour l’inviter chez vous pour souper, il y a fort à parier qu’il se pointe avec une bouteille de vin bas de gamme qu’il rapportera à la fin de la soirée, que vous n’avez pas voulu gâcher avec sa piquette (et il le sait).

Bref, si les gens frugaux m’impressionnent, les cheaps me désolent.

***

Ce n’est pas une caractéristique fondamentale de l’avare, mais celui-ci n’accordera souvent pas de l’importance à la qualité de ce qu’il consomme. En tout cas, moins qu’une personne frugale.

Un peu comme nos administrations qui confient les travaux d’infrastructures aux plus bas soumissionnaires, le cheap valorise le petit prix au détriment de la qualité, quitte à devoir remplacer prématurément le bien en question et à débourser davantage à long terme.

Ce n’est pas un trait exclusif du cheap, remarquez. On tombe tous dans le piège d’acheter de la camelote à l’occasion.

Le magasin «à un dollar», c’est bien pratique pour se procurer des emballages, du matériel de bricolage pour les enfants et des décorations de Noël, mais pour les produits «durables», je doute que le consommateur fasse de réelles économies.

Il y a des objets qu’on achète sur lesquels on ne devrait jamais faire de compromis. Même si le coût immédiat est plus élevé, on en sort gagnant à long terme. Par exemple, un couteau de cuisine devrait durer toute la vie. Idem pour la plupart des outils.

Je trouve scandaleux qu’on puisse encore trouver des chemises dont les boutons lâchent dès la première semaine et des t-shirts dont le col se déforme après le deuxième lavage.

Pourquoi vouloir économiser sur des chaussures et des bottes de qualité douteuse? Et un manteau d’hiver? Comme avec les meubles, je suis d’avis qu’il faut rechercher des produits de haute qualité qui sauront traverser les modes.

J’ai une autre opinion sur les accessoires, comme les gants et les parapluies qu’on oubliera dans le taxi.

Pour les produits électroniques et les électroménagers, c’est une autre affaire. Le consommateur se fera avoir autant s’il achète le bas de gamme que le très haut de gamme. Dans le premier le cas, l’appareil risque d’être dépassé ou de briser rapidement. Dans l’autre, il paie une prime pour la marque ou pour être parmi les premiers à bénéficier de certaines caractériques.

J’ai sondé mon entourage pour connaître les produits pour lesquels ils ne recherchent pas les économies: bottes, chaussures, manteaux, oreillers, nourriture, matelas, pneus d’hiver, certains produits électronique (surtout audio).

Et vous, sur quoi n’hésitez-vous pas à dépenser?

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.