En vacances, deux cartes de crédit valent mieux qu'une

Publié le 05/07/2016 à 11:15

En vacances, deux cartes de crédit valent mieux qu'une

Publié le 05/07/2016 à 11:15

Mon père mesurait plus de 1,80 m mais je n’ai malheureusement pas hérité de sa taille. Il m’a plutôt légué cet attribut tout petit-petit qui le handicapait, vous le demanderez à ma mère, elle vous confirmera que c’était minuscule.

Je parle ici de sa patience.

Heureusement, il y a de ces caractéristiques atrophiées pour lesquelles on peut entretenir un espoir raisonnable de croissance, surtout en cette ère de coaching. Je me suis donc efforcé à devenir plus patient, à respirer, et je crois avoir fait des progrès. Malgré ces efforts, il reste néanmoins des situations où mon héritage remonte à la surface comme une giclée de lave:

1-Quand je suis embourbé dans un système téléphonique automatisé;

2-Quand je suis coincé dans un bouchon de circulation en allant à un rendez-vous;

3-Quand je me fais niaiser.

Eh bien les amis, comme le veut la métaphore météorologique, la tempête parfaite, j’en ai vu le coeur. Tout commence, comme à mes habitudes en vacances, par la perte de ma carte de crédit. Le récit est anecdotique, mais je vous promets un conseil pour vos vacances à la toute fin. 

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Le contexte

Pas de projets très ambitieux pour les vacances. Traîner au lit, peaufiner mes techniques de barista, regarder des matchs de l’Euro dans l’ambiance des cafés et des bars, passer du temps entre amis et en famille, faire une escapade en campagne, ne pas stresser.

Dès le premier jour, le samedi, j’oublie ma carte de crédit quelque part. Je réalise la perte le lundi. J’appelle chez Visa, j’annule la carte et en commande une nouvelle. Celle-ci me parviendra par la poste à l’intérieur de sept jours ouvrables, m’explique l’employé au bout du fil. Problème: j’ai réservé une voiture de location le lundi suivant et c’est jour férié le vendredi. Pas question de prendre possession du véhicule sans carte de crédit valide.

Comment puis-je l’avoir plus rapidement? L’employé me propose d’expédier ma carte à la succursale bancaire de mon choix en trois jours. Parfait, je lui indique laquelle. Il confirme l’adresse. Quelqu’un va m’appeler lorsqu’elle sera arrivée à destination. La vie est belle. 

La quatrième dimension du mauvais service à la clientèle

Mercredi. Je sors pour la journée et lorsque je reviens, je trouve dans ma boîte aux lettres une chose inquiétante. Ce n’est pas un poisson mort, mais un avis de Purolator. Ce n’est pas moins annonciateur de problèmes.

Pour me punir de mon absence au moment où on a tenté de me livrer quelque chose, on m’informe que je dois me rendre à un entrepôt dans un coin reculé de la ville pour récupérer le paquet. Sans conteste, ces services de livraison sont conçus pour les entreprises. Pour le particulier, cela tourne invariablement en galère. On se retrouve à devoir cueillir le paquet à un endroit plus éloigné que l’expéditeur. Ridicule.

Je recommande de toujours faire livrer au bureau, mais là, je n’ai rien commandé, et la seule chose que j’attends est une carte de crédit qui doit atterrir à trois coins de rue de chez moi.

Pour prendre possession de la chose qui m’a été envoyée, je dois me rendre… à Repentigny, ce qui nécessite la traversée d’un pont!

J’appelle immédiatement Visa pour m’assurer que ma carte n’est pas au centre de cet imbroglio. Je raconte toute l’histoire: la perte de la carte, l’entente sur la livraison accélérée, la location d’auto, l’avis de Purolator dans la boîte aux lettres, ma petite inquiétude… On me confirme que la carte devrait être livrée près de chez moi. L’agent me donne le numéro de téléphone de la succursale bancaire pour que je les appelle le lendemain, le jeudi avant la St-Jean.

Je ne sais pas pour vous, mais quand j’appelle dans une succursale, je m’attends à ce qu’un humain réponde. Le jeudi matin donc, je compose le numéro pour m’empêtrer dans un système automatisé à quatre échelons de menus. Quand je parviens à parler à une personne, ce n’est évidemment pas quelqu’un de la succursale. Je recommence l’histoire, la perte de la carte, l’entente de livraison, la location d’auto, etc.

«Je vous mets en communication avec la succursale», dit l’employé. Enfin! Au moment du transfert, il me raccroche au nez! Je rappelle, je raconte à nouveau mes angoisses à un autre employé de centre d’appels et, vous savez quoi? La ligne coupe encore. 

Plus je m’enfonce dans mes démarches infructueuses, plus j’ai la conviction que ma carte a abouti à Repentigny. Sur le site de Purolator, j’entre le numéro de suivi indiqué sur l’avis. Il n’en ressort qu’un message d’erreur. Je décide d’appeler à la succursale de Repentigny, en composant le numéro indiqué sur l’avis, dans le but de savoir s’il s’agit d’une enveloppe, d’une boîte, ou que sais-je. Je m’embourbe à nouveau dans un dédale téléphonique, sans parvenir à contacter un humain.

Le coup de grâce

J’ai besoin de la carte rapidement, car je pars le lundi suivant avec une auto louée. Vous aurez compris que je n’ai pas de véhicule pour me rendre à Repentigny. J’emprunte donc celui d’une amie, qui me le prête à condition de le lui retourner 90 minutes plus tard, car elle a un rendez-vous. Une heure et demie, c’est plus que suffisant pour un aller-retour à Repentigny. Mais c’est oublier que l’autoroute pour s’y rendre, la 40, est un bouchon quasi perpétuel. Ça n’avance pas. Et la voie inverse semble plus congestionnée encore. Ce sera juste.

Je prends de grandes respirations. Le pire serait d’être impliqué dans un accrochage provoqué par l’énervement. Ça bousillerait mes vacances.

Au bout d’un moment, j’arrive à Repentigny, impatient de mettre la main sur le paquet pour constater que c’est la carte tant attendue. Je tends l’avis à la commis, qui fronce les sourcils en voyant le numéro. Elle pitonne son clavier, se penche sur son écran pour lever ensuite la tête vers moi et me dire, sans le moindre regret: «Il y a une erreur. Votre paquet est à Anjou».

Pauvre madame… Toute la frustration accumulée depuis la matinée relâchée dans un coup de tonnerre. Bang! Je ne vous raconte pas.

L’histoire se termine plutôt bien. J’arrête à Anjou sur le chemin du retour, et c’est bien ma carte de crédit qui m’attendait là-bas.

Dans toute cette mésaventure, j’ai perdu au plus trois heures. Mais je me suis surtout fait du mauvais sang.

Imaginez maintenant que ça se produise à l’étranger.

Alors voilà mon conseil. Ne partez pas en voyages sans avoir DEUX cartes de crédit, une que vous laisserez à l’hôtel, et une autre que vous aurez avec vous. Si vous perdez votre carte, ou si vous vous la faites voler, vous pourrez continuer de profiter de vos vacances sans perdre du temps à devoir la renouveler.

***

En activant ma nouvelle carte de crédit sur le site de ma banque, on m’a évidemment offert de l’assurance baloney (assurance vie, invalidité, maladie grave) pour couvrir le solde de ma carte. J’ai deux options: accepter et refuser. Je refuse.

Un message apparaît pour confirmer mon choix avec deux boutons. Au moment de la confirmation, ce devrait être mon choix qui ressort en évidence, à droite, dans un bouton plus gros et en couleur. Ce gros bouton-là servait plutôt ici à accepter l'assurance. Donc à m'induire en erreur. 

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.