Carte de crédit : profiterez-vous de la baisse des frais?

Publié le 24/03/2015 à 11:43

Carte de crédit : profiterez-vous de la baisse des frais?

Publié le 24/03/2015 à 11:43

Oh là là! Si vous goûtiez mon saumon cuit sous vide parfumé à la camomille, vous voudriez m’épouser (surtout vous, mesdames). La délicatesse de la chair a quelque chose de sensuel, et le subtil mélange des saveurs vous soutirerait à coup sûr une petite larme.

D’ailleurs, je voulais vous en remercier. Tous. Les gars aussi. Même ceux qui ne me lisent pas. Tout mon matériel pour la cuisson sous vide, c’est vous qui me l’avez payé.

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Pendant que vous allez au salon du VR ou que vous regardez La Reine des Neiges pour la 73e fois, moi je suis dans les chaudrons. J’aime ça, c’est mon passe-temps de fin de semaine. Alors quand j’ai remarqué que les points accumulés sur ma carte de crédit me donnaient l’occasion d’explorer de nouveaux territoires culinaires, je n’ai pas hésité! Je me suis dit «De toute façon, ce n’est pas moi paye, c’est eux!»

Comment ça, eux? Vous savez comment ça fonctionne, les cartes de crédit privilège? Plus vous faites des achats avec votre carte, plus vous accumulez des points que vous pouvez convertir en billets d’avion, en gadgets de tout genre ou même en argent.

Vous ne croyez quand même pas qu’une société de cartes de crédit puisse faire des cadeaux? Ben non! Les transactions effectuées avec les cartes de crédit, particulièrement les cartes de fidélité, coûtent jusqu’à 3% aux commerçants. Ça n’a l’air de rien, 3%, mais pour un dépanneur qui exploite un poste d’essence, cela équivaut à 40 000 dollars à la fin de l’année. Imaginez un grand magasin… C’est plus de 100 000 dollars. Au total, ces frais atteignent 5 à 7 milliards par année au pays.

Qui croyez-vous qui absorbent ces frais? Eh oui, c’est vous (et moi), car ces sommes sont intégrées dans les prix ! Mais moi j’en profite. Ce qu’il y a de plus ironique dans tout ça, c’est que les gens qui règlent leurs achats comptant ou avec leur carte de débit n’auront pas de cadeaux, eux, même s’ils paient pour le système.

Il y a quelques années, les commerçants avaient demandé la permission de vendre plus chers les produits payés par carte de crédit, mais le Tribunal de la concurrence a dit non.

Les frais chargés par MasterCard et Visa font l’objet d’un mécontentement grandissant depuis quelques années. Il faut dire que les deux entreprises ont beaucoup augmenté ces frais, tout en élargissant leur offre de cartes privilège. Si bien que de plus en plus de consommateurs paient avec leur carte de crédit pour accumuler des points (au risque de s’endetter, mais c’est une autre question). Et chaque transaction est frappée d’une commission plus élevée.

Escalade des frais, augmentation du nombre de transactions… Je comprends les commerçants de rager. D’autant plus que moins du quart des commissions servent à récompenser les clients.

Mais cela va changer. Enfin un peu. Dans les faits pas beaucoup… Les frais appliqués au Canada sur les transactions réalisées par carte de crédit sont parmi les plus élevés au monde. Dès 2013, feu Jim Flaherty avait menacé d’intervenir. Plutôt que de se voir imposer des contraintes par Ottawa, Visa et MasterCard ont pris les devants en annonçant, en novembre, une baisse de ce qu’on appelle les «frais interchange». Le taux moyen sera maintenu durant cinq ans, et ce à compter du mois d’avril, à 1,5%. Gros effort? On parle d’une baisse de 10%, rien pour compenser les hausses successives des dernières années.

Les organisations qui défendent les commerçants sont satisfaites, bien qu’elles reconnaissent qu’il y a encore du travail à faire. À mon avis, elles le sont moins par la baisse annoncée que par le moratoire de cinq ans. Les marchands vont souffler un peu.

Mais du côté des consommateurs, je ne me réjouirais pas trop vite. S’ils se sont fait refiler les hausses de frais dans le passé, pensez-vous qu’ils vont profiter de la baisse ?

Je doute que l’allègement des frais de 700 millions de dollars se fasse ressentir sur les prix.

Et comme ça touche aussi les produits alimentaires, mieux vaut manger avec appétit.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.