Bonne nouvelle, les taux hypothécaires vont monter!

Publié le 20/06/2017 à 11:15

Bonne nouvelle, les taux hypothécaires vont monter!

Publié le 20/06/2017 à 11:15

Vous auriez préféré qu’ils baissent encore, mais il y a des limites. On ne peut pas tout avoir: une économie pétante de santé ET des taux d’intérêt collés au plancher. C’est un OU l’autre. Et, s’il faut choisir, mieux vaut une économie en forme qui génère des emplois, des investissements et des recettes fiscales.

Vous vous en rappellerez peut-être, la dernière fois que les taux avaient baissé, c’était en 2015, quand les cours du pétrole étaient à leur plus bas. L’Alberta, principal carburant de l’économie canadienne, s’était alors engluée comme un canard dans un bassin de décantation de sables bitumineux. Elle ne s’en est jamais vraiment remise.

Depuis, le taux directeur de la Banque du Canada est resté à 0,5%, un niveau anormalement bas. Mais on s’habitue à tout, tellement qu’on en oublie qu’ils ont déjà été plus élevés et qu’ils peuvent remonter.

L’objectif de taux aussi peu élevés est de stimuler l’économie en facilitant l’accès au crédit. Mais à long terme et à fortes doses, le remède devient poison. On connait ses effets néfastes, les plus manifestes étant le surendettement et la croissance excessive des prix de l’immobilier.

Dans ce contexte, la perspective d’une hausse des taux d’intérêt est une bonne nouvelle.

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La Banque du Canada a commencé à nous y préparer lundi dernier, son président Stephen Poloz déclarant que sa politique monétaire avait fait son travail. Quelques jours plus tard, des économistes de Desjardins ont affirmé que cela pourrait se produire aussi tôt qu’en juillet. Ils s’appuient pour cela sur des données qu’on n’avait pas vues depuis longtemps: le PIB canadien se serait accru au premier trimestre de 2017 de 3,5% sur une base annualisée!

Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins, croit davantage au scénario d’une hausse en deux temps déclenchée à l’automne: 0,25% en octobre 2017 et 0,25% en avril 2018, ce qui porterait le taux directeur de la banque centrale à 1%. Avec le taux d’endettement actuel des ménages, il n’y a qu’une manière d’envisager une hausse d’intérêt: avec prudence.

Alors, comment les propriétaires de maison seront-ils affectés? La hausse du taux directeur se répercutera rapidement sur les taux hypothécaires, à commencer par les taux variables. La majorité des propriétaires ne seront cependant pas touchés immédiatement, l’hypothèque de cinq ans fixe étant de loin la plus populaire. Ils constateront une différence au moment du renouvellement, pour peu que les taux montent et ne redescendent pas d’ici là.

Signalons ici que plus long est le terme d’une hypothèque à taux fixe, moins ce taux est influencé par le taux directeur de la Banque du Canada. Pour déterminer le coût d’une hypothèque de cinq ans, les prêteurs s’appuieront aussi sur le marché obligataire. Ne vous faites pas d’illusions : ils vont monter. Sinon, ils pourraient se retrouver sous les taux variables, chose fort peu probable. 

Donc, les premiers à ressentir des contrecoups seront les détenteurs d’une hypothèque à taux variables, d’ici la fin de l’année une première fois, puis avant l’été prochain une seconde fois, selon le scénario évoqué plus haut.

Et lesquels parmi ceux-là seront le plus touchés? Les mêmes qui subissent le resserrement du marché hypothécaire depuis des années: les premiers acheteurs. C’est normal, les jeunes propriétaires doivent supporter une hypothèque plus élevée et par conséquent, la moindre hausse du taux variable a un impact significatif sur le montant des remboursements.

Avec ce type d’acheteur, il est fréquent de voir des hypothèques de 250 000 dollars et plus. Selon Denis Doucet, de Multi-Prêts, un tel acheteur peut obtenir un taux variable de 2,00% sur une hypothèque assurée par la SCHL.

Pour une hypothèque de 250 000 dollars amortie sur 25 ans à un taux de 2%, le remboursement mensuel s’élève à 1058 dollars par mois. En ajoutant 0,5%, la mensualité passe à 1120 dollars. Le poids d’une dépense mensuelle supplémentaire de quelque 60 dollars est très relatif, mais on devine que pour une jeune famille, c’est plus lourd.

Pour mettre la chose en perspective, c’est une dépense annuelle supplémentaire de 700$. Imaginez comment un gouvernement se targuerait de pouvoir accorder une baisse d’impôt semblable, et même deux fois moindre, «aux jeunes familles de la classe moyenne».

On voit l’ampleur du problème pour ces ménages. La moindre hausse des taux se traduit pour eux par des coûts supplémentaires importants. Et pour les autres qui voudraient accéder à la propriété, ils ne peuvent même pas espérer une baisse conséquente des prix de l’immobilier.

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Sur ce, «petites» vacances. De retour à la fin juillet. Bon été.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.