Banque Tangerine: le naturel qui revient au petit trot

Publié le 13/04/2017 à 11:59

Banque Tangerine: le naturel qui revient au petit trot

Publié le 13/04/2017 à 11:59

Il y a plus de 10 ans, j'ai ouvert un compte chez ING Direct. La banque virtuelle n’offrait pas de services au comptoir, mais ne débitait pas non plus les comptes de frais insidieux. Mieux, et on peine à le croire aujourd’hui, le simple compte d’épargne offrait alors 2,5% d’intérêt.

Son slogan: «Changez d’ère bancaire». La promesse était tenue. À défaut de virer l’industrie à l’envers, l’arrivée dans le décor de ce nouveau joueur était rafraichissante. L’entreprise est entrée plus tard sur le marché hypothécaire avec son «anti-hypothèque», un produit abordable, sans flafla, dont la principale caractéristique était la possibilité de rembourser plus rapidement le prêt. Le site Internet était en phase avec la philosophie de la boîte, toute en simplicité. Je dirais même sympathique. On n’essayait pas de vous vendre de la cochonnerie, des assurances bidons et des cartes de crédit.

En 2012, l’acquisition par la Banque Scotia des activités bancaires canadiennes d’ING ne présageait rien de bon, mais la direction de la grosse banque avait promis de ne rien changer. Je suis resté. La banque a depuis été rebaptisée Tangerine, un changement de marque des plus réussie qui lui permettait de conserver sa couleur distinctive et cette aura qui fait qu’on la trouve aimable.

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Au tournant de 2016, eh voilà!, elle met en marché une carte de crédit Master Card appelée «Remises Tangerine». Mais bon, la carte a tout pour plaire. Sans frais annuels, elle offre de généreux remboursements en argent. De mémoire, au lancement et pour une durée limitée de trois mois, la remise s’élevait à 4 % dans trois catégories de dépenses déterminées par le client (épicerie, pharmacie, transport en commun, par exemple) et 2 % pour toutes les autres. Après trois mois, les remises sont réduites respectivement à 2% et 1%, ce qui n’en faisait pas moins une carte très séduisante étant donné qu’elle ne coûtait rien en frais annuels. J’en ai pris une.

Il y a deux semaines, Tangerine m’a envoyé, comme à tous les détenteurs de sa carte, un avis dans lequel elle énumère les changements de caractéristiques de la carte. La liste est longue! Elle diminue de 1% à 0,5% la remise sur les achats qui ne font pas partie des catégories choisies par le client. Elle augmente les frais de change de 1,5% à 2,5%. Elle hausse les frais de transfert de solde de 1% à 3 %. Après deux retards de paiements consécutifs, le taux d’intérêt est porté de 19,95 à 24,95%. Auparavant, la pénalité était appliquée après trois retards. Il faudrait désormais 12 mois de paiements disciplinés pour voir rétablir le taux d’intérêt d’origine, plutôt que les six que prévoyait le contrat initial.

Ces changements sont d’autant plus frustrants qu’ils surviennent tout juste un an après la mise en marché de la carte de crédit. J’avais conservé l’avis dans le but d’écrire sur le sujet, mais Rob Carrick, du Globe&Mail, m’a devancé hier. Dans sa chronique, il signale avec justesse que lorsqu’un produit financier se distingue trop des autres par sa générosité, ce n’est jamais pour longtemps.

Bref, j’allais laisser tomber le sujet. Mais ma collègue Dominique m’a rabattu ce matin cette nouvelle de Bloomberg qui nous apprend que Tangerine compte développer sa gamme de produits de crédit dans le but d’accroître ses revenus et ses profits. Évidemment, les modifications apportées au fonctionnement de sa carte de crédit s’inscrivent dans cette mission, la banque d’abord, le client ensuite.

Moins sympathique.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.