Austérité: on vous parle de café pour vous endormir

Publié le 16/12/2014 à 12:00

Austérité: on vous parle de café pour vous endormir

Publié le 16/12/2014 à 12:00

J'avais 16 ans quand j'ai décroché mon premier job, c'était chez un concessionnaire automobile. Avec mon frère, nous astiquions les véhicules vendus avant que leur nouveau propriétaire ne vienne en prendre possession.

J'ai un souvenir très net de l'odeur du savon... et des combines pour accroître la marge du concessionnaire. L'une d'entre elles consistait à proposer le cirage de la carrosserie et la protection des tissus à l'intérieur. Le prix demandé était scandaleux pour un traitement qui demandait 10 grammes de cire, une bouteille de Scotchgard à 2 $ et 30 minutes de travail de la part de deux adolescents payés 4$ de l'heure. Nous sommes au milieu des années 1980.

«Pour protéger votre investissement,…», disait d'abord le vendeur pour engourdir la vigilance du client. Si celui-ci hésitait, le vendeur passait à la phase deux de son argumentaire: «C'est à peine l'équivalent d'un Big Mac par semaine pour l'année»! Le nouveau propriétaire d’une Pontiac Fiero n’y voyait que du feu !

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C’est le même genre de sophisme qu’a utilisé le ministre de l'Environnement David Heurtel lorsqu'il a argué au début du mois que la taxe de 2 cents sur le litre d'essence équivalait à un café par semaine pour les contribuables touchés.

Puisque son gouvernement impose cette nouvelle taxe au nom de la rigueur (et non de l’austérité), il aurait pu en faire preuve lui-même en précisant la provenance du café, sachant qu’au prix d’un latte chez Starbucks, on peut se procurer quatre tasses de café filtre chez Tim Horton. Et pour être totalement transparent, encore eût-il fallu qu’il reconnaisse que le café Robusta s’est apprécié depuis un an de 14% à la Bourse des matières premières, à Londres. Faut-il déduire que cette nouvelle taxe sur l’essence imposée par Québec pourrait être la proie des spéculateurs étrangers sur les denrées?

Bye bye le prix, bonjour le paiement

La méthode utilisée par le ministre est déclinée de diverses façons dans l’industrie du commerce de détail. Elle consiste à camoufler le coût total d’un service ou d’un bien en promouvant les paiements. Ainsi une télévision ne coûte plus 1000 dollars, mais 48 fois 21 dollars. Vingt-et-une piastres, c’est deux dîners au restaurant. Pensez-y.

L’industrie automobile (encore!) est particulièrement innovante en la matière. Une personne peut désormais se procurer une voiture grâce à un emprunt dont le terme s’échelonne sur sept ans. Cela permet au concessionnaire de faire miroiter un petit prix, celui d’un paiement hebdomadaire de 80$. Pas cher, c’est le coût d’un laissez-passer mensuel autobus-métro! Après sept ans, le client aura néanmoins payé sa voiture deux fois!

De la part de quelqu’un dont c’est le métier de vous mystifier, on peut presque applaudir. Mais d’un ministre?

Le facteur latte

Parlant de café, il y a un concept en finances personnelles appelé «The latte factor». Énoncée et enregistrée par le gourou américain David Bach, l’idée sous-tend que c’est en éliminant les petites dépenses quotidiennes qu’on devient riche.

Ainsi, en investissant cinq dollars par jour plutôt que de les dilapider dans sa dose quotidienne de café au lait, une personne accumulerait des dizaines de milliers de dollars au cours de sa vie.

Bof… Faut-il vraiment y voir la cause de l’endettement endémique qui nous terrasse? Avant de renoncer à son café, faudrait cesser de se laisser endormir par les illusionnistes de la vente.

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La réponse est dans ‘«malle»

Aux soucis que j’ai rencontrés avec ma carte de ce crédit, une lectrice, Geneviève, a cette solution. «J'ai fait la demande d'une seconde carte de crédit sans lien avec la première. Ainsi, j'ai une carte qui ne me sert qu'à faire des achats et une autre que j'utilise si j'ai besoin d'une avance de fonds lors de situations impromptues.» En effet, si vous n’avez pas fait d’achat sur votre carte de crédit et qu’elle sert exceptionnellement à effectuer des avances de fonds, vous pouvez vous rembourser rapidement et éviter les frais d’intérêt.

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À la suite de la publication de mon billet sur Spotify, un service de distribution de musique en flux continu, Stéphane se demande si un abonné payant au service peut encore accéder à la musique téléchargée sur ses appareils s’il passe à la version gratuite du service avec publicité. En effet, les abonnés peuvent télécharger de la musique sur leur téléphone intelligent, par exemple, pour l’écouter sans se connecter sur Internet. Toutefois, si vous cesser de payer votre abonnement pour passer à la version gratuite du service, vous n’aurez plus accès à la musique que vous aviez téléchargée.

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Un autre lecteur me demande si, à la suite de la hausse des frais de garde au Québec, il sera moins cher d’envoyer ses enfants dans les garderies de l’Ontario. Si tel était le cas, ce lecteur précise qu’il y déménagerait, car sa conjointe et lui ont des emplois «exportables». Je n’ai pas vérifié le coût des garderies chez nos voisins, mais je suis certain qu’ils sont beaucoup plus chers.

Mais vous pouvez y déménager quand même.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.