Motulsky: Parlez-en !

Publié le 10/05/2011 à 06:00, mis à jour le 13/05/2011 à 11:14

Motulsky: Parlez-en !

Publié le 10/05/2011 à 06:00, mis à jour le 13/05/2011 à 11:14

Parlez-en en bien, parlez-en mal, mais parlez-en !

Pratiquement tout ce que nous connaissons de notre univers provient des médias, sauf ce que nous expérimentons directement - le temps qu'il fait par exemple. Mais la politique, les affaires, les faits divers, les arts, les tendances, les modes, les potins, nous apprenons tout par les médias (même si on commence à en apprendre un peu plus par les autres directement avec le web 2.0). Et pourtant, on les méprise souvent, et on leur accorde une importance toute relative. Un peu comme : personne ne regarde les émissions de téléréalité, mais tout le monde les connaît.

Pour être présent dans les médias, il faut un porte-parole, il faut que quelqu'un s'exprime, quelqu'un de suffisamment crédible pour être repris et donc quelqu'un diposant d'une certaine autorité. Et plus il y a de porte-parole, plus il y a de nourriture pour les médias.

La dernière élection fédérale est instructive à ce titre : en termes de communication, un gouvernement minoritaire comme nous en avons connu un jusqu'au 2 mai dernier, veut dire quatre porte-parole officiels, alors que notre système parlementaire est plutôt habitué à deux (le gouvernement et l'opposition). Chaque geste des conservateurs est vertement critiqué par le NPD, le Bloc et les Libéraux. On vit la même chose avec le gouvernement du Québec : les libéraux font face à un tir croisé du Parti québécois, de l'ADQ et de Québec solidaire !

Autrement dit, nous recevions trois fois plus de messages de l'opposition que du gouvernement. Est-ce que cela peut avoir un impact sur la crédibilité et la réputation des politiciens, je vous laisse le soin de décider. Nous allons d'ailleurs bien voir la suite des choses avec une opposition officielle plus forte et deux partis plus marginaux au lieu d'avoir trois partis d'opposition pratiquement nez-à-nez.

Souvent perçue comme une fatalité, notre présence dans les médias est largement déterminée par le nombre de personnes crédibles qui interviennent à notre sujet. Couche-Tard qui semble bien en situation de négociation avec la CSN dans un processus de syndicalisation est interpellé par la centrale syndicale mais semble avoir adopté la stratégie de ne pas répondre et ainsi de limiter le contenu disponible pour occuper l'espace public. On a toujours le choix.

Les milieux d'affaires semblent souvent frileux à l'idée de parler en public, mais le prix à payer est de laisser la place à ceux qui ne nous aiment pas. Dans certains cas, c'est la bonne solution, mais à long terme, on finit par le regretter. C'est malheureusement souvent quand ça va mal, quand on est en crise qu'on attire l'attention des médias. Quand on voudrait faire parler de nous pour des raisons positives, ça n'intéresse plus beaucoup de monde. Et on s'ennuie de l'époque où les projecteurs étaient braqués sur nous lorsque nous nous cachions...

 

Titulaire de la Chaire de relations publiques et communication marketing de l'UQAM et co-auteur du livre « Comment parler aux médias », Bernard Motulsky possède une vaste expérience dans le domaine de la communication et des relations publiques. Il a été successivement rédacteur, journaliste, professeur, consultant et cadre en communication, il agit maintenant comme commentateur, consultant et conférencier. Il nous fait part de ses observations sur le monde des communications et des médias.

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