Warren Buffett a beaucoup solidifié Berkshire en deux ans

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Warren Buffett a beaucoup solidifié Berkshire en deux ans

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Le marché baissier qui a débuté en 2007 a permis à Warren Buffett de transformer sa société Berkshire Hathaway. Résultat : un conglomérat plus diversifié et plus rentable que jamais.

M. Buffett a annoncé la semaine dernière le dépôt d'une offre pour fermer le capital du transporteur ferroviaire Burlington Northern Santa Fe. Il investira 26 milliards de dollars américains (G$ US) pour acheter les 77,4 % des actions qu'il ne possédait pas encore.

Malgré tout ce qu'on peut dire à son propos, M. Buffett reste fidèle à sa philosophie de placement. Il profite du climat de pessimisme pour déployer son capital prudemment.

Depuis plusieurs années, il mentionne qu'il a besoin d'éléphants et non de souris pour maintenir ses rendements. Compte tenu de la taille de Berkshire (soit un actif de 267,4 G$ US au 31 décembre), il doit mettre la main sur des occasions gigantesques pour que cela ait un effet sensible sur ses rendements.

De plus, il privilégie depuis longtemps l'acquisition directe de sociétés plutôt que les placements boursiers. Il préfère ainsi mettre la main sur la majeure partie des fonds générés par les entreprises plutôt que de toucher seulement leurs dividendes.

Une patience récompensée

M. Buffett attendait l'occasion depuis longtemps. À partir de 2001, son encaisse a augmenté parce qu'il ne trouvait pas de bons placements; elle s'établissait à 43 G$ US en 2004. La récession et le marché baissier récompensent sa grande patience.

Parmi ses plus importants placements, mentionnons l'achat en 2007 de 60 % des parts de Marmon Holdings pour 4,5 G$ US, un conglomérat comprenant 125 entreprises qui affiche des revenus annuels de 7 G$ US.

Berkshire s'est aussi lancée dans l'assurance d'obligations municipales après que les principales sociétés de ce secteur eurent connu de graves difficultés financières en 2007.

Au plus fort de la crise, l'automne dernier, pendant que les investisseurs étaient paralysés par la peur, M. Buffett a investi plusieurs milliards de dollars qui lui rapporteront gros.

Par exemple, il a placé 5 G$ US dans Goldman Sachs en achetant des actions privilégiées procurant un rendement de dividende de 10 % et des bons de souscription. Les bons lui permettent d'acheter 43,5 millions d'actions de Goldman Sachs à un prix de 115 $ US d'ici 2013. Le cours de l'action de Goldman Sachs s'établissait récemment à 172 $ US, ce qui signifie un gain d'au moins 2,5 G$ US uniquement avec les bons de souscription en un an.

Par ailleurs, il a placé 4,4 G$ US dans des billets de Wrigley rapportant 11,45 %, 3 G$ US dans des actions privilégiées de General Electric à 10 % et des bons de souscription, 3 G$ US dans des actions privilégiées convertibles de Dow Chemical à 8,5 % et 3 milliards de francs suisses dans un titre convertible de l'assureur Swiss Re à 12 %. Plusieurs de ces sociétés traversaient une période difficile, et il en a profité pour acheter un titre à rendement et ayant un potentiel d'appréciation à long terme. Ces transactions lui ont permis d'utiliser environ 18 G$ US de son encaisse qui ne lui rapportait que 1 %, contre des titres rapportant 10 % et plus.

40 milliards de dollars en deux ans

En ajoutant l'achat des parts du conglomérat Marmon et la fermeture du capital de Burlington Northern, le milliardaire a investi presque 40 G$ US en seulement deux ans, tirant ainsi profit de la crise et du marché baissier.

Il lui restera encore 20 G$ US en encaisse, après avoir financé une partie de l'achat de Burlington Northern par de la dette. Il empruntera 8 G$ US qu'il remboursera en trois ans.

L'achat de Burlington Northern diversifie sa base industrielle, et ses placements lui procureront de généreux rendements pendant de nombreuses années.

Depuis plusieurs années, certains observateurs mettaient en doute la capacité de Warren Buffett d'investir sa montagne d'argent; ils chuchotaient qu'à son âge, il avait peut-être perdu de son acuité intellectuelle. Au contraire, les derniers mois pourraient bien consacrer définitivement M. Buffett comme le plus grand investisseur de tous les temps.

Enfin, il est difficile de ne pas mentionner le spectaculaire revirement du contexte financiers qui s'est produit depuis 10 ans. En 1999, dans un article publié dans Fortune, Warren Buffett a émis des réserves sur les marchés boursiers, trop frénétiques à son goût. Les investisseurs, hypnotisés par l'euphorie du marché haussier, ne l'ont pas écouté.

Dix ans plus tard, il professe sa confiance dans l'économie américaine malgré le scepticisme généralisé. Et il ne fait pas que parler : il investit de nombreux milliards.

Encore une fois, les investisseurs ne semblent pas portés à l'écouter...

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