Warren Buffett, président de Berkshire Hathaway [Photo : Bloomberg]
On vous dira que pour la première fois Warren Buffett a sous-performé le S&P 500; je vous dis qu’il a connu une année exceptionnelle. Et les deux affirmations sont vraies…
Samedi matin, c’était ce moment spécial de l’année où Warren Buffett, président de Berkshire Hathaway, publiait son rapport annuel, incluant ce qui est devenue sa célèbre lettre à ses actionnaires. J’ai écrit souvent sur la pertinence de lire le rapport de M. Buffett et j’y reviendrai. Auparavant, je veux parler de l’exercice 2013 de sa société qui a vraiment été remarquable.
Berkshire, c’est vrai, a moins bien fait que le S&P 500 l’an dernier et aussi pour les cinq années closes le 31 décembre. Ce qui est une première dans le cas de Warren Buffett, depuis qu’il a pris le contrôle de la société il y a maintenant près de 50 ans (il fêtera son 50e dans son prochain rapport).
L’accroissement de la valeur comptable a été de 18,2% en 2013 alors que le S&P 500 s’est apprécié de 32,4%, incluant le dividende. Le 18,2% de Berkshire représente une hausse de valeur nette de 34,2 milliards de dollars (G$)US. Pour vous donner une idée de l’ampleur de cette richesse créée en une seule année, cela est l’équivalent de la valeur boursière de deux Alimentation Couche-Tard ou de cinq Bombardier!
Pour créer cette richesse, les multiples entreprises de Berkshire (elle en compte plus de 80) ont réalisé des bénéfices de 19,5G$US à partir de revenus de 182,5G$US. C’est une croissance de plus de 30% des profits. Les bénéfices ont presque doublé depuis 2011.
Berkshire a généré plus de 27G$US en 2013 par rapport à un peu moins de 21G$US en 2012. Ce qui lui a permis d’investir plus de 37G$US dans ses activités, dans l’acquisition d’entreprises et d’actions en Bourse. Et la société a terminé 2013 avec encore plus de 48G$US en encaisse et un avoir des actionnaires de plus de 221G$US (valeur comptable de 134 973$US par action A ou 89,98$US par action B).
Un des aspects les plus précieux de Berkshire Hathaway est la force de ses activités d’assurance. Au cœur du conglomérat de M. Buffett, les primes souscrites lui procurent du capital qu’il peut investir en attendant d’avoir à payer les réclamations des clients. Ce capital levé par les activités d’assurance atteint maintenant 77,2G$US et en 2013, la souscription d’assurance a généré un bénéfice pour la 11e année consécutive.
C’est comme si Berkshire avait un coût du capital négatif. Cette caractéristique est un des grands avantages compétitifs de la société.
Malgré l’excellente année, pour la première fois en 49 ans, la société de l’investisseur de 83 ans a moins bien fait que le S&P 500 pour la période de cinq ans se terminant en 2013. Cela s’explique par le fait qu’il y a cinq ans, la Bourse était dans un creux cyclique et que Berkshire a tendance à moins bien faire lorsque le S&P 500 fait très bien. Par contre, elle surperforme durant les mauvaises années boursières.
Peu importe ce qui se passe en Bourse, les actionnaires ne peuvent qu’être satisfaits de la performance de Berkshire Hathaway et de ses perspectives à long terme.
Enfin, si vous êtes comme la majorité de mes lecteurs, vous êtes pressé par le temps et n’avez pas vraiment le temps de lire des rapports annuels. Je comprends. Toutefois, si vous voulez mieux comprendre l’économie, les marchés financiers, la gestion d’entreprise, le placement et la répartition du capital, j’ai une recommandation pour vous. Prenez quelques minutes pour lire attentivement la lettre de M. Buffett à ses actionnaires.
La version de 2013 compte 21 pages et couvre de nombreux sujets et thèmes importants pour les investisseurs, les gens d’affaires et les épargnants. Et si Warren Buffett a un grand talent méconnu, outre son génie d’homme d’affaires et d’investisseur, c’est bien son don pour expliquer des idées complexes de façon simple, voire géniale.
Le temps investi dans la lecture de sa lettre sera votre meilleur placement.
Bernard Mooney
