Pourquoi le rendement des obligations à long terme fait peur

Publié le 14/04/2015 à 08:23

Pourquoi le rendement des obligations à long terme fait peur

Publié le 14/04/2015 à 08:23

[Photo: Shutterstock]

Si vous achetez des obligations, prenez une seconde pour examiner leurs rendements historiques.

La très grande majorité du temps, lorsqu’il est question de rendement à long terme des actifs, on passe énormément de temps sur la performance des actions. Très peu d’attention se dirige vers les obligations.

Or, si vous faites l’analyse critique de ces rendements, vous avez un argument de plus pour faire attention à cette catégorie d’actif.

C’est ce qui m’a frappé en consultant les données du Credit Suisse Global Investment Returns Sourcebook, version 2015, qui contient 115 années d’histoire à travers 26 marchés financiers du monde. Ce document est le fruit de l’équipe d’Elroy Dimson, l’auteur du classique Triumph of the Optimists: 101 Years of Global Investment Returns.

Cette recherche contient des statistiques sur les rendements des actions, des obligations et bons du Trésor de plus de 25 pays allant jusqu’à 115 ans. On y apprend par exemple qu’au 31 décembre 2014, le marché boursier canadien représentait 3,3% de la valeur boursière mondiale, contre 52% pour les Etats-Unis et 2,2% pour la Chine.

Évidemment, c’est une source riche de données sur la Bourse, mais c’est l’information sur les obligations sur laquelle je veux insister. Par exemple, la Bourse canadienne a procuré un rendement réel (après l’inflation) annuel de 5,8% depuis le 31 décembre 1899, ce qui est excellent.

Pendant la même période, les obligations canadiennes ont procuré 2,2% par année. Ce qui est un rendement correct, après inflation. Toutefois, il y a une nuance cruciale. Les obligations ont connu des années récentes extraordinaires, hors du commun. Lors des 15 dernières années, (depuis 2000) elles ont offert 6,0% par année, battant les actions (4,2%). Et c’est vrai aussi si vous prenez 1965 comme point de départ, vous obtenez un rendement annuel de 4,0% depuis 50 ans (les actions 4,8%).

Malgré cette performance exceptionnelle récente, le rendement annuel depuis plus de 100 ans reste modeste à 2,2%. Imaginez maintenant si vous prenez comme point de départ 2015 alors que les taux d’intérêt sont déprimés. Pour un retour inévitable à la normale, vous devez prévoir une période de plusieurs années nettement inférieures à la moyenne historique.

Ce n’est pas seulement vrai au Canada, mais un peu partout dans le monde. Credit Suisse a bâti un indice mondial et celui-ci affiche un rendement obligataire de 1,9% par année sur plus de 100 ans; pour l’Europe, ce rendement est de seulement 1,1%. Encore là, la performance récente des obligations rend ces rendements, plus modestes, définitivement hors de portée dans les prochaines années.

En terminant et pour revenir au marché des actions, j’ai été surpris par le faible rendement du marché boursier chinois. De 1993 à 2014 (les années où les données sont disponibles), le rendement annuel réel a été négatif, de 3,2% et de seulement 3,0% depuis 2000.

Bernard Mooney

 

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