Oncle Sam à 55 fois les profits

Publié le 20/12/2011 à 09:06, mis à jour le 21/12/2011 à 13:32

Oncle Sam à 55 fois les profits

Publié le 20/12/2011 à 09:06, mis à jour le 21/12/2011 à 13:32

Blogue. J’ai des titres à vendre. Ils vous donnent un revenu annuel qui, après inflation, est négatif. De plus, ils se vendent à un prix représentant l’équivalent de 50 fois les profits!

Enfin, imaginez donc qu’en achetant ces titres, vous confiez votre argent au gouvernement américain.

Présentez comme cela, je ne crois pas que j’aurais bien des acheteurs. Eh bien, je parle des titres les plus populaires sur la planète actuellement, les obligations gouvernementales des États-Unis avec échéance dans 10 ans.

On peut évaluer grossièrement une obligation en prenant l’inverse de son rendement. Ainsi, une obligation offrant un rendement de 10% se vend l’équivalent de 10 fois les profits (1/10) et une obligation de 5% à 20 fois les profits (1/20).

Or, ce matin, l’obligation américaine de 10 ans est offerte avec un rendement de 1,86%, ce qui donne l’équivalent de 55 fois les profits! J’appelle cela le Nasdaq obligataire en souvenir de la bulle du Nasdaq dont l’indice a atteint le sommet de 5000 en mars 2000 (le Nasdaq est à 2500, hum, plus de 10 ans plus tard).

Lorsqu’on regarde cela froidement, en tenant compte de l’inflation et des impôts, c’est encore plus difficile à comprendre. Lors des 12 derniers mois clos à la fin novembre, l’indice des prix à la consommation aux États-Unis s’est accru de 3,4%. Donc, juste en tenant compte du pouvoir d’achat, l’obligation à 1,8% est un titre perdant. Imaginez si on ajoute les impôts!

Il y a un autre facteur aussi qu’il faut mentionner. Lorsqu’on dit que l’obligation se transige à 50 fois les profits, il y a une différence critique avec une action. Dans le cas d’une obligation, le coupon est fixe pendant toute sa durée, ce qui n’est pas le cas pour une action.

Ainsi, si vous payez 50 fois les profits pour une société en forte croissance, il est possible, si sa croissance est assez élevée, que cela devienne un placement rentable avec le temps. Du moins, la croissance fera en sorte que votre «coupon», ses profits, augmentera année après année, compensant pour le prix fort payé.

Dans le cas de l’obligation américaine de 10 ans, l’acheteur ce matin sera pogné avec son coupon de 1,86%, pour le reste de l’échéance. Ouf.

Je sais très bien que des bien des investisseurs justifient l’achat de titres obligataires en disant que c’est un endroit pour stationner du cash en attendant. Ouais, mais ça fait trois ans qu’on entend cela. Cela ressemble plus à une résidence permanente qu’à un stationnement!

Il y a peu de façon de justifier rationnellement l’évaluation des obligations qui reflète l’irrationalité des investisseurs et leurs craintes. Un jour, ces titres retrouveront une évaluation juste. Ce n’est pas une question de «si», mais de «quand».

Bernard Mooney

 

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