
Le ministre des Finances du Canada Jim Flaherty [Photo : Bloomberg]
BLOGUE. Dans une entrevue accordée au quotidien torontois The Globe and Mail, le ministre des Finances du Canada Jim Flaherty a divulgué qu’il souhaitait que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) soit privatisée d’ici cinq à dix ans.
Ce qui m’a immédiatement poussé à me demander qui voudrait acheter cette institution.
M. Flaherty a expliqué qu’après avoir pris des mesures au cours des quatre dernières années visant à réduire l’exposition des contribuables, il ne pense pas qu’il y ait d’autres choses que le gouvernement puisse faire.
Avec un marché immobilier canadien gonflé à bloc, les dangers d’un marché baissier (plusieurs parlent d’un krach), il me semble que personne ne voudra toucher, de près ou de loin, à la SCHL.
Au début de 2011, l'Institut CD Howe avait chiffré à 500 milliards de dollars l'exposition des contribuables au marché hypothécaire canadien, entre autres par l’intermédiaire de la SCHL. L'institut torontois estimait que l'équivalent de 30 % du PIB pourrait être à risque advenant un choc immobilier.
C’est contre ce choc éventuel que le ministre Flaherty veut nous protéger. Ce qui est une noble intention.
Par contre, vendre la SCHL n’est pas vraiment une solution. Ainsi, advenant l’écroulement du marché immobilier, il est certain que le gouvernement fédéral interviendrait massivement pour amoindrir le choc sur notre économie (comme il l’a fait lors de la crise de 2008-09). Que la SCHL soit la propriété d’intérêts privés n’y changerait rien. La facture serait payée, au moins en partie, par les contribuables canadiens.
Évidemment, en plaçant loin dans le futur une telle vente (dans cinq à dix ans, aux dires de Jim Flaherty), on se donne beaucoup de temps. D’ici là, l’importance du problème peut s’amenuiser progressivement, ce qui est le scénario le plus optimiste actuellement.
Par contre, si l’intention du gouvernement fédéral est de prévenir pour ne pas qu’un tel gonflement irrationnel se reproduise dans un futur cycle, alors là, c’est plein de sagesse.
Toutefois, dans le contexte actuel, il n’y a pas grand-chose que le gouvernement puisse faire pour faire disparaître ce problème, ni sa facture éventuelle.
Que la SCHL soit privée ou une société d’état, nous paierons tous pour les excès immobiliers.
Bernard Mooney