Mooney: Notre plus grande pauvreté

Publié le 28/01/2013 à 09:53, mis à jour le 28/01/2013 à 11:50

Mooney: Notre plus grande pauvreté

Publié le 28/01/2013 à 09:53, mis à jour le 28/01/2013 à 11:50

BLOGUE. «There was a hunger.» «Il y avait une faim.»

C’est en ces termes que le biographe d’Amancio Ortega explique, du moins en partie le succès phénoménal du fondateur de la multinationale expagnole Inditex. M. Ortega, qui a fondé sa société en 1975, mieux connue par sa plus importante enseigne, Zara, vaut plus de 56 milliards de dollars (G$) US.

En lisant un fascinant reportage sur la vie de cet entrepreneur dans le plus récent magazine Fortune, je n’ai pu m’empêcher de faire un lien avec les résultats d’un sondage Léger publiés il y a deux ou trois semaines.

En effet, la firme québécoise a sondé des Québécois concernant l’argent. Les résultats sont confondants, c’est le moins qu’on puisse dire.

Que la majorité des Québécois (67%) croient que l’argent ne fait pas le bonheur, ne me surprend guère. C’est devenu un cliché. Toutefois, une telle réponse peut être le résultat de la sagesse ou tout simplement un réflexe consolateur. Si je n’ai pas d’argent, mais veux tout de même être heureux, je ferai bien des efforts pour me faire croire que l’argent ne fait pas le bonheur!

Sur ce point, il y a une différence significative entre les anglophones et les francophones, 55% des premiers répondant que l’argent fait le bonheur. Serait-ce que les Anglophones sont moins hypocrites ou tout simplement parce qu’ils sont plus nombreux à être riches?

L’aspect le plus désolant de notre culture se retrouve dans la perception qu’on a des gens riches. Seulement 43% des Québécois estiment que les gens riches sont généralement honnêtes! Selon le sondage, 50% de la population n’admirent pas les gens riches.

Tout simplement incroyable.

Un mince 1% des Québécois se dit riche tandis que 31% sont pauvres ou ont des difficultés financières (une personne sur trois!).

Seulement 42% des Québécois veulent devenir beaucoup plus riches tandis que 58% veulent le contraire. Imaginez-vous : une personne sur deux au Québec NE VEUT PAS s’enrichir! N’est-ce pas beau, toute une nation qui a fait le vœu de pauvreté! Non, c’est profondément dégoûtant.

C’est précisément ce point qui m’a frappé en relation avec le grand succès de M. Ortega. En effet, une grande partie de ses réalisations s’expliquent par son ambition, ce carburant fondamental pour se sortir de la grande pauvreté.

Or, si vous perdez ce carburant, vous êtes dans le pétrin. C’est vrai pour une personne et pour toute une société.

Si notre perception tellement négative de l’argent, celui-ci étant surtout vu comme une source de problèmes et aussi, une source de comportements immoraux, nous a fait perdre l’ambition, nous sommes vraiment pauvres.

Pourtant, l’argent, vu de façon rationnelle, est neutre. La richesse est un résultat et non une cause. C’est le résultat de la productivité, du travail, de l’intelligence, de la créativité, du génie. C’est aussi le résultat d’une vie à produire plus qu’on consomme, ce qui devrait être salué par tous les esprits obsédés par la rectitude politique.

La plupart de nos institutions ont contribué à salir systématiquement la réputation des gens riches et par conséquent, l’argent. En commençant par les médias, des actualités aux téléromans, pour la simple raison que cela fait vendre, en allant jusqu’aux politiciens parce que cela facilite et justifie le pillage des gens riches.

Une des lois de l’univers stipule que vous aurez davantage de ce que vous encouragez, ce qui signifie qu’au Québec, notre culture et nos valeurs encouragent la pauvreté.

C’est vraiment inquiétant à long terme.

Bernard Mooney

 

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