Mooney: Le problème avec Prem Watsa

Publié le 24/09/2013 à 09:32, mis à jour le 24/09/2013 à 10:47

Mooney: Le problème avec Prem Watsa

Publié le 24/09/2013 à 09:32, mis à jour le 24/09/2013 à 10:47

Prem Watsa, président de Fairfax Financial Holdings [Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Je dois avouer que je ressens des frissons négatifs lorsqu’on lance que Prem Watsa, président de Fairfax Financial Holdings, est le «Warren Buffett du Canada». Peut-être parce que j’ai été le premier à l’écrire à la fin des années 1980!

En fait, j’ai longtemps admiré M. Watsa, mais cette admiration s’effrite.

M. Watsa a fait les manchettes hier en annonçant son offre pour privatiser BlackBerry. La nouvelle n’est pas une surprise, l’investisseur ayant manifesté son intention plus tôt et ayant démissionné du conseil de BlackBerry pour bâtir un consortium. Ce dernier n’est pas encore définitivement formé.

Il a commencé à acheter des actions de BlackBerry au troisième trimestre de 2010 (2 millions d’actions) en payant aux alentours de 50$ chacune (il offre 9$ pour privatiser). Il a terminé d’acheter au troisième trimestre de 2012 accumulant 10% des actions de la société à un coût moyen de 17$US.

Il est tentant de dire qu’il s’agit d’un investisseur incapable de reconnaître son erreur.

Ouais. C’est plutôt un excellent chasseur d’aubaines qui se croit maintenant capable de réaliser des revirements d’entreprises.

Les succès de Prem Watsa lui ont monté à la tête. Tenter de revirer une société comme BlackBerry tient du miracle. Tout revirement est difficile; c’est encore plus vrai pour une entreprise dans le secteur de la technologie. Et encore plus vrai lorsqu’on affronte des géants comme Apple, Samsung, Google, etc.

Et encore plus lorsqu’on sait que la société a été incapable de le faire même en ayant à sa tête des dirigeants de grand talent comme Mike Lazaridis.

Simplement, je me demande pour qui se prend M. Watsa pour se croire capable de réussir là où des génies de la techno ont échoué.

Et là je vais faire un lien que personne n’a fait. Prem Watsa est négatif sur le marché boursier depuis trois ans maintenant, ayant vendu à découvert l’équivalent de son portefeuille d’actions. Ce qui lui a coûté environ un milliard en 2012.

Dans son rapport annuel, M. Watsa a expliqué qu’il demeurait optimiste quant aux perspectives boursières à long terme (10 ans et plus), mais que sur trois ans, la Bourse était très risquée.

Deux observations : ça fait maintenant trois ans, et de toute évidence, il s’est trompé. Va-t-il le reconnaître et passer à autre chose? Ou, trouver de nouvelles justifications pour s’enraciner dans sa position (très intelligent, il n’aura pas de problèmes à en trouver)?

Une grande partie de son scénario boursier négatif reposait sur les risques que l’économie américaine subisse les affres d’une profonde déflation.

Pour être conséquent, dites-moi, dans un contexte de douloureuse déflation, quelles sont les chances d’une société comme BlackBerry évoluant elle-même dans un environnement fondamentalement déflationniste?

Je crois que l’attitude et les décisions de Prem Watsa s’expliquent par un seul mot : l’arrogance. Il est si difficile de dire «Je me suis trompé.»

Bernard Mooney

 

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