Mooney: Le départ de Péladeau et le travail du PDG

Publié le 14/03/2013 à 11:41, mis à jour le 14/03/2013 à 13:17

Mooney: Le départ de Péladeau et le travail du PDG

Publié le 14/03/2013 à 11:41, mis à jour le 14/03/2013 à 13:17

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Grosse nouvelle du côté du géant québécois des communications Québecor alors que Robert Dépatie, actuellement président et chef de la direction de Vidéotron depuis 2003, occupera le poste de président et chef de la direction de Québecor inc. et Québecor Média inc. en remplacement de Pierre-Karl Péladeau, qui dans ses nouvelles fonctions, continuera à assumer les responsabilités des dossiers stratégiques de l’entreprise.

Cela signifie que M. Péladeau, à 52 ans, quitte la présidence de la société fondée par son père, après 14 ans comme président et chef de la direction.

Il ne prend pas sa retraite, car il sera vice-président du conseil de Quebecor Inc. et président du conseil de Québecor Média et également du Groupe TVA.

Cette annonce m’a fait réfléchir sur le travail de PDG dans notre monde, en commençant par l’âge. Dans le monde des affaires comme dans bien d’autres domaines de notre société, la tendance est à ce que j’appelle le «jeunisme», pour reprendre une expression chère au journaliste et auteur français Louis Pauwels.

En effet, les dirigeants d’entreprises comme ceux des gouvernements et des États ont tendance à être jeunes, de plus en plus jeunes. Ce qui a des bons et mauvais côtés. Par exemple, Pierre-Karl Péladeau quitte le poste de PDG alors qu’à 52 ans, dans mon livre à moi, il n’est pas encore assez mature et sage pour y être nommé !

Dans ce sens, le monde des affaires aurait avantage à imiter l’Église catholique qui vient de nommer son patron, âgé de 76 ans. À cet âge, il est à son apogée en sagesse, pouvant faire profiter son organisation de toute son expérience, en minimisant les distractions et les effets destructeurs liés au pouvoir.

Certes, plusieurs lecteurs, surpris par cette vision, rétorqueront qu’un poste de PDG est exigeant, voire épuisant et que seule l’énergie de la jeunesse permet d’y répondre. Ouais, c’est vrai, mais peu convaincant. Cela dépend en fait de la vision qu’on a du travail de PDG.

Selon la vision classique, le PDG travaille 20 heures par jour, participant à chaque décision de l’entreprise. Il voyage constamment ; il est toujours en réunion ; il n’a pas une seconde pour sa vie personnelle.

C’est peut-être fondé dans le cas d’un entrepreneur qui lance sa société et qui porte tous les chapeaux liés à la gestion et l’administration. Mais pas vraiment pour celui d’un PDG d’une société ouverte établie.

Cette vision personnelle a été renforcée par la lecture récente d’un livre fascinant sur les points communs de dirigeants exceptionnels (j’en ferai le sujet d’une future chronique dans le journal Les affaires). Sans exception, ces PDG extraordinaires avaient des organisations ultra décentralisées et se concentraient presque exclusivement sur la gestion du capital.

Or, cette responsabilité, critique tout en étant galvaudée, nécessite un mélange de rationalité, d’indépendance d’esprit, de sagesse et de réflexion. Souvent des éléments qui sont hostiles à un environnement basé sur la fébrilité et l’hyperactivité.

En fait, le travail d’un PDG tourne surtout des deux grandes décisions de l’entreprise. Il doit s’assurer qu’il a les meilleures personnes possibles dans les postes clés, ce qui le libère pour l’autre responsabilité cruciale. Cette dernière est de s’assurer que l’argent généré par les activités est réinvesti pour maximiser la création de richesse à très long terme.

Voilà le travail davantage d’un inconoclaste âgé que d’un jeune hamster corporatif.

Bernard Mooney

 

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