Mooney: La tyrannie de la valeur boursière

Publié le 12/11/2013 à 09:22, mis à jour le 12/11/2013 à 09:23

Mooney: La tyrannie de la valeur boursière

Publié le 12/11/2013 à 09:22, mis à jour le 12/11/2013 à 09:23

BLOGUE. La taille est une limite fondamentale comme la gravité pour les rendements d’un portefeuille. Ainsi, plus un gestionnaire a un capital important à investir, plus il lui sera difficile de faire mieux que la Bourse dans son ensemble.

Par exemple, dans un fonds commun d’actions canadiennes, lorsque vous avez un actif d’un milliard de dollars et plus, vous êtes condamnés à la sous-performance.

Mais il ne faut pas oublier que la grosseur est également une limite pour les entreprises. Et cela provoque indirectement un phénomène que j’appelle la «tyrannie de la valeur boursière».

Ce phénomène commence lorsque vous voyez une société extraordinaire comme je les aime: elle croît de 15% à 20% par année, à la fois ses ventes et ses bénéfices, elle est très rentable et elle possède une direction de première classe.

Le hic: elle est peu connue et a une valeur boursière de seulement 50M$. Si vous êtes un petit investisseur, vous pouvez facilement acheter vos 500 actions. En revanche, si vous gérez un portefeuille de plus de 500M$, oubliez cela. Prendre une participation de 5% dans l'entreprise équivaudrait à en acheter la moitié!

Même si vous voulez acheter seulement 2% de l'entreprise, il s’agit de 10M$, soit tout de même 20% de la société, qui est probablement à un stade de sa vie détenue encore majoritairement par son fondateur.

Par contre, dans quelques années, lorsque la société aura plus que décuplé de taille, sur le plan des revenus et bénéfices et davantage au chapitre de sa valeur boursière (parce que son succès provoquera une hausse naturelle de son évaluation), là vous pourrez.

Ce qui ouvre la porte à cette fameuse tyrannie de la valeur boursière, qui fait damner plus d’un gestionnaire: plus un titre a du potentiel, moins vous pouvez l’acheter. Plus il est gros, plus vous serez poussé à acheter, même si les chances sont plus grandes que la société soit près de la maturité, voire à la fin de sa croissance.

Gardez en tête qu'elles sont très rares ces sociétés qui poursuivent sur le sentier de la croissance élevée pendant plus de 10 ans.

En outre, il faut se rappeler que vous paierez plus cher pour chaque dollar de bénéfice. Ce qui revient exactement à payer plus cher pour moins de potentiel!

Évidemment, ce phénomène est vrai un peu partout, mais est particulièrement présent au Canada et dans d’autres petits marchés. Aux États-Unis, c’est moins vrai en raison de la profondeur exceptionnelle de ce marché et de sa taille.

Si vous vous dites en lisant cela que vous avez un avantage en tant qu’investisseur individuel, vous avez bien raison. Exploitez-le au maximum!

Bernard Mooney

 

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