Mooney: Il y a banque et banque

Publié le 25/03/2011 à 09:49

Mooney: Il y a banque et banque

Publié le 25/03/2011 à 09:49

Blogue. C’est une grave erreur de mettre toutes les banques dans le même paquet. Une erreur que la plupart des gens font, mais aussi les principaux organismes de réglementation. Avec des conséquences dramatiques.

C’est ce qu’explique brillamment Robert Wilmers, PDG de M&T Bank, une banque régionale active dans le nord-est des États-Unis. D’abord, il s’inquiète d’une concentration toujours grandissante dans l’industrie financière, avec des profits provenant davantage du trading que du prêt.

De plus, il décrie un système de rémunération démesuré qui attire le talent, non seulement hors de l’industrie bancaire traditionnelle, mais aussi aux dépens d’autres professions cruciales à l’économie.

Enfin, il mentionne le régime de réglementations gouvernemental qui permet à ce casino virtuel de se poursuivre, sans faire la distinction entre les banques de Wall Street et les banques traditionnelles.

Les chiffres sont éloquents. En 2009, les six plus importantes banques ont eu des revenus de 59,7 milliards de dollars (G$) US provenant du trading. Cela se compare à des profits avant impôts de 51,4G$US. Ces six institutions ont réalisé 92% des revenus de trading réalisés par toutes les banques en 2009!

Côté rémunération, dans les banques de Wall Street, elle atteint en 2009 au moins six fois la rémunération moyenne américaine. Or, si vous regardez du côté des traditionnelles comme M&T Bank, c’est une autre histoire. En 2009, elle est de 1,2 fois la rémunération américaine moyenne, niveau pratiquement inchangé depuis 1980.

M. Wilmers explique ensuite que trop souvent les transactions de Wall Street ont comme fonction la redistribution de richesse vers ceux qui ont un avantage transactionnel (meilleurs logiciels, plus de capital, etc.). Qu’une telle activité soit au centre des activités de banques qui ont la protection du gouvernement représente un schisme profond par rapport au modèle bancaire traditionnel, soutient le président.

Il décrie ensuite le fait que ces deux types de banques (les grandes banques basées sur le trading et les banques traditionnelles qui font leur argent en faisant des prêts) soient soumis à la même réglementation.

Ce que Bob Wilmers condamne, ce n’est pas que de grandes institutions fassent beaucoup de profits en transigeant. Non. Ce qu’il condamne, c’est le fait que ces institutions soient vues, traitées et réglementées comme sa banque qui elle fait le plus gros de ses profits en prêtant aux consommateurs et aux entrepreneurs.

Message vraiment important de ce président.

Bernard Mooney

 

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