Les riches ont bien mérité l'attaque planétaire contre eux


Édition du 05 Avril 2014

Les riches ont bien mérité l'attaque planétaire contre eux


Édition du 05 Avril 2014

Le 24 janvier, un court commentaire de Tom Perkins, publié dans le Wall Street Journal, a provoqué une petite tornade dans le monde des affaires américain. M. Perkins, cofondateur de la célèbre firme de capital de risque Kleiner Perkins Caufield & Byers, a comparé la guerre contre les plus riches à la persécution des Juifs lors de la Deuxième Guerre mondiale.

L'analogie est fort maladroite, on en convient. Toutefois, la réaction immédiate a été très éloquente. Elle illustre l'allégation selon laquelle les gens ultra riches, ce fameux 1 %, méritent au moins en partie l'attaque planétaire contre eux.

Quelques instants après la publication de son message, M. Perkins a été renié et bafoué publiquement, pas par des gauchistes scandalisés, mais plutôt par ses amis milliardaires, ses partenaires et sa propre firme.

M. Perkins observe et dénonce une vague montante de haine à l'égard de ce 1 % qui a le plus de succès et d'argent. «Dans mon quotidien local, le San Francisco Chronicle, je perçois la diabolisation systématique des riches dans chaque mot qui est publié», a-t-il soutenu.

Par exemple, il mentionne les attaques cruelles et diffamatoires dans le Chronicle contre la célébrité numéro un de la ville, l'auteure Danielle Steele, «prétendant qu'elle est une "snob" malgré les millions de dollars qu'elle a donnés aux sans-abri de notre ville et aux personnes ayant des problèmes de santé mentale». Mme Steele a été mariée avec M. Perkins.

Il s'est bien sûr rapidement excusé de son analogie, écrivant qu'on ne devrait rien comparer à l'holocauste. Toutefois, fort courageusement, il a maintenu l'essence de son message.

La réaction de ses pairs illustre la grande hypocrisie et le manque de courage qui règnent dans ce milieu. M. Perkins n'a fait que rendre public ce que la plupart de ses pairs pensent et discutent entre eux, en privé.

En s'empressant de prendre leur distance, les collègues et les amis de Tom Perkins ne font que donner des munitions à toutes les personnes qui se font une passion de salir et de ternir la contribution des riches à notre société.

Le règne de la rectitude politique est encore plus fort et plus profondément enraciné chez les gens d'affaires et les entrepreneurs prospères. C'est vrai aux États-Unis, au Canada et ici au Québec. Je peux vous confirmer que bien des personnes prospères québécoises partagent la pensée de M. Perkins. Mais aucune ne voudrait être citée à ce propos !

Outre la rectitude, plusieurs entrepreneurs fortunés expliqueront leur silence par des raisons pragmatiques, la principale étant que «c'est mauvais pour les affaires».

Il y a aussi la culpabilité qui joue fortement. Plusieurs ultra riches tombent dans le panneau de croire qu'il y a quelque chose d'incorrect dans une réussite d'exception. La plus belle illustration de cette force en jeu se retrouve dans les motivations derrière les initiatives philanthropiques. Plusieurs personnes ultra riches expliqueront leurs dons en disant qu'elles veulent redonner à la société.

Pourtant, la différence entre donner et redonner est fort significative. Je vous redonne une tondeuse que je vous ai empruntée. Toutefois, si je veux vous faire un cadeau, je vous la donne.

Ces philanthropes «redonneurs» cherchent donc, probablement inconsciemment, à redonner parce qu'ils ressentent un malaise, la pression sociale faisant en sorte qu'ils croient qu'ils ont un peu volé leur richesse.

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