Les deux faces de Google

Publié le 16/04/2012 à 09:54, mis à jour le 16/04/2012 à 11:10

Les deux faces de Google

Publié le 16/04/2012 à 09:54, mis à jour le 16/04/2012 à 11:10

BLOGUE. Google, malgré de bons résultats financiers vendredi, trouve le moyen d’irriter ses actionnaires.

À son premier trimestre clos le 31 mars, ses revenus ont été en hausse de 24% à 10,6 milliards de dollars (G$) US et des bénéfices en hausse de 60%. Si on exclut une perte extraordinaire qui a affecté les résultats du premier trimestre de 2011, les profits avant impôts ont crû de 22%.

Google a généré 3 G$ US pendant le trimestre, après toutes ses dépenses en capital, soit environ 9 $ US par action, ce qui est excellent.

Le seul point d’inquiétude quant à sa performance économique concerne ses revenus par clic, qui sont en baisse de 12% par rapport au trimestre correspondant de 2011 et de 6% par rapport au quatrième trimestre de 2011. Lors de son appel conférence, la direction a expliqué que de nombreux facteurs complexes affectaient la rentabilité de ses clics, incluant la part grandissante et émergente des recherches provenant des téléphones intelligents.

Il s’agit d’un nouveau marché qui explose et que Google a intelligemment percé en offrant gratuitement son système d’exploitation Android. À mon avis, avec une telle croissance, la baisse des marges n’a rien de catastrophique.

Par contre, la direction de Google a surpris en annonçant la création d’une troisième catégorie d’actions sans droit de vote qui se fera par le biais d’un fractionnement d’actions. Les détenteurs actuels d’actions de Google recevront une nouvelle action sans droit de vote pour chacune de leurs actions, doublant leur nombre.

Au lieu de verser un premier dividende, ce que plusieurs investisseurs avaient anticipé, le conseil d’administration a innové en créant un mécanisme permettant la dilution illimitée des actionnaires sans affecter les actionnaires de contrôle. Wow!

Dans leur lettre expliquant leur décision, ces actionnaires de contrôle expliquent que la dilution provenant entre autres des programmes de stock-options nuira éventuellement à structure actuelle (avec deux catégories d’actions, celles en Bourse à un vote et les leurs à plusieurs votes). «Ce qui nuira à nos ambitions pour Google à long terme.»

«Ces actions sans droit de vote seront disponibles pour différentes utilisations corporatives, comme les stock-options, qui autrement auraient pu diluer notre structure de régie d’entreprise.» Je me suis étouffé en lisant cela, car concrètement cela signifie: «On n'a aucun problème à diluer la propriété économique de nos actionnaires, mais lorsque cela pourrait diluer notre contrôle, c'est une autre histoire…»

Ils veulent pouvoir vendre de leurs actions sans impact sur leur contrôle....manger leur gâteau tout en le conservant!

En passant, c’est loin d’être juste une question de principe. À son premier trimestre, Google a dépensé 556 M$ US pour ses programmes de rémunération incitative, soit par l’émission de stock-options, en hausse de 28 % dans le trimestre. Cela se compare à des bénéfices avant impôts de 3,5 G$ US. Pour l’exercice, elle prévoit dépenser environ 2 G$ US pour ses 33 000 employés. C’est plus de 60 000 $ US par employé, sans compter leur salaire.

Il est assez évident qu’émettre autant d’actions année après année, crée de la dilution. Au lieu de se discipliner, la direction de Google a choisi la voie de la facilité.

Google est donc ce placement à deux faces, soit une entreprise de grande qualité avec de belles perspectives, mais qui traite ses actionnaires minoritaires de façon douteuse.

Bernard Mooney

P.S. Pour ceux que ça intéresse, voici le lien d'un article parlant de mon tout nouveau livre:

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/affaires/parlons-dargent/201204/13/01-4515265-demons-droit-devant.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B9_affaires_3004_section_POS4

 

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