Les analystes et battre le marché

Publié le 10/02/2015 à 07:57

Les analystes et battre le marché

Publié le 10/02/2015 à 07:57

Photo: Shutterstock

On parle souvent, avec une pointe d’ironie, de l’incapacité des gestionnaires de portefeuilles de battre le marché boursier. Il n’y a pas qu’eux. Il y a aussi les analystes financiers qui n’y arrivent pas, même avec leurs meilleures recommandations.

Le magazine financier américain Barron’s et la firme de recherche Zacks mènent une enquête deux fois par année pour mesurer la performance des meilleures sélections des sociétés financière, soit ces listes appelées «Focus list». La plupart des firmes de courtage en valeurs mobilières ont ce genre de liste qui présente leurs meilleures idées de placement. Souvent, cette liste comprend une dizaine de titres alors que d’autres vont jusqu’à 40.

En principe, on devrait y retrouver les idées exceptionnelles capables d’enrichir les clients de ces firmes, ou du moins de faire mieux que la performance des principaux indices. Or, c’est loin d’être le cas.

Par exemple, en 2014, selon Barron’s/Zacks, les sélections d’un échantillon de sept firmes (un mélange de géants et de boutiques de placement) ont procuré un rendement de 7,2% en moyenne. C’est très loin de la performance du S&P 500 qui s’est apprécié de 13,7%.

Comme les enquêteurs ont estimé le rendement sur la base d’un portefeuille fictif dans lequel chaque titre avait le même poids, il convient de faire de même avec le S&P 500. Cet indice a fait un rendement de 14,5% si on donne à chaque titre la même importance (ce rendement plus élevé nous informe que l’an dernier, dans l’ensemble, les titres plus gros ont un peu moins bien fait que les plus petits).

Ce qui empire la comparaison quant à la performance des analystes. En fait, la majorité des firmes ont moins bien fait que le marché.

Le plus surprenant à mon avis, c’est que deux firmes, Wedbush Securities et Stifel Financial, ont affiché des rendements négatifs. Faut le faire quand on pense que le S&P 500 s’est apprécié de plus de 10%!

La meilleure performance revient à Morgan Stanley Wealth Management avec une appréciation moyenne de 16,8% suivie de celle des choix de Credit Suisse avec 15% et de Bank of America Merrill Lynch avec 12,4%.

Les enquêteurs mentionnent qu'il y a longtemps que les grandes firmes n’ont pas fait mieux que les plus petites.

Selon Barron’s, cette sous-performance est chronique et non l’affaire d’une seule année. Ce qui ne me surprend guère. D’une part, il y a là évidence additionnelle démontrant jusqu’à quel point il est difficile de faire mieux que le marché.

D’autre part, même en comptant sur leurs meilleures idées, les analystes financiers ne vous mèneront pas vers la richesse parce qu’ils ne basent pas leurs choix uniquement sur la qualité fondamentale.

Une bonne partie de la décision repose en effet sur la popularité. Ce n’est pas nouveau. Par exemple, pendant la bulle techno, BancBoston Robertson Stephens avait placé le titre eToys sur sa liste des titres «must-own», soit ces titres que vous devez absolument posséder. Ouf, eToys avait une valeur boursière de plus de sept milliards de dollars (G$) US à l’époque. Un peu plus d’une année plus tard, la société faisait faillite….«must-own» mon œil!

Deux conclusions pour l’investisseur : prenez le marché très au sérieux car c’est un adversaire coriace. De plus, faites toujours bien vos devoirs, peu importe le titre visé ou la provenance des idées de placement.

Personne, non personne, ne doit être suivi aveuglément et surtout pas les analystes financiers.

Bernard Mooney

 

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