Le triomphe du magasinage sur la politique


Édition du 04 Avril 2015

Le triomphe du magasinage sur la politique


Édition du 04 Avril 2015

Il y a quelques jours, j'ai eu une conversation frappante avec un collègue de badminton. On attendait notre tour et il s'est mis à me dire jusqu'à quel point il était inquiet face à l'avenir.

«Il semble qu'on n'a jamais été aussi mal dirigé, m'a-t-il lancé. Depuis 30 ans, c'est un fiasco, peu importe ce qu'on regarde, les infrastructures, la santé, l'éducation et les finances publiques, sans mentionner la corruption. Et rien ne laisse présager un changement pour l'avenir...»

Nous sommes retournés au badminton, mais cette discussion m'a marqué. Le lendemain, je me suis dit que bien des gens devaient penser cela, y compris des épargnants-investisseurs. Et ces derniers devaient souvent se poser des questions sur les conséquences d'une telle situation sur leurs placements.

Comment est-ce possible de faire de l'argent en Bourse à long terme si notre monde se dirige tout droit vers le désastre ?

La force du commerce

La réponse est à la fois simple et fort complexe. Commençons par le côté simple : ce qui arrive au monde politique est beaucoup moins important qu'on ne le pense, beaucoup moins en tous les cas que ce qui se passe dans le monde du commerce. Magasiner est plus important, plus puissant que la politique !

La quantité de cafés vendus dans les Tim Hortons est plus importante que les chicanes sur la supposée austérité du gouvernement provincial. La quantité de bières vendues à votre dépanneur du coin est plus importante que la course à la chefferie du Parti québécois. Et le nombre de personnes qui iront magasiner chez Wal-Mart est plus important que la manifestation contre les politiques gouvernementales.

Ça semble simpliste, mais prenez un peu de recul et vous comprendrez. Une grande partie de notre système économique fonctionne malgré nos politiciens.

Cela est vrai pourvu que nous conservions une certaine liberté économique, car c'est sur elle que reposent les fondements de notre société. Cette liberté s'exprime quotidiennement dans nos besoins. Chaque semaine, nous avons besoin de biens et de services pour nous alimenter, nous divertir, etc.

Concrètement, cela signifie que, peu importe ce qu'il advient de nos grands problèmes sociaux, nous aurons besoin de faire notre épicerie. Nous aurons besoin d'investir notre argent et d'en emprunter pour acheter une automobile, et les institutions financières en profiteront. Nous aurons besoin de logement, d'assurance, de divertissement, de transport, etc.

Et c'est là que vous retrouvez dans toute sa subtilité et toute sa puissance notre organisation économique, cet ordre presque spontané créé par l'échange volontaire de biens et de services qui repose sur la spécialisation. Subtil, parce que peu de gens en ont conscience et que tous le tiennent pour acquis.

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.