Le meilleur conseil que j'ai jamais eu

Publié le 19/03/2014 à 15:48

Le meilleur conseil que j'ai jamais eu

Publié le 19/03/2014 à 15:48

Je me rappelle le contexte comme si c’était hier. C’était le 19 octobre 1987. Le jour du krach. Au journal, c’était la trépidation. Il fallait couvrir l’événement historique du mieux qu’on pouvait.

J’ai réussi à avoir Stephen Jarislowsky au bout du fil, parmi les dizaines d’appels placés pour avoir des commentaires d’experts et sommités. M. Jarislowsky était loin de paniquer. L’écroulement boursier, dans sa vision, était prévisible et même souhaitable.

«À moins d’avoir plus d’un million de dollars, vous n’avez pas d’affaires à la Bourse», m’a-t-il déclaré. J’étais sous le choc car j’étais passionné et j’étais loin, oui très loin, d’avoir ce pré-requis (encore plus loin après avoir vu mon portefeuille perdre 30% de sa valeur en une journée).

J’ai toutefois insisté auprès du grand investisseur, voulant profiter au maximum de son expérience. Or, au cours de notre conversation, il m’a lancé ce qui a été le meilleur conseil que j’ai jamais reçu.

«Si j’ai un conseil à donner à n’importe quel investisseur, c’est de ne jamais vendre un bon actif» («Never sell a good asset», m’a-t-il dit exactement en anglais).

À l’époque, j’étais un investisseur qui était bien fier de vendre un titre, empochant un profit de 20-25%. Et j’ai perçu, intuitivement, qu’il me donnait là une clé importante du placement intelligent, assez pour donner beaucoup d’emphase à sa citation dans mon texte.

Toutefois, il m’a fallu quelques années pour saisir toute la puissance de ce qu’il m’avait dit.

Le krach a été une superbe gifle pour moi, me faisant réaliser que je ne savais pas vraiment ce que je faisait lorsque j’investissais (ce qui m’empêchait pas d’écrire sur le sujet à chaque semaine…oui je sais, c’est triste, mais toute la vérité).

Malgré ma naiveté (on pourrait dire aussi ma stupidité), j’ai eu l’humilité de réaliser que je devais retourner sur les bancs d’école pour apprendre à investir de façon rationnelle. J’ai ainsi entrepris l’étude des plus grands investisseurs, à la recherche des clés pour m’enrichir. Et c’est là que j’ai fait la rencontre de Warren Buffet et de Benjamin Graham. Je n’ai plus jamais été le même investisseur, apprenant sans cesse, m’améliorant constamment.

Et c’est ainsi que j’ai découvert la grande sagesse de ce qu’avait dit, candidement, Stephen Jarislowsky. J’ai réalisé que mes plus grandes erreurs dans ma vie d’investisseur, n’ont pas été d’acheter des sociétés qui n’allaient nulle part dans l’espoir de les revendre à profit lors d’un rebond boursier fortuit.

Non. Ma plus grande et coûteuse gaffe a été de vendre des titres de grande qualité pour simplement réaliser des profits. Comme mes actions d’Alimentation Couche-Tard avant que le titre multiplie sa valeur par 40, 50 et plus.

Alors, si j’ai un conseil à vous donner, c’est simplement de vous répéter ce conseil de M. Jarislowsky : ne vendez jamais un bon actif, tant qu’il demeure de qualité et avec un bon potentiel d’appréciation. Mon devoir est de vous répéter la puissance extraordinaire de ce conseil dont vous ne pouvez que sous-estimer la portée et la capacité de vous enrichir à long terme.

Je m’engage à vous le répéter encore et encore.

Bernard Mooney

 

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