Le faux dilemme du dollar canadien

Publié le 11/02/2015 à 08:21

Le faux dilemme du dollar canadien

Publié le 11/02/2015 à 08:21

À mon avis, les perspectives boursières demeurent intéressantes pour les prochaines années. Ce n’est pas nouveau car c’est le cas depuis 2009. Ce qui a changé, pour l’investisseur canadien, c’est la perte de valeur de notre dollar face à la devise américaine.

En effet, aujourd’hui, lorsque vous achetez un titre américain, vous devez payer une prime d’environ 25% parce qu’il faut maintenant environ 1,25$CA pour acheter un dollar US. Et c’est, admettons-le, achalant, n’est-ce pas?

Ça l’est surtout parce qu’on a eu la chance, le bonheur devrais-je dire, de pouvoir faire le même placement il n’y a pas si longtemps sans payer de prime, c’est-à-dire avec un dollar canadien à parité. Alors, il est compréhensible de ressentir un petit pincement de cœur lorsqu’on doit, aujourd’hui, payer 25%.

La tentation est grande de dire, «Je vais attendre que le dollar canadien s’apprécie…» ou encore «Tout d’un coup que le dollar rebondit vers la parité, je vais perdre 25%!».

D’où le dilemme de bien des investisseurs…

Mais ce n’est pas un véritable dilemme, ou plus exactement, c’est une erreur de réagir ainsi.

D’abord, il faut comprendre que la période allant, grosso modo, de 2007 à 2009, a été une aberration financière. Notre dollar a été poussé à des niveaux extravagants par les investisseurs du monde entier, en amour et en pamoison avec les ressources naturelles.

Notre dollar à 1,07$US, à peu près son sommet historique, est un peu l’équivalent de Cisco Systems à 75 fois les bénéfices en 2000 (ou pire, tous ces titres Internet de l’époque qui se transigeaient à des centaires de fois les revenus!).

Que Cisco ou un autre titre techno se soit vendu à 75 fois les bénéfices n’est fait pas une aubaine à 30-40 fois les bénéfices. L’évaluation en 2000 est une aberration et ne doit pas servir de base pour évaluer ce titre et tous les autres.

C’est la même chose avec notre dollar. Il faut oublier la parité car elle n’est pas un point de repère rationnel pour évaluer notre devise par rapport au dollar américain.

Évaluer une devise n’est pas facile. Si on regarde la valeur du dollar à long terme, on réalise qu’en moyenne, notre dollar s’est transigé à environ 0,84$US, et cela en prenant comme point de départ 1971. Notre dollar, à environ 0,80$US, n’est donc pas très loin de sa moyenne à long terme.

Maintenant, reste que si vous achetez des actifs en dollars américains, votre rendement sera affecté par la fluctuation de la valeur du dollar. Par exemple, si votre placement s’apprécie de 10% cette année en dollars US, mais que notre dollar rebondit de 5%, vous n’aurez qu’un rendement de 5% dans notre devise.

Par contre, à long terme, ce n’est pas un facteur significatif. Par exemple, si vous identifiez un placement américain avec un potentiel de rendement annuel de 10 à 15% sur 10 ans, vous pourriez concéder un ou au maximum deux pourcents en raison de la fluctuation des devises. Par contre, même après ce facteur, si votre analyse est juste, vous devriez acheter et ne pas perdre le sommeil avec le marché des devises.

En fait, je suis convaincu que vous devriez mettre tout votre temps dans l’analyse des titres pour améliorer votre sélection tout en ne vous laissant pas influencer par les autres facteurs hors de votre contrôle comme la valeur fluctuante du dollar.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.