Le dernier mot sur les rachats d'actions

Publié le 12/03/2012 à 15:27

Le dernier mot sur les rachats d'actions

Publié le 12/03/2012 à 15:27

BLOGUE. Même si on parle souvent des rachats d’actions, je constate tout de même que de nombreux investisseurs, même très aguerris, ne comprennent pas bien leur nature et surtout comment ils peuvent enrichir ou appauvrir les actionnaires.

Dans sa lettre récente publiée dans son rapport annuel, Warren Buffett, président de Berkshire Hathaway, explique vraiment bien l’attrait et le piège inhérents au rachat de ses actions. En septembre, Berkshire a annoncé son intention de racheter de ses actions. C’est seulement la deuxième fois de son histoire que la société fait une telle annonce, la première étant en mars 2001.

«Charlie (Charles Munger, partenaire de M. Buffett et vice-président de Berkshire) et moi favorisons les rachats lorsque les deux conditions suivantes sont présentes :

1- la société a amplement d’argent pour subvenir à ses besoins dans le cadre de ses activités d’exploitation

2- le titre se vend sous sa valeur intrinsèque, de façon significative, et calculée de façon conservatrice », explique Warren Buffett, avec son talent habituel pour vulgariser.

Il ajoute que son partenaire et lui ont vu durant leur carrière de nombreux cas de rachats qui ne répondaient pas au deuxième critère. « Quelques fois, ces infractions étaient innocentes, plusieurs PDG croyant que leur titre est toujours sous-évalué.» C’est tellement vrai : dans ma carrière de journaliste financier, j’ai rarement vu un dirigeant me dire que son titre était bien évalué; la plupart le croyant sous-évalué (peu importe sa valeur, comme le parent perd toute objectivité lorsqu’il est question de son enfant..).

Dans d’autres cas, la faute est plus grave selon Warren Buffett. «Il ne suffit pas que le rachat soit fait pour compenser la dilution provenant de l’émission d’actions ou tout simplement parce que la société a trop d’encaisse, souligne M. Buffett. Les actionnaires restant (ceux qui ne vendent pas) sont lésés à moins que le rachat soit fait sous la valeur intrinsèque. »

C’est donc le prix qui est crucial. Ainsi, un rachat effectué au prix X peut être brillant alors que le même rachat, mais au prix 2X peut être tout à fait stupide.

En fait, ce principe ne s’applique pas simplement au rachat d’actions, mais à tous les investissements d’une société. Une direction qui achète une autre entreprise en payant plus que sa valeur intrinsèque appauvrit ses actionnaires. C’est aussi irrationnel que d’échanger 100M$ contre 75M$!

En terminant, si Berkshire a annoncé un rachat d’actions (elle a racheté seulement 67M$US de ses actions au 31 décembre), c’est qu’elle est convaincue que le titre, au prix racheté, était sous-évalué. Et lorsque Warren Buffett a précisé qu’il rachèterait seulement en payant au maximum 110% de sa valeur comptable, c’est qu’il estime, de façon conservatrice que la valeur intrinsèque de Berkshire Hathaway est nettement supérieure à ce barème.

Au 31 décembre, la valeur comptable de Berkshire était de 99 860$US par action A. Ce qui signifie que la société rachètera son titre uniquement s’il se vend sous 109 846$US l’action A (le titre se vend 119 317$US au moment d’écrire ces lignes).

Pour l’action B, la valeur comptable est de 66,57$US, le prix limite de rachat étant de 73,23$US (le titre se vend 79,54$US).

Bernard Mooney

 

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