La Fed peut-elle prédire les mouvements boursiers?

Publié le 11/05/2015 à 09:23

La Fed peut-elle prédire les mouvements boursiers?

Publié le 11/05/2015 à 09:23

Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale américaine. Photo: Bloomberg

Mercredi dernier, Janet Yellen, la présidente de la Federal Reserve, a déclaré que «l’évaluation du marché boursier était généralement «assez élevée» («quite high») et que cela soulevait des «dangers potentiels».

La Bourse a chuté pendant 90 minutes, avant de se reprendre…

Cela a rappelé la déclaration semblable d’Alan Greenspan le 5 décembre 1996 à propos d’exubérance irrationnelle. La Bourse avait ouvert en baisse de 2% à la suite de ces commentaires, avant de se reprendre et continuer sa marche haussière pendant plus de trois ans.

Depuis mercredi, les investisseurs sont bombardés de commentaires et d’informations sur la Bourse et son évaluation. On se fait lancer des chiffres et des données par la tête, comme le ratio cours/bénéfices du S&P 500, etc. Et ils ont leur importance, mais il ne faut jamais oublier le contexte et les nuances.

Par exemple, le S&P 500 était à plus de 100 fois les profits au milieu de 2009, soit un ratio cours/bénéfices astronomique. Pourtant, c’était un moment historique pour acheter.

Les bénéfices étaient déprimés, de façon historique aussi, et les investisseurs achetaient l’avenir. Curieusement (en fait, pas si curieusement), le S&P se vendait environ 17 fois les bénéfices de 2010, hum, évaluation pas bien différente de celle actuelle (le Dow Jones se vend 16,6 fois les bénéfices ; le S&P 500 21,1 fois les profits des 12 derniers mois et moins de 18 fois ceux des 12 prochains mois).

D’ailleurs, si vous regardez le ratio cours/bénéfices médian du S&P 500, vous arrivez à moins de 15.

Me voilà en train, moi aussi, de vous saupoudrer de statistiques. Pourtant, vous n’en avez pas besoin. Regardez autour de vous: voyez-vous de l’enthousiasme délirant pour la Bourse? Je ne pense pas, du moins pas dans mon entourage. Ceux qui sont déjà investis me disent qu’ils craignent vraiment une correction ou encore pire…ceux qui ne le sont pas, eh bien, sont bien contents car ils sont convaincus que ce n’est qu’une question de temps avant l’écroulement.

Comme le disait si bien John Templeton, les marchés haussiers meurent dans l’euphorie. Et c’est loin d’être le cas actuellement. Et c’est votre principal indicateur, à mon avis.

Je peux même vous prédire que bien des gens qui se tiennent loin de la Bourse s’y tourneront, avec optimisme et conviction, au pire moment, et là, le contexte sera dépeint comme universellement favorable.

Nous sommes toutefois loin de là.

Pour revenir à Madame Yellen et plus spécifiquement à la question que je pose au début, à mon avis, prédire la Bourse est encore plus difficile que prédire l’économie. La présidente, avec son poste à la banque centrale, a accès à une quantité phénoménale d’informations, de statistiques et de données. Elle peut se payer les meilleures firmes de consultants, les économistes les plus brillants, etc.

Et vous savez quoi, malgré cela, la Fed s’est constamment trompée depuis plus de cinq ans quant à la force de l’économie américaine, surestimant l’inflation, la création d’emplois et la croissance.

Et voilà que Janet Yellen se lance dans la prévision boursière….pas très sérieux à mon avis ! Autant la Fed que sa dirigeante ne sont pas capables de prédire la Bourse, voilà la froide réalité.

Bernard Mooney

 

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