L'autruche ne fait pas d'argent à la Bourse

Publié le 10/09/2014 à 09:49

L'autruche ne fait pas d'argent à la Bourse

Publié le 10/09/2014 à 09:49

Photo: Bloomberg

Je me rappelle lors du dernier marché baissier, un collègue m’avait confié qu’il avait trouvé le remède pour ne pas se stresser avec ses finances. «Ça fait plusieurs mois que je n’ouvre plus mes états de compte qui s’empilent quelque part sur mon bureau», m’avait-t-il lancé dans une réplique qui m’avait bien fait rire.

C’est un peu comme ces nombreux hommes qui refusent d’aller passer ce test médical, de peur du résultat!

Cette aversion à l’information, que je préfère appeler le syndrome de l’autruche, est une réaction humaine typique, mais profondément nuisible en Bourse. Elle se révèle chez l’épargnant qui veut oublier qu’il est fort loin de ses objectifs parce qu’il dépense trop et elle prend plusieurs visages chez l’investisseur.

Par exemple, cette personne est vraiment insatisfaite de son conseiller, mais cache cette émotion profondément en elle. Ou utilise des stratagèmes de rationalisation comme de se dire «c’est vraiment un bon gars», en parlant de son conseiller (plusieurs lecteurs m’ont déjà confié cela). C’est qu’il est effectivement très désagréable de confronter une personne qui est sympathique.

Sauf qu’objectivement, vous n’êtes pas en relation avec elle parce qu’elle est sympathique (ici on peut facilement vous lancer ce conseil classique: si vous vous cherchez un ami, il est beaucoup moins dispendieux de vous acheter un chien).

Chez l’investisseur actif, l’autruche s’affirme en lui lorsqu’il refuse de vraiment calculer ses rendements parce qu’il sait qu’ils sont «poches». Ou qu’il se raconte des histoires concernant quelques-uns de ses placements désastreux parce qu’il ne veut pas admettre qu’il s’est trompé.

Je vais vous confier que si la Bourse a contribué à m’enrichir du point de vue financier, elle m’a aussi aidé à vaincre ce syndrome destructeur partout dans ma vie.

Car j’étais jadis assez bon pour rationaliser quand venait le temps de faire le point sur ma situation financière et mes placements. Il m’a fallu quelques gifles douloureuses pour me faire comprendre que mes réactions émotives étaient mes plus énormes obstacles pour m’enrichir. Et l’outil pour y arriver est la recherche froide de l’objectivité.

Ce qui concrètement signifie de se voir froidement tel que l’on est, en tant qu’investisseur. Je vous dirais que c’est probablement plus facile à faire en Bourse qu’ailleurs dans la vie parce que tout est quantifié ou quantifiable, devrais-je dire.

Vous pouvez mesurer votre performance, trimestre après trimestre, année après année, de façon absolue et relative aux marchés boursiers dans leur ensemble. Ce faisant, il est plus difficile de se raconter des histoires. Par exemple, les marchés ont pratiquement triplé depuis le creux de 2009. Si vous ne vous êtes pas enrichi considérablement depuis, oups, vous avez un problème important. Arrêtez de vous raconter des histoires, arrêtez de vous enfouir la tête dans le sable et admettez-le.

De même, placement par placement, les chiffres sont là pour évaluer vos décisions. Si vous avez des titres qui n’ont rien fait depuis quelques années, qu’attendez-vous pour admettre vos erreurs?

Et pour les liquider tout en réalisant la grande valeur de ces erreurs, si vous prenez le temps d’apprendre d’elles. Rappelez-vous que le but en Bourse n’est pas d’avoir raison, mais de faire de l’argent.

Je peux vous garantir que l’objectivité appliquée de manière rationnelle peut faire de vous un bien meilleur investisseur. Et quant à appliquer cette qualité, faites-le également dans tous les domaines de votre vie. Vous en sortirez enrichis à tous les points de vue.

Bernard Mooney

 

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