BLOGUE. C’est la saison des rapports annuels. En effet, les investisseurs commencent à recevoir les rapports des nombreuses sociétés dont l’exercice se termine le 31 décembre.
Lire le rapport annuel est une bonne occasion de revoir les activités et les perspectives de chaque titre en portefeuille.
Mais j’admets que ce n’est pas toujours un exercice réjouissant, bien des rapports annuels étant d’une lecture ardue, pour ne pas dire déprimante. C’est même vrai d’entreprises que j’aime et que j’admire. C’est comme si les dirigeants faisaient un effort pour être monotones! Les plus cyniques diront plutôt qu’ils n’ont pas d’effort à faire…
Reste que certains rapports annuels sont fascinants et pour les bonnes raisons, comme celui de Berkshire Hathaway, en raison surtout de la lettre écrite par son président Warren Buffett.
C’est également le cas du rapport de Fairfax Financial Holdings, dirigée par Prem Watsa. J’ai déjà écrit de façon assez critique sur M. Watsa et je ne suis pas actionnaire de la société. Malgré cela, je peux vous dire que son rapport annuel est fascinant. J’en ai déjà lu une quinzaine ou une vingtaine depuis mon retour de vacances il y a deux semaines, et celui de Fairfax est parmi les plus intéressants.
D’abord, comme M. Buffett, Prem Watsa écrit lui-même sa lettre à ses actionnaires et leur explique intelligemment sa stratégie et sa perception des marchés financiers. Il leur parle comme si ils étaient des partenaires d’affaires, d’égal à égal.
Le résultat, c’est qu’après la lecture de sa lettre vous avez une très bonne idée du contexte dans lequel les sociétés d’assurance de Fairfax évoluent, une bonne compréhension de sa vision des marchés financiers et vous comprenez bien ses décisions.
Par exemple, le président de Fairfax est de plus en plus optimiste quant aux perspectives du secteur de l’assurance. Il s’attend à une hausse généralisée des tarifs d’ici une année ou deux (deux autres leaders dans le même secteur disent à peu près la même chose!)
Concernant les marchés financiers, M. Watsa continue à voir bien des risques quant à la Bourse pour les trois prochaines années. Par contre, sur 10 ans, il est convaincu que la Bourse fera beaucoup mieux que le marché obligataire. En 2011, il a vendu la moitié de son portefeuille d’obligations à long terme et s’apprête à vendre le reste (on appelle cela avoir des couilles, une grande rareté dans le monde de la finance).
Il est convaincu que la bulle immobilière chinoise est crevée. Et il s’inquiète, lui aussi, quant au marché immobilier canadien (il mentionne en passant qu’il y a plus de condos en construction à Toronto que dans 12 villes importantes des Etats-Unis au total, incluant Los Angeles et New York!)
La lecture du rapport de Fairfax est vraiment intéressante et enrichissante. Dommage qu’on ne puisse en dire autant de bien des rapports annuels!
Bernard Mooney
