L'investisseur, souvent son pire ennemi

Publié le 07/04/2014 à 10:21

L'investisseur, souvent son pire ennemi

Publié le 07/04/2014 à 10:21

Selon une étude réalisée par Morningstar, les investisseurs ont sous-performé le fonds moyen de 2,5% par année pour les 10 ans clos le 31 décembre 2013.

Je vous avertis immédiatement : lisez attentivement ce qui suit car il s’agit là de la plus importante découverte dans le monde des finances et de la Bourse. La comprendre signifie prendre possession définitivement des clés pour s’enrichir.

Qu’est-ce que cette découverte? Simplement, que l’investisseur moyen est incapable de capturer les rendements des placements qu’il fait. Par exemple, supposons qu’un fonds commun a réalisé un rendement annuel composé de 8% pour les 10 ans terminés en décembre dernier. Lorsqu’on sait que l’indice S&P 500 a réalisé environ 7% par année, voilà un rendement intéressant, n’est-ce pas?

Sauf que son détenteur moyen lui n’a pas réalisé ce rendement, mais seulement 5,5% par année (8%-2,5%).

Comment est-ce possible? Parce que la grande majorité des épargnants sont incapables d’acheter un fonds commun, même de grande qualité, et de le conserver pendant 10 ans sans rien faire. Non, ils doivent vendre, supposément avant les corrections et les marchés baissiers et racheter avant les puissants mouvements haussiers. Évidemment, vous et moi nous savons que ce sont des prétentions qui approchent la maladie mentale.

Alors, en réalité, dans la vraie vie, le détenteur moyen vend près du creux, poussé par la crainte de tout perdre. Et il achète après plusieurs mois, voire plusieurs années de marché haussier.

Si vous ne me croyez pas, rappelez-vous qu’en 2012, pas moins de 93 milliards de dollars en fonds d’actions US ont été liquidés par des investisseurs inquiets en raison de la mauvaise performance boursière de 2011. Ces anxieux ont «manqué» la hausse de 35% de la Bourse l’an dernier. Et pour augmenter la douleur, bien des investisseurs se sont réfugiés dans les obligations en 2012, juste à temps pour voir cette catégorie d’actif subir sa pire performance en 40 ans.

Morningstar arrive aux mêmes résultats que ceux de la firme de Boston Dalbar, qui s’est taillé une réputation en quantifiant ce phénomène dans son étude annuelle appelée «Quantitative Analysis of Investor Behaviour». Année après année, Dalbar démontre que les investisseurs sont leurs pires ennemis en essayant de jouer au plus fin avec la Bourse.

Et à long terme, le coût de ce comportement irrationnel est astronomique. Par exemple, pour les 20 ans clos le 31 décembre 2011, l’investisseur moyen a réalisé un rendement annuel composé de 3,49% qui se compare à une appréciation de 7,8% pour le S&P 500. La différence de 4,3% par année est extraordinaire, et représente une sévère punition comportementale.

C’est tellement important que si j’étais conseiller en placement, je donnerais à la signature de chaque client la plus récente étude de Dalbar en lui demandant de la signer pour prouver qu’il l’a bien lue. Et à chaque année, j’expédierai la nouvelle étude de Dalbar en mettant en évidence le coût de vouloir tripoter ses placements.

La Bourse est payante à long terme à une seule condition : qu’on y soit présent de façon permanente.

Bernard Mooney

 

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