Confusion et contradiction chez les épargnants

Publié le 03/06/2015 à 08:38

Confusion et contradiction chez les épargnants

Publié le 03/06/2015 à 08:38

Photo: Shutterstock

C’est une époque difficile pour les épargnants. Et si on se fie aux sondages, ils ne sont pas seulement confus, mais baignent dans les contradictions. À long terme, le contexte est idéal au désastre.

Selon une enquête récente menée par la firme Natixis Global Asset Management, 59% des répondants au Canada craignent un effondrement boursier comme ce qu’on a connu en 2008-09. Par conséquent, 61% pensent à réduire ou maintenir le niveau de risque de leur portefeuille. Par contre, lorsqu'il est question des rendements qu’ils envisagent à long terme, en moyenne, ils mentionnent qu’ils ont besoin de 9,3% par année, après l’inflation.

Cherchez l’erreur !

Quand on sait que ces épargnants, dans le meilleur des cas, ont des portefeuilles équilibrés, genre 50% actions et 50% titres à revenu fixe, on comprend la contradiction fondamentale. Et c’est cette dernière qui fera mal aux épargnants à long terme.

Visez un rendement de plus de 9% par année, après inflation, est assez ambitieux dans le contexte actuel. Sur une base historique, le marché boursier procure, à très long terme, un rendement dans les 9-10%, avant inflation. Si on soustrait un 2-3% pour l’inflation, on arrive à un rendement réel de 6-8%. Pour réaliser plus que cela, il faut faire mieux que les indices, ce qui n’est pas facile, pour les professionnels et encore plus pour l’épargnant typique.

Mais, le facteur clé, c’est que je parle d’un portefeuille 100% actions, ce qui n’est pas la réalité pour la plupart des gens. Comme ces derniers ont une crainte viscérale de la Bourse, ils ont tendance à privilégier un mélange d’actions et d’obligations, souvent en surpondérant cette dernière catégorie.

Or, avec les taux d’intérêt aussi déprimés, les attentes du côté obligataire doivent être minimales. Avec les obligations gouvernementales canadiennes de 10 ans offrant environ un rendement de 1,7%, il est difficile voire impossible de s’attendre à plus de 2% à long terme.

Imaginez donc un portefeuille réparti à 50% en obligations avec un rendement de 2% et l’autre moitié en actions, gérée avec doigté qui procure un rendement annuel de 10%. Globalement, ce portefeuille réalisera un rendement de 6% et c’est vraiment dans le meilleur des mondes. Et n'oubliez pas que ce 6% doit être amputé d'un 2-3% pour tenir compte de l'inflation.

Nous sommes loin du 9% attendu!

Je vois seulement deux façons d’éliminer cette contradiction. La première, si on suppose un épargnant incapable de surmonter sa frilosité face à la Bourse, est d’épargner beaucoup plus de façon à combler le manque à gagner provenant des rendements.

La deuxième est d’investir 100% de son portefeuille à la Bourse et d’accepter les fluctuations.

Je sais. Je sais. Il est facile d’écrire cela. C’est théorique. Dans la vraie vie par contre, la plupart des gens ont toute la misère du monde à vivre avec le marché boursier. Ce dernier est relativement tranquille depuis quelques années et pourtant, deux personnes sur trois craignent un écroulement.

Pour le commun des mortels, il est tout simplement trop difficile d’accepter de façon stoique les soubresauts boursiers. Il n’y a rien de mal là. Par contre, ils ne peuvent s’attendre à avoir des rendements élevés. Comme le dit le vieux et immortel dicton, on ne peut pas avoir son gâteau et le manger; c’est un ou l’autre.

C’est exactement le dilemme qui hante les épargnants investisseurs dans le contexte actuel.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.