Ce qui est peu risqué en théorie peut être fort risqué dans la vraie vie

Publié le 15/04/2015 à 11:15

Ce qui est peu risqué en théorie peut être fort risqué dans la vraie vie

Publié le 15/04/2015 à 11:15

Photo: Shutterstock

Il est difficile d’expliquer le risque, car ce qu’on en dit dans les classes de finances ne sert pas à grand-chose dans la réalité. Il ne se mesure pas vraiment de façon quantitative, mais se voit comme un immense ballon qui nous arrive dans le visage.

Un lecteur m’a écrit après avoir lu mon texte sur les rendements à long terme des obligations. Il mentionne que c’est normal que les obligations procurent un rendement inférieur aux actions, parce que ces dernières sont plus risquées. Les investisseurs qui, comme moi, achètent des actions réalisent de meilleurs rendements tout simplement parce qu’ils acceptent de plus grands risques.

Si vous ajustez ces rendements par rapport aux risques, eh bien, les obligations ne sont pas moins rentables que les actions.

La réponse à cette affirmation, si je veux épouser les livres de finance, c’est de dire, «vous avez raison». Sauf que…

Oui, ce fameux «sauf que» de la vraie vie…D’abord, depuis le sommet des taux d’intérêt du début des années 1980, les obligations ont procuré un rendement presque identique à celui des actions. On parle de 30 ans où l’acheteur d’actions n’a pas été récompensé pour avoir assumé le risque boursier.

C’est déjà quelque chose de dérangeant pour ceux incapables de sortir de leurs formules financières. La vraie vie a le don de bousculer les certitudes académiques, n’est-ce pas?

C’est un peu le même phénomène que ceux qui se faisaient vendre des fonds d’actions en 1999 avec des arguments comme «La Bourse procure du 10% par année, c’est certain car l’histoire qui le prouve». Et c’était vrai, strictement parlant.

Sauf qu’encore là, il y a une différence entre investir en Bourse lorsque le marché est déprimé et lorsque le marché explose dans une orgie d’enthousiasme. Ceux qui ont vendu leur maison et leurs parents pour acheter des actions en janvier 2000 l’ont appris, douloureusement.

Le risque est donc un concept qu’on doit appréhender seulement en étant conscient de toutes ses nuances. C’est vrai lorsque vous évaluez une catégorie d’actif par rapport à une autre; c’est vrai aussi lorsque vous tentez de choisir un gestionnaire en analysant son style et son portefeuille; c’est vrai aussi lorsque vous vous regardez dans le miroir froidement pour déterminer votre réelle capacité à prendre des risques avec votre patrimoine.

Et oui, la théorie a son importance parce qu’en général, dans la plupart des cas, il y a une relation entre le risque et le rendement (voyez comme la construction de cette dernière phrase laisse de la place à l’interprétation….).

Mais le gros bons sens a aussi sa place. Car si en théorie les obligations offrent un rendement semblable aux actions une fois qu’on tient compte du risque, ce n’est pas vrai actuellement. L’acheteur d’obligations à long terme (10 ans et plus) est un peu comme celui qui achetait l’indice Nasdaq en mars 2000.

Et payer plus de 50 fois les bénéfices ne procure que peu de rendement. Ça aussi l’histoire le prouve, peu importe les livres d’histoire.

Cela ne signifie pas que tous les investisseurs devraient éviter en bloc les obligations comme catégorie d’actifs. Ils devraient cependant tenir compte du contexte actuel exceptionnel des taux d’intérêt totalement déprimer.

Bernard Mooney

 

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