BLOGUE. Il ne faut pas se raconter des blagues. Le marché boursier, après une hausse de plus de 20% depuis décembre, recèle de moins d’aubaines.
Par exemple, dans l’univers des titres que je suis, je vous dirais que dans l’ensemble ils sont bien évalués. Ce qui veut dire qu’ils ne sont plus des aubaines, sans être surévalués pour autant.
Ce qui signifie qu’il faut faire preuve de plus de prudence pour ne pas tomber dans le piège des fausses aubaines. Il y aurait un livre à écrire sur ce qu’on appelle en anglais les «value traps», ces titres qui semblent si attrayants, presque irrésistibles, sauf qu’ils restent des aubaines, éternellement…
Ainsi, je lisais hier un entretien avec un gestionnaire dans une publication spécialisée à propos d’un distributeur de composantes et de produits d’électronique. Le titre se vend à moins de 10 fois les bénéfices, ce qui semble en effet intéressant. Le gestionnaire précise que si le titre se vendait au prix qu’il estime que la société vaut, le titre serait à 95$! C’est plus de deux fois son cours récent.
Je suis sceptique pour la simple raison qu’aussi loin que je peux me souvenir (je connais la société depuis près de 20 ans), le titre ne s’est pratiquement jamais vendu à plus de 10 fois les profits. Peut-être que ce gestionnaire a raison et que le marché a tort lorsqu’il donne une si basse valeur à cette entreprise, mais c’est un pari risqué (à moins d’identifier des catalyseurs précis). Le genre de pari que je veux pas faire de crainte de tomber dans le piège de la fausse aubaine.
Méfiez-vous également des titres qui n’ont rien fait en Bourse malgré la forte poussée des indices. Si un titre n’a pas bougé alors que les Bourses ont explosé, il y a peut-être quelque chose de fondamentalement déréglé avec l’entreprise.
Au minimum, si vous êtes intéressé par ce genre de titres, étudiez-les attentivement pour savoir pourquoi ils sont des «aubaines». La Bourse, surtout en plein marché haussier, n’a pas l’habitude de laisser traîner des billets de 100$ sur le trottoir!
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’un titre a baissé, ou qu’il se vend à un ratio cours/bénéfices déprimé qu’il est vraiment une aubaine. C’est une aubaine seulement si son évaluation est déprimée par rapport à sa FUTURE performance économique.
Et, admettez avec moi, que cela est vraiment beaucoup plus difficile à déterminer!
Alors, faites attention.
Bernard Mooney
