Refuser d'abandonner malgré les épreuves

Publié le 01/02/2021 à 07:00

Refuser d'abandonner malgré les épreuves

Publié le 01/02/2021 à 07:00

Un entrepreneur face à un parcours jonché d'épreuves

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Une de mes clientes m’a raconté que l’entreprise manufacturière de son conjoint a été rasée par les flammes deux fois en moins de vingt-quatre mois. Malgré l’épreuve, l’entrepreneur a décidé de poursuivre l’aventure tout en étant conscient que ça serait plus difficile de repartir et de tout rebâtir en pleine période de pandémie.

J'ai demandé à ma cliente si son conjoint n’avait pas songé à abandonner; n’avait-il pas en tête la crainte reliée à la fameuse expression populaire qui sous-entend que quelque chose qui est déjà arrivé deux fois, peut se reproduire une troisième? «Il m’a dit que malgré le défi, il sentait que c’était la chose à faire... repartir et rebâtir. Il a rajouté en avoir la profonde certitude...», m’a répondu ma cliente la voix pleine d’émotion.

 

Repartir à zéro

Compte tenu du contexte historique actuel, cette histoire m’a longuement fait réfléchir. J’en ai parlé à un jeune entrepreneur qui, à son tour, m’a raconté l’aventure tout aussi rocambolesque de son père. L’homme a grandi dans une Égypte très turbulente. Pour éviter la guerre, il va rejoindre son frère à Montréal où pendant un an, il empruntera le divan pour dormir. Avec quelques mots d’anglais et de français, il réussit à dénicher un emploi dans un commerce qui vend de la tapisserie. Grâce à son sens du devoir, il se fait remarquer et finit par gagner pleinement la confiance des propriétaires. Puis, un jour, le conte de fées se matérialise. L’homme réussit à faire une entente avec son employeur pour acheter le magasin de détail.

 

Prise 1

Les affaires vont bien, le nouvel entrepreneur travaille fort et il cherche à prendre de l’expansion. Il ajoute une nouvelle division à son commerce, les stores et parures de fenêtres en bois haut de gamme. L’aventure est très coûteuse et malheureusement, la récession de 1981 frappe fort. Le commerçant perd pratiquement tout et se retrouve, bien malgré lui, à la case départ.

 

Prise 2

Avec l’aide de ses amis, il réussit à relancer tranquillement son commerce de tapisserie. Puis, il prend un associé qui le convaincra, quelques années plus tard, d’investir dans une division de meubles en bois. Plusieurs erreurs sur les coûts de fabrication finissent par engloutir à nouveau le commerce en 1997. Le père de famille perd pratiquement tout à nouveau.

 

Prise 3

Malgré cela, l’entrepreneur croit toujours fermement en son commerce et les embûches ne lui ont pas enlevé l’envie de voir grand. Il retrousse ses manches et, grâce à son travail acharné, réussit à remonter la pente de façon spectaculaire. Cherchant toujours à élargir son offre, il accepte de se joindre à un groupe de produits spécialisés dans la décoration commerciale. Mais comble de malheur, le réseau fait faillite. Par un tour de force incroyable, il réussit finalement à racheter les parts de son commerce.

L’entreprise génère aujourd’hui un chiffre d’affaires enviable et est même devenue une sorte d’institution. Le papier mural y est toujours grandement à l’honneur, la division des stores et rideaux fonctionne très bien et c’est le meilleur ami du commerçant qui dirige, depuis 2005, le département de peinture.

 

Le pouvoir d’une certitude dans l’incertitude

Qu’ont en commun le conjoint de ma cliente et le père du jeune entrepreneur? Tous les deux ont été capables de se réengager grâce à une certitude. Celle d’être convaincu de se trouver à la bonne place.

Curieusement, on pourrait penser que les certitudes qui nous ont définis et propulsés au départ peuvent finir par se diluer lorsque ça va mal et qu’on se retrouve en plein chaos. Mais c’est faux. Les certitudes qui réussissent à rejaillir dans les grands moments d’incertitudes possèdent cet extrême pouvoir de générer la confiance nécessaire pour nous inciter à continuer d’aller de l’avant, et ce malgré l’ampleur des défis à relever.

 

Bon voyage…

La question capitale qui se pose à propos du concept de la certitude est de savoir ce qui la produit? Pour dire vrai, je n’en ai aucune d’idée. Mais pour l’avoir vécu, je peux au moins témoigner que c’est un sentiment qu’on ressent de la réalité d’un fait, de la vérité d’une idée.

Chose certaine, les certitudes ne se définissent pas de l’extérieur, mais bien de l’intérieur. Et en période d’incertitude comme celle que nous vivons présentement, l’un des plus beaux voyages qu’on peut s’offrir et qui, de plus, ne nécessite aucun déplacement, en est un à l’intérieur de soi.

Avant d’abandonner, demandez-vous (trois fois plutôt qu’une, en l’honneur du commerçant de papier mural…) quelles sont les certitudes qui vous ont initialement incité à plonger dans la grande aventure de l'entrepreneuriat.

À propos de ce blogue

«Je suis devenue une entrepreneure le jour de mon congédiement. L’instinct de survie, mon audace et mes paiements à la fin du mois ont figuré parmi mes plus grands actifs. Depuis, j’encourage les gens à aller au bout de leurs rêves et de leurs ambitions à titre de productrice et animatrice télé, conférencière, chroniqueuse et cofondatrice du mouvement Adopte inc. qui vient en aide à la relève entrepreneuriale. Et maintenant, à titre de blogueuse!» Anne Marcotte est cofondatrice du mouvement Adopte Inc et productrice du Groupe Vivemtia inc.

Anne Marcotte