Votre prochain sans-fil pourrait être conçu (en partie) à Bromont

Publié le 14/05/2019 à 08:30

Votre prochain sans-fil pourrait être conçu (en partie) à Bromont

Publié le 14/05/2019 à 08:30

(Image: courtoisie)

On a beau parler de l’émergence des commandes vocales tous azimuts, on vit encore dans un monde d’interfaces tactiles. Depuis l’arrivée du premier iPhone d’Apple, en 2006, cette technologie ne cesse de se raffiner, et surtout, d’envahir à peu près toutes les sphères d’activité humaine, de l’automobile aux appareils électroniques en tout genre.

Sauf qu’elle est encore loin d’être parfaite. Bien des fabricants remplacent des surfaces sur lesquelles on pouvait naviguer par le simple sens du toucher, donc sans les regarder directement, par des surfaces tactiles mais entièrement lisses sur lesquelles sont regroupées plusieurs commandes différentes.

Pensez à la console centrale de votre automobile. Si vous pilotez un véhicule du groupe Ford, de General Motors, de Toyota ou de plusieurs autres, vous savez de quoi je parle : régler le volume ou changer le poste de la chaîne audio sans quitter la route des yeux relève de l’impossible.

«Ça prend une réaction haptique pour amener le tactile au prochain niveau. Sans rétroaction, le tactile ne peut pas remplacer la sensation du toucher de certaines surfaces, comme le papier ou les claviers», explique Nicolas Duchesne-Laforest, directeur du marketing pour Boréas Technologies. Une «réaction haptique» est cette sensation qu’on ressent quand on touche un objet du doigt : cliquetis, vibration, etc.

Tandis qu’il étudiait à Harvard, Simon Chaput a mis au point une technologie piézoélectrique prometteuse pour des applications dans l’informatique. À l’origine, son intention était de créer un système de refroidissement consommant peu d’énergie, mais ça s’est transformé en une solution haptique compacte et très polyvalente. Les droits sur l’invention appartiennent à Harvard, mais M. Chaput a fondé Boréas Technologies avec, en poche, une entente de commercialisation exclusive de cette technologie.

L’entreprise de 10 employés établie à Bromont tente donc de faire sa place dans le marché mondial de l’électronique grand public grâce à son interface haptique alimentée par piézoélectricité. Celle-ci s’avère 20 fois moins énergivore que la meilleure technologie comparable, actuellement produite par nulle autre que la société Texas Instruments. Cette dernière est son principal rival dans son créneau, «et notre technologie est supérieure en tous points», assure M. Duchesne-Laforest.

Au moins un géant mondial est d’accord : ce matin, la japonaise TDK Corporation a confirmé un partenariat afin de vendre une interface haptique développée conjointement, à partir de la technologie bromontoise. Pour Boréas, c’est une impulsion majeure. L’entreprise lance d’ailleurs un appel à tous, elle qui prévoit au moins doubler le nombre de spécialistes à son emploi au fil de la prochaine année.

(Photo: Alain McKenna / Les Affaires)

La fin des boutons

La technologie de Boréas, présentée au CES en janvier dernier, est similaire à celle qui a permis entre autres à Apple de remplacer la touche d’accueil de ses iPhone et le pavé de souris de ses Mac. «Sauf que nous utilisons une technologie piézoélectrique qui est instantanée et qui peut être modulée pour réagir différemment selon le contexte. On travaille d’ailleurs sur un prototype qui remplacerait la touche d’accueil ainsi que les touches de volume sur le boîtier d’un téléphone intelligent», explique M. Duchesne-Laforest.

La technologie de Boréas est aussi bidirectionnelle, en ce sens où elle peut émettre une sensation de pression, mais elle peut aussi détecter la pression, sans avoir à passer par d’autres composants électroniques, et réagir différemment en fonction du contexte, ou de la façon dont l’utilisateur s’en sert.

Sur le prototype de téléphone que Boréas expose dans les conférences, un appui du doigt génère un léger déclic reproduisant le comportement d’un bouton normal. Une pression prolongée provoque une vibration plus soutenue. La même touche pourrait ainsi servir à plus d’une tâche, qui ouvre aussi la voie à de nouvelles applications.

Des fabricants de premier plan comme Apple, Samsung et d’autres sont toujours à la recherche de la prochaine génération de technologies du genre. Boréas Technologies propose sa solution à ces fabricants, afin qu'ils intègrent sa technologie piézoélectrique dans leurs appareils. Boréas se dit même prête à agir vite, visant une première commercialisation aussi tôt qu'en 2020.

On ne sait donc pas quel téléphone sera en partie conçu à Bromont, mais on pourra sans doute le deviner à son design ne présentant aucune touche physique réelle…

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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