Voici pourquoi Apple mise sur ses utilisateurs pour rattraper et dépasser Google et Amazon

Publié le 05/06/2018 à 10:32

Voici pourquoi Apple mise sur ses utilisateurs pour rattraper et dépasser Google et Amazon

Publié le 05/06/2018 à 10:32

Dénuée de toute nouveauté matérielle, l’allocution de bienvenue de Tim Cook pour ouvrir sa Worldwide Developers Conference en laisse plusieurs sur leur faim dans l’immédiat. Si cette absence dénote une tactique qui pourrait s’avérer payante pour Apple à plus long terme, le peu qui a été dit à propos de l’intelligence artificielle derrière Siri, lui, inquiète un peu plus les observateurs.

La fameuse «keynote» annuelle d’Apple n’est que la pointe de l’iceberg des nouveautés que la société de Cupertino compte introduire dans les mois suivants, qui mènent généralement à la mise en marché de nouveaux produits informatiques. Ces jours-ci, les analystes ont la critique facile envers Apple, jugée trop dépendante d’un seul et unique appareil, son iPhone.

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Apple a donc profité de l’occasion pour faire valoir que derrière un seul nom se cache une gamme fort diversifiée d’appareils mobiles, allant du iPhone 5S, lancé initialement en 2013, au gigantesque iPad Pro à écran de 12,9 pouces. Tous les appareils se trouvant entre ces deux extrêmes auront droit à iOS 12, un logiciel présenté hier en insistant sur un seul mot : performance.

«Sur un iPhone 6S, iOS 12 accélère par deux l’ouverture d’applications et de documents», assure Craig Federighi, qui supervise le logiciel chez Apple. Une réplique aux critiques accusant Apple de programmer l’obsolescence prématurée de ses produits?

Indirectement, sans doute. «Le marché des téléphones intelligents a atteint la maturité, et les consommateurs conservent leur appareil plus longtemps que par le passé, ou alors ils les achètent usagés. Qu’Apple se concentre sur la performance, même sur celle de ses plus vieux modèles, plutôt que sur des nouveautés tape-à-l’œil est le bon geste», estime Avi Greengart, analyste pour la firme GlobalData.

IA : un retard à rattraper

Un des quelques recours d’Apple, si elle désire se délester de cette réputation d’être trop dépendante du iPhone serait de miser sur ce qu’elle appelle ses «services». Dans ce sens, les nouveautés logicielles présentées du côté de l’Apple Watch, de l’Apple TV et même du Mac peuvent apporter une partie de la solution.

Ce que d’autres, comme Google et Amazon, font, c’est d’appuyer fort sur leur assistant numérique respectif. Du côté d’Apple, c’est Siri, qu’on a vu un peu sur scène, afin de présenter une nouveauté qui vise justement à rattraper le chemin qu’Apple semble avoir perdu dans ce créneau par rapport à ses deux rivaux.

Ainsi, les utilisateurs qui le souhaitent pourront créer des «raccourcis» dans l’application de leur choix, sous forme de commandes vocales précises, qui seront apprises par Siri pour accélérer leur lancement par la suite. Les exemples incluent l’affichage du calendrier tiré d’une application comme Teamsnap, populaire auprès des équipes de sport amateur partout sur le continent (les parents d’enfants jouant au soccer partout au Québec en savent quelque chose…).

C’est à la fois audacieux et ingénieux, de la part de Cupertino, qui refile ainsi à ses utilisateurs la lourde tâche d’accroître les talents de Siri au-delà de son propre écosystème d’applications mobiles. «Ces raccourcis sont une bénédiction pour les grands utilisateurs d’iPhone», confirme M. Greengart. «Mais ce serait mieux si Siri pouvait en faire plus par elle-même. Je crains qu’Apple prend encore un peu plus de retard par rapport à Google et Amazon dans l’intelligence artificielle. Si Apple a apporté des améliorations majeures à Siri, on ne les a pas vues sur scène.»

Autre chose…

Chez Apple, les statistiques vont comme suit: environ un milliard d’appareils dans le monde sont équipés de Siri, qui reçoit environ 10 milliards de demandes par mois, soit en moyenne trois interactions par mois par utilisateur. En d’autres mots: elle est beaucoup moins en demande qu’on peut le croire, ce qui laisse du temps d’en peaufiner les détails avant qu’elle devienne une pierre d’assise assurant la croissance de la compagnie en entier.

Une autre statistique, elle, ne ment pas : les sommes générées par les ventes d’applications sur l’App Store, la boutique logicielle d’Apple, sont colossales. Cupertino engrange à l’heure actuelle 300M$US par mois via la vente d’applications.

En ajoutant la suite Office 365 à sa boutique pour Mac, elle vient de marquer un grand coup qui devrait rassurer les actionnaires, puisque ça risque de faire bondir son chiffre d’affaires presque sur-le-champ, croit Horace Dediu, un autre analyste suivant de près le secteur technologique.

«Apple perçoit désormais un pourcentage de chaque abonnement à Office pour Mac, avec le potentiel d’ajouter 100 millions de personnes à ses 270 millions d’abonnés actuels. Je ne serais pas surpris que ça fasse passer ses revenus de 300M$US à plus de 500M$US à court terme.»

En mode rattrapage du côté de la commande vocale, on ne peut pas dire qu’Apple le soit du côté des applications et des services. Avec une keynote axée exclusivement sur le logiciel, le message semble clair : miser sur cette force pour garder une avance confortable sur ses rivaux. Et avoir à l’œil la cible des 1000 milliards $US de capitalisation boursière, qui semble tout à fait à la portée de la société de Tim Cook…

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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