Prise en mains du MacBook Pro d'Apple: jusqu'où la limite peut-elle être poussée?

Publié le 28/10/2016 à 11:00

Prise en mains du MacBook Pro d'Apple: jusqu'où la limite peut-elle être poussée?

Publié le 28/10/2016 à 11:00

Par Alain McKenna

Des trois nouveaux MacBook Pro, un est à éviter. (Photo: Apple)

Renouveler un portable aussi iconique que le MacBook Pro n'est pas une mince affaire.

Apple fabrique des portables depuis 25 ans, mais le premier MacBook Pro, lui, fête ses dix ans cette année. Ça semblait simple, jusqu'ici. Apple a cependant tellement changé, depuis 2006, que la commande s'est drôlement alourdie. Un simple MacBook Pro plus lisse et plus rapide ne suffit plus. Ce portable doit être innovateur, ultramince, capable d'une part, d'animer des dizaines de millions de pixels sans ruminer, et d'autre part, d'offrir une interface au moins aussi polyvalente que celle des PC à système Windows les plus sophistiqués du moment.

Pour faire bonne mesure, ajoutons à cette équation déjà tordue deux variables: respecter l'écosystème de produits Apple, l'iPhone surtout, puis demeurer à la fine pointe des nouvelles tendances informatiques.

Du point de vue de l'utilisateur, le résultat s'articule autour de deux principales nouveautés. La première, c'est une connectique classique (ports USB, sortie HDMI, prise d'alimentation, fente SD…) complètement sacrifiée au profit de ports Thunderbolt 3 (qui font aussi office de ports USB-C). Deux sur le modèle de base, à écran de 13 pouces et à processeur Core i5 d'Intel, et quatre sur les modèles plus équipés, un à écran de 13 pouces, l'autre a écran de 15 pouces.

L'autre, c'est la Touch Bar.

Toute une Touch Bar

Les MacBook Pro les plus attrayants sont ceux avec cet autre as dans leur manche: la Touch Bar est une fine bande tactile au haut du clavier qui remplace les traditionnelles touches de fonction. C'est la réplique d'Apple à tous ces PC à écran tactile qu'on voit chez d'autres fabricants. Et c'est aussi une façon ingénieuse d'intégrer le lecteur d'empreintes Touch ID, qui permet de s'authentifier ou de payer en ligne d'une seule pression du doigt.

C'est bien pensé. Cette barre surprend par son ergonomie toute naturelle: imaginez des touches de raccourcis, contextualisées en fonction de l'application dans laquelle on se trouve, dynamiques et interactives. Ça tombe sous le sens. Son interaction est limitée (on peut tapoter ou glisser le doigt latéralement, c'est tout), mais ça peut rapidement exploser.

Si des millions de gens achètent des extensions pour le clavier virtuel de leur iPhone, qui dit qu'ils n'achèteront pas non plus des extensions pour cette Touch Bar? Une autre section à ajouter à l'App Store d'Apple. Autre attrait potentiel pour les développeurs. Autre source de revenus pour tous.

Éventuellement. Peut-être. Il faudra voir.

Pour l'utilisateur, en tout cas, c'est une nouvelle forme d'interaction qui pourrait faire mouche, si les développeurs l'adoptent dans leurs applications. Un gros si. Un écran complètement tactile aurait peut-être été plus simple à adopter, ajoutant une interface universelle d'un seul coup.

Un MacBook en plus costaud

Attention: cette Touch Bar n'équipe pas tous les MacBook Pro. Voulant faire oublier le MacBook Air (1200 $), celui qui a pourtant insufflé une énergie nouvelle à Apple dans le marché des portables, Apple propose un MacBook Pro de 13 pouces sans Touch Bar (1800 $) qui vise éventuellement à combler ce vide. En fait, c'est ce MacBook qui est mis en vente dès aujourd'hui. Les autres doivent attendre un peu.

D'un coup d'oeil, on dirait une version un brin plus costaude du MacBook, le portable à écran de 12 pouces d'entrée de gamme (à 1650 $, quand même). Avec un processeur bien plus musclé (Core i5 Skylake double coeur d'Intel) que le Core M de ce dernier! Le premier contact avec le clavier du MacBook Pro «de base» renforce cette famiiarité: mêmes touches lisses, même ergonomie discutable. Le pavé tactile, gigantesque, recourt au même moteur haptique Force Touch que le MacBook. Pas tout le monde va aimer sa rétroaction par moments capricieuse. Il faut s'y faire.

Le deuxième contact, celui des yeux qui se pose sur l'écran, est plus positif: les couleurs sont vives, les détails sont clairs. À 227 pixels par pouce, c'est un moniteur lumineux et coloré. Ce n'est pourtant pas l'orgie de pixels que propose la version de 15 pouces, avec sa carte graphiqiue Radeon Pro 450 et ses 5,2 millions de pixels!

Pour ça, il faut allonger au bas mot 3000 $. Ça grimpe à 3500 $ pour 512 gigaoctets de stockage interne (la version de base compte 256 go). À ce prix, on hérite d'une mécanique de plus haut calibre encore (Core i7 quadricoeur). Les professionnels d'édition vidéo, de photographie, de multimédia de pointe qui ont les moyens de se gâter sont invités à lorgner de ce côté.

Et de se garder des sous en réserve pour les adaptateurs, les câbles d'appoint, et quoi encore.

Le prix du sacrifice

Même si vous avez le logo Apple tatoué sur le cœur, ces adaptateurs sont tout un irritant. Il est impossible de connecter un iPhone 7 à un MacBook Pro dès leur sortie de la boîte! Ça prend un adaptateur. Il n'est plus possible de transférer les images d'une carte SD vers son MacBook Pro non plus. Ça prend un adaptateur! On ne peut même pas y brancher sa caméra d'action préférée, disons, une GoPro, directement. Ça prend un adaptateur...

Apple a l'habitude de délaisser des standards établis pour se coller au dernier cri. Soit. Mais elle a toujours su bien organiser ses produits en un écosystème conséquent. Pas ce coup-ci. On peut réaliser des vidéos 4K spectaculaires avec un iPhone 7 Plus, mais à la taille que font ces fichiers, les envoyer sur son Mac sans fil, via AirDrop ou iCloud, pour en faire un montage, est tout simplement impensable. Donc, ça prend un adaptateur.

Dommage, car le MacBook Pro est fort séduisant. Le look est réussi, Mac OS Sierra est solide, la suite logicielle d'Apple est complète (on cherche toujours un équivalent à iMovie pour Windows…), et au bureau, c'est un choix sensé: IBM révélait récemment que chaque Mac déployé en entreprise permet de sauver en moyenne 543 $US en frais TI.

Apple fabrique des portables depuis 25 ans. Ça paraît. Le MacBook Pro repousse la limite à chaque nouvelle génération. Ça paraît ça aussi. Sans la Touch Bar qui s'avère fort innovatrice, la version de base de ce nouveau MacBook Pro exige un sacrifice que tous les utilisateurs ne seront pas prêts à faire, qu'ils soient des anciens propriétaires d'un PC ou des inconditionnels du Mac.

Après tout, c'est cette Touch Bar qui rendra l'utilisation d'un MacBook Pro si unique. Qui repousse justement la limite. Mais la version de base ne la possède pas.

Apple MacBook Pro
Portable à écran Retina de 13 ou 15 pouces
Barre tactile Touch Bar avec lecteur d'empreintes Touch ID optionnelle
2560 x 1600 pixels (15 po.: 2880 x 1800 pixels)
Processeur Core i5 ou i7 d'Apple avec Turbo Boost
Stockage de 256 go/512 go/1 to/2 to
Mémoire vive de 8 ou 16 go
Autonomie de 10 heures
1900-2550 $ (13 pouces)
3000-3500 $ (15 pouces)

 

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