Oubliez Siri. Dites bonjour à Nina, l'assistante virtuelle conçue à Montréal

Publié le 05/10/2016 à 11:07

Oubliez Siri. Dites bonjour à Nina, l'assistante virtuelle conçue à Montréal

Publié le 05/10/2016 à 11:07

Nina, telle qu'illustrée par Nuance Communications. (Source: Nuance)

Apple a Siri. Amazon a Alexa. Microsoft a Cortana. Montréal a Nina. Dites bonjour à l'assistante numérique la plus polyvalente sur la planète. Conçue ici-même!

En fait, si on avait à créer un portrait de famille de tous ces systèmes d'interface vocale, on pourrait dire que Nina, c'est la grande sœur de Siri (Apple, NASDAQ: AAPL). Cortana (Microsoft, NASDAQ: MSFT) est une voisine, tandis que Google Assistant (Alphabet, NASDAQ: GOOG) est, pour ainsi dire, le petit garçon de la maison au bout de la rue qui passe son temps dans son sous-sol à jouer à des jeux vidéo.

Alexa, d'Amazon (NASDAQ: AMZN), vient d'emménager dans le quartier et excelle dans plusieurs matières à l'école et dans les sports.

Nina, c'est la professionnelle. Elle parle 39 langues. Elle donne vie à des systèmes vocaux chez FedEx, Tangerine, ING, Domino's Pizza, Toyota, au sein de banques européennes, etc. Elle compte quelque 20 milliards d'interactions au compteur chaque année, dont le quart avec des consommateurs. Et son degré de résolution des problèmes qu'on lui soumet? Entre 80 et 90 pourcent.

C'est surtout une création des laboratoires de recherche que la société californienne Nuance Communications possède à Montréal. Nuance, spécialisée dans les technologies du langage, est une de ces nombreuses entreprises qui bénéficient directement et indirectement du grand nombre de chercheurs de grande renommée établis à Montréal, spécialisés dans l'apprentissage profond en particulier et l'intelligence artificielle en général.

Nina la surdouée

Nina la surdouée? «De la façon dont on l'a développée, l'intelligence artificielle derrière Nina agit comme si elle possédait un post-doctorat dans chaque spécialité pour laquelle elle est employée», résume Robert Weideman, vice-président exécutif de la division Entreprise de Nuance Communications (NASDAQ: NUAN). «Et si elle n'a pas la réponse, elle contacte automatiquement un expert qui lui fournira la réponse.»

Comment Nina peut-elle atteindre un niveau de connaissance doctoral? «C'est la magie de l'apprentissage machine: elle peut accaparer l'expertise des spécialistes humains simplement en les écoutant parler entre eux», explique Mark Hanson, qui dirige la recherche en «innovation cognitive» chez Nuance. «À l'heure actuelle, Nina est donc capable d'apprendre ce qu'elle ne sait pas déjà par elle-même, grâce à la recherche effectuée à Montréal.»

Ce n'est pas un hasard, l'avènement de Nina, de Siri, d'Alexa et de toute leur bande. D'abord, Apple a acquisi Siri en 2010, une technologie dérivée d'un projet financé par DARPA. Cette technologie s'appuyait sur des services provenant de nombreux fournisseurs, dont Nuance, Google, Yahoo, Microsoft, et d'autres encore (Yelp, OpenTable, StubHub…).

Ensuite, avec les énormes progrès en apprentissage profond des 10 dernières années, ça permet de décupler leur utilité au-delà de la reconnaissance vocale: elles peuvent désormais passer à l'action. Après «intelligencte artificielle», les mots que vous entendrez le plus souvent dans ce créneau, c'est «prise de décision automatisée» («automated decision-making»).

C'est, pour Nuance, Nina, et l'ensemble de la communauté de chercheurs en intelligence artificielle, le troisième et prochain échelon de l'IA. Le premier échelon est l'imitation du comportement humain: synthèse vocale, chatbots, etc. Le second est l'interprétation d'énormes banques de données massives et la communication avec d'autres machines: détection de fraude bancaire et annulation des transactions, recommandation d'articles sur les boutiques en ligne, etc.

Au troisième échelon, l'IA agit seule, l'humain ne fait qu'avaliser ses décisions: prix dynamiques, établissement de diagnostics médicaux, etc.

Nina: une IA autonome?

C'est là que ça commence à devenir intéressant, car Nina, Siri et les autres, à ce stade, seront proactives: avec un peu de chance, on pourra leur demander «de m'inscrire à cette conférence à Paris à la mi-octobre», et le transport, l'hébergement et l'enregistrement à la conférence seront réglés automatiquement sans intervention humaine.

Pour y arriver, il va falloir travailler fort: la reconnaissance vocale elle-même n'est pas encore tout à fait au point (jumeler son téléphone à la radio de sa voiture via Bluetooth est tout un casse-tête, en utilisant la commande vocale). Et tous les systèmes à mettre à niveau, pour qu'une simple commande («Nina, jumelle mon téléphone à la radio de l'auto»), sont nombreux.

«On doit parfois sacrifier la performance en fonction de l'environnement», concède M. Hanson. «On a atteint le bon niveau logiciel pour comprendre le langage naturel, mais les composants électroniques nous limitent encore.»

Ça, et l'orientation commerciale de Nuance. «La voix au bout du fil, c'est une persona. Chaque marque veut développer sa propre persona et c'est ce que nous leur offrons actuellement.» Nina est donc polyvalente, mais effacée. L'émancipation de Nina n'est pas à l'agenda pour Nuance… pour le monent. «Nous ne disons pas non», conclut Mark Hanson.



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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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