«On a trouvé ce qui va lancer la réalité virtuelle pour de bon»

Publié le 13/04/2018 à 06:30

«On a trouvé ce qui va lancer la réalité virtuelle pour de bon»

Publié le 13/04/2018 à 06:30

Linda Ludwick, chef des finances et co-fondatrice, Vander Caballero, président et co-fondateur, Stéphane D’Astous, chef des opérations et Sylvain Croteau, vice-président - développement des affaires. (Photo: Minority Media)

Stéphane D’Astous était plutôt sceptique face à la réalité virtuelle. Ce qu’il a vu chez Minority Media l’a fait complètement changer d’avis.

Dans le jeu vidéo, le nom de M. D’Astous n’a pas besoin d’introduction. On lui doit notamment les premiers bons coups d’Eidos Montréal, Deux Ex et Tomb Raider. Il est ensuite passé chez Moment Factory, un autre fleuron montréalais bien connu.

Puis, depuis quelques semaines, le voilà directeur des opérations pour Minority Media, une PME du Mile-End de Montréal fondée il y a 8 ans par Vander Caballero, un des pionniers de la réalité virtuelle au pays. L’entreprise se positionne comme un leader du jeu en réalité virtuelle dans un contexte de divertissement «hors-domicile», une expression qu’on peut librement traduire par «pas dans votre sous-sol, où la réalité virtuelle fait probablement dur».

Dis comme ça, c’est vague. Ça sonne pas mal mieux quand c’est M. D’Astous qui explique c’est quoi. «On cible les centres de divertissement pour la famille. C’est un type d’établissement qui est moins connu, mais qui s’en vient au Canada. C’est ce que les cinémas de chaînes comme Cinéplex sont appelé à devenir : des endroits où tu peux aller voir un film, prendre un verre, manger en famille, ou jouer à des jeux en arcade.»

Et la réalité virtuelle de Minority Media, c’est, pour ainsi dire, l’arcade du futur.

«Nous avons développé un jeu de tir en réalité virtuelle, qui peut se jouer en coop, à quatre à la fois, qui exploite vraiment bien cet environnement», assure Stéphane D’Astous. «En RV, toutes les sensations sont plus vives, les sens sont plus sollicités. Tu penses que tu es là depuis une heure, mais en réalité, tu y as passé seulement 10 minutes.»

«Avant, j’étais un peu sceptique face à la réalité virtuelle, mais quand j’ai vu ça, j’ai cliqué. Je pense qu’on a trouvé ce qui va lancer la réalité virtuelle pour de bon.»

Le cinéma entraînera la réalité virtuelle vers le haut

Selon Minority Media, ce ne seront par les consoles PlayStation de Sony, ni les téléphones Pixel de Google qui vont permettre à la réalité virtuelle d’éclore. C’est le cinéma.

Et on ne parle pas de l’effet d’entraînement du film Ready Player One de Steven Spielberg, même si ça risque d’aider…


En fait, pour plein de raisons, les gens boudent de plus en plus les salles de cinéma. Effet Netflix ou conséquence d’un prix ridiculement élevé pour un maïs soufflé et une boisson gazeuse, on ne sait pas trop. Mais ça force les gestionnaires de ces salles à être plus créatifs.

On voit déjà des arcades dans plusieurs cinémas, au pays, mais ce n’est qu’un début, si on se fie aux prévisions à ce sujet : on prévoit que la valeur du marché de ce type de divertissement commercial, en bon français, les arcades, passera de 2 milliards $US à 12 milliards $US d’ici 5 ans.

Et une bonne partie de cette croissance viendra des jeux vidéo en réalité virtuelle. C’est assez logique, dans le fond : il est plus facile de maximiser le niveau d’immersion et d’offrir une meilleure expérience au joueur dans un environnement contrôlé, que dans le sous-sol des consommateurs.

Le jeu vidéo, c’est le cinéma des années 2000, en quelque sorte. Sauf qu’à ce jour, il était plus facile d’y jouer chez soi, que dans un espace public. Minority Media n’est pas seule à penser que la réalité virtuelle pourrait être la solution à ce problème : l’entreprise montréalaise a des homologues en Allemagne et aux États-Unis qui ont déjà commencé à exploiter ce filon.

Le studio montréalais, qui compte un peu moins d’une trentaine d’employés («mais on va doubler ça avant Noël», assure son directeur des opérations), compte entrer dans l’arène au cours des prochains mois, alors qu’une importante conférence réunira les plus gros joueurs de l’industrie à Orlando, en Floride.

«C’est le futur de la réalité virtuelle», conclut le nouveau converti. Et si ça se trouve, c’est aussi le futur des exploitants de salles de cinéma. Ce qui pourrait bien être l’impulsion qui manquait pour que cette technologie prenne une fois pour toutes son envol.

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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