Il existe au moins un cas où la maison connectée n'est pas juste un buzzword

Publié le 27/06/2016 à 14:46

Il existe au moins un cas où la maison connectée n'est pas juste un buzzword

Publié le 27/06/2016 à 14:46

La serrure Kevo et la sonnette Ring font bon ménage...

BLOGUE. Maison intelligente, appareils connectés, Internet des objets… Toutes ces nouvelles façons d'aborder la domotique n'étaient jusqu'ici que du vent. Jusqu'à ce qu'on installe ces deux gadgets à la même adresse.

Alors qu'une flopée de gadgets à connexion Bluetooth ou WiFi ne font que répondre à des problèmes qui n'existent pas vraiment (qui a réellement besoin d'une balance de cuisine connectée?), ces deux gadgets, jumelés puis combinés, règlent des problèmes qu'une famille moyenne rencontre sur une base presque quotidienne.

De là à parler du début d'une émergence de la domotique, il n'y a qu'un pas qu'on se gardera de franchir, même si on imagine aisément la direction que pourrait prendre cette technologie si on la pousse dans la bonne direction.

Alors, ces deux gadgets? Il s'agit de la sonnette d'entrée Ring Video Doorbell, de la société du même nom (Ring), et de la serrure Kevo, vendue conjointement par Weiser (au Canada) et Kwikset (aux États-Unis).

Kevo

Pris séparément, les deux appareils n'offrent pas beaucoup plus que du tape-à-l'œil. On effleure du bout du doigt l'anneau extérieur de la serrure Kevo pour que celle-ci parte à la recherche de son téléphone intelligent, via le protocole Bluetooth. Si l'appareil est allumé et à proximité, ça prend dix secondes avant que la magie opère. Dix secondes, c'est amplement de temps pour qu'on sorte une clé de sa poche et qu'on la déverrouille manuellement.

Et comme ça prend une main de libre, ce n'est pas comme si on pouvait ouvrir la porte sans les mains. Dans ce cas, on peut opter pour le module Kevo Plus, qu'on peut acheter à part, puisqu'il ajoute une connexion WiFi à la serrure. On peut dès lors la commander à distance, via une application mobile pour Android et iOS, ou une interface web universelle.

Si jamais la pile de votre mobile vous lâche avant d'arriver à la maison, ça prend une clé de secours, ou alors on doit emprunter le mobile ou le PC d'un voisin ou ami pour déverrouiller le tout.

Bref, si vous rêvez d'une serrure vous permettant de quitter la maison sans clé, l'idéal est une serrure biométrique à lecture d'empreintes digitales…

Ring

La sonnette connectée de Ring, elle, est dotée d'une caméra vidéo HD, d'un micro, d'un petit haut-parleur, et d'une connexion WiFi. Sa pile se charge manuellement, aux six à douze mois, ou alors on la branche au fil d'une sonnette traditionnelle afin qu'elle demeure chargée et active en permanence (même pendant une panne de courant).

Quand quelqu'un appuie sur son bouton, ça sonne partout: à la maison, sur le carillon vendu en appoint (à connexion WiFi lui aussi), et sur tous les PC, téléphones et tablettes possédant l'application Ring (Android, iOS et Mac et Windows) dûment enregistrée.

Bref, pas de risque de manquer votre prochain colis Fedex. Sauf que même si le livreur parvient à vous signaler sa présence, à moins d'être à la maison, aucune action n'est possible, autre que de discuter le bout de gras avec ledit livreur. C'est rigolo et étonnamment fonctionnel: sur PC ou mobile, une image HD nette et un son clair permettent de dialoguer instantanément avec l'éventuel visiteur.

On a fait l'essai entre Montréal et San Francisco il y a quelques semaines et le délai ne dépassait pas une seconde.

La caméra peut être réglée de manière à vous alerter en cas de mouvement à proximité. Dans ce cas, on pourrait utiliser un service comme IFTTT pour programmer des actions, à partir de ces alertes. Par exemple, allumer ou éteindre une ou plusieurs ampoules WiFi, comme les Hue, de Philips. Mais comme toutes les caméras de surveillance du genre, celle-ci signale trop de fausses alertes pour réellement être utile.

Bref, encore là, ça ne règle aucun problème: quoi faire de plus que s'excuser au livreur de ne pas pouvoir ouvrir la porte?

Ring et Kevo: ça change tout

Les gens chez Ring ont probablement fait le même constat, en livrant la version 2.0 de leur application éponyme, au début de l'été. Sa principale nouveauté: un onglet, appelé «Ring+», dans lequel on peut enregistrer des services et appareils d'autres marques, fonctionnant bien avec leur sonnette WiFi.

C'est un onglet à l'utilité limitée, mais on sent qu'il permettra bientôt de commander ces services et appareils sans avoir à passer par l'application propre à ces autres technologies.

La serrure Kevo est incluse dans Ring+. Et c'est là où ça commence à prendre sens: soudain, on peut agir, concrètement, même à distance. Un exemple évident: on peut déverrouiller la porte sans quitter le bureau quand son enfant revient de l'école plus tôt que prévu, mais qu'il a oublié sa propre clé.

Durant l'essai, c'est même devenu un outil de communication familial permettant de signaler l'arrivée des enfants pour le lunch. Plus d'un colis a ainsi été livré dans la maison, plutôt qu'au comptoir régional, malgré notre absence.

Pour une rare fois, voilà deux gadgets pour lesquels on pourrait débourser des sous, afin d'éviter de les désinstaller pour les retourner au fabricant.

Prochaine étape: reconnaissance faciale automatisée

Pour une rare fois (bis), on voit une application de «maison intelligente» qui propose plus que du vent. Ce qui permet de réfléchir à la prochaine étape, dans ce créneau: automatiser le verrouillage et le déverrouillage de la porte d'entrée en intégrant la reconnaissance faciale à l'équation.

On n'est pas loin du but: la société française Netatmo vend déjà une caméra de surveillance qui identifie les gens passant devant elle. Apple (Nasdaq, AAPL) Facebook (Nasdaq, FB) Alphabet (Nasdaq, GOOG) et Microsoft (Nasdaq, MSFT) sont déjà en mesure d'identifier et reconnaître les gens figurant sur les photos qu'on stocke dans leurs applications photo respectives.

Imaginez maintenant une porte d'entrée pouvant identifier les gens qui se présentent devant elle, et qui peut se déverrouiller (ou pas) en conséquence, et vous avez une idée de la direction vers laquelle semble se diriger cette gamme d'appareils connectés. On n'est pas loin d'une forme d'intelligence artificielle!

Il y aura certainement des ratés. Et peut-être que la bonne vieille clé sous le paillasson n'est pas encore tout à fait appelée à disparaître.

Mais au moins, pour une rare fois, on a une illustration fonctionnelle et prometteuse de domotique qui fait plus qu'envoyer dans le nuage informatique le poids de vos aliments, ou la couleur de votre éclairage…

 

À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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