Galaxy S9: le défi colossal qui ferait bondir Samsung au-delà d'Apple

Publié le 14/03/2018 à 10:05, mis à jour le 14/03/2018 à 16:48

Galaxy S9: le défi colossal qui ferait bondir Samsung au-delà d'Apple

Publié le 14/03/2018 à 10:05, mis à jour le 14/03/2018 à 16:48

Le Galaxy S9+ de Samsung sur pavé DeX. (Photo: Samsung Mobile)

Si le Galaxy S9 relève l’improbable défi fixé par Samsung, ce sera une réussite inédite dans le monde du mobile ces dernières années.

Ce sera d’autant plus difficile que le premier contact des médias spécialisés avec la plus récente édition du modèle-phare de la marque coréenne chez nous s’est avéré plutôt tiède. Comme on le notait ici-même il y a quelques semaines, la silhouette fort séduisante des deux versions du Galaxy S9 (la seconde étant un S9+ surdimensionné qui illustre ce texte) est pénalisée par des fonctions logicielles qui semblent précipitées, maladroites ou carrément inutiles.

L’absence de nouveautés apparentes, outre la caméra à deux capteurs du S9+, amoindrit l’effet «wow» auprès d’une clientèle qui n’a pas encore acheté un Galaxy S8, mais qui a déjà vu passer assez d’images de ce dernier pour être un peu moins émoustillée par ce nouveau modèle qui lui succèdera pas plus tard que ce mois-ci.

Malgré cela, Samsung a établi à 43 millions d’exemplaires les ventes anticipées du Galaxy S9 cette année. Si ça se concrétise, il aura généré 2 millions de ventes de plus que son prédécesseur en 2017, ce qui représenterait une hausse notable des ventes pour l’iconique téléphone.

C’est là où ça se corse: ces dernières années, personne, ni Samsung, ni Google, ni même Apple, n’est parvenu à hausser les ventes de son modèle-phare une année après l’autre, même si les ventes annuelles de leur gamme respective (p. ex., tous les modèles du iPhone vendues en même temps) est généralement en hausse. 

s9

Le coup de circuit de Samsung

Ce que Samsung doit espérer, c’est que les propriétaires d’un Galaxy S un peu plus âgé optent pour le S9, cette année. C’est la même approche que le fabricant nous expliquait à la fin de l’année dernière, lors du lancement du Galaxy Note 8: ce ne sont pas les acheteurs d’un (défunt) Note 7 qui sont visés, mais ceux qui ont acheté un Note 5, quelques années plus tôt.

Le Galaxy S9 pourrait ainsi aller titiller les propriétaires d’un Galaxy S5 ou S6, qui nous ramènent en 2015. Les ventes du S6 avaient elles-mêmes déçu les analystes, Samsung ayant perdu du terrain face au iPhone, à l’époque. Ceux qui avaient choisi un Galaxy S à ce moment, et même ceux qui sont passés à autre chose, auront droit à une mise à niveau majeure en optant pour le S9 ou le S9+ : les deux appareils sont vifs et polyvalents, offrant des caractéristiques dernier cri à tous les niveaux.

Est-ce que l’éternelle dualité opposant Samsung à Apple penchera du côté du modèle coréen, cette fois? Difficile à prédire. D’une part, le Galaxy S9 reprend plusieurs des fonctions qu’Apple n’offre de façon exclusive que sur son iPhone X, la version la plus coûteuse de son propre téléphone. En revanche, ces fonctions ajoutées aux Galaxy sont beaucoup moins bien ficelées que du côté d’Apple.

La réalité augmentée, les émoticônes animés, et même l’assistant vocal numérique sont moins performants que leurs contreparties de Cupertino. Déjà que Siri bat de l’aile face à l’Assistante Google et Alexa (Amazon), Bixby est encore plus maladroite, c’est dire…

Heureusement, l’interface graphique, elle, a été assouplie pour être un peu plus discrète. Ça prend une certaine dose de patience, mais on peut réduire au minimum les intrusions graphiques, ce qui permet de profiter à fond du superbe et grand écran mur à mur de ces deux modèles. 

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L’as dans la manche du Galaxy S9

Pour remporter son pari audacieux, Samsung a une option toute simple: miser sur les valeurs sûres de ses Galaxy S. En gros: fente MicroSD et prise pour casque stéréo. À une autre époque, Samsung permettait aussi d’échanger la pile de ses téléphones pour une pile de rechange, accroissant leur autonomie au-delà de la journée qu’accomplissent à peu près tous les téléphones intelligents modernes. On a troqué ça pour une étanchéité (IP68) qui est rapidement devenue la norme dans l’industrie.

On n’a pas pu tester le S9, mais la pile non-amovible du S9+ s’en tire fort bien, avec presque deux jours d’autonomie. Une recharge accélérée (Quick Charge 2.0) et la compatibilité avec les chargeurs sans fil prolongent cette autonomie en quelques minutes. Moyennant 250$, vous pouvez par ailleurs ajouter 400 gigaoctets de stockage en insérant la plus grosse carte MicroSD actuellement en marché dans votre combiné. Microsoft offre en prime 100 go de stockage en nuage sur OneDrive, si vous ouvrez une des applis mobiles de sa suite Office installées à l’usine sur le Galaxy S9.

La prise pour un casque stéréo est en voie de disparition dans le marché des mobiles haut de gamme. Le S9 conserve la sienne, et c’est tant mieux. Aux côtés du téléphone dans la boîte, Samsung inclut un casque AKG qui n’est pas parfait (on n’a toujours pas résolu le problème des microphones bruyants chez AKG…), mais qui fait mieux que bien des casques Bluetooth bon marché.

Toujours du côté sonore, les deux nouveaux appareils offrent désormais un son stéréophonique, et peuvent lire d’entrée de jeu les fichiers AAC et FLAC, en plus des MP3 (ce qui incite à acheter une carte MicroSD plutôt costaude, vu la taille des fichiers FLAC!). Samsung ajoute la compatibilité au mode pseudo ambiophonique Dolby Atmos, pour ceux qui y voient un avantage sonore réel…

Enfin, reste l’appareil photo. L’objectif du S9 est doté d’une ouverture variable, permettant de réduire le bruit numérique dans l’image quand la lumière est insuffisante. L’effet est réussi, mais on a parfois l’impression qu’un traitement logiciel a plutôt brouillé ces pixels rouges et bleus pour les effacer, ce qui laisse des zones de couleur parfois tachetées d’une étrange façon.

Le S9+ ajoute le mode «bokeh» à son arsenal photographique. Celui-ci reproduit une profondeur de champ courte en brouillant le devant et le fond de la scène. Du côté vidéo, un mode ultra-ralenti à 960 images par seconde, bon pour une courte fraction de seconde, risque de créer une mode sur Instagram. Les ralentis sont nets et fort rigolos.

dex

Reste à voir si ça suffira à convaincre les acheteurs à se ruer par millions sur ce nouvel appareil. Samsung pourrait aussi faire des percées du côté des entreprises, avec une combinaison de son environnement sécurisé Knox et de son adaptateur DeX transformant ce mobile en ordinateur de bureau.

La cible fixée par Samsung est particulièrement ambitieuse. Surtout que, soudain, on peut se procurer un S8 d’allure similaire pour moins cher que les 960$ exigés pour le nouveau venu (1100$ pour le S9+). Mais qui n’ose rien n’a rien, va l’adage. Et la société coréenne a certainement besoin de frapper un gros coup, si elle compte renverser une tendance qui l’affecte tout autant que ses concurrents dans le marché du mobile.

Samsung Galaxy S9 (S9+)
Téléphone a système Android 8.0 Oreo
Écran de 5,8 po. (6,2 po.)
Processeur Snapdragon 845 avec 4 go de mémoire vive (6 go)
64 go stockage interne, avec fente MicroSD
Pile de 3000 mAh (3500 mAh)
960$ sans entente (1100$)


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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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