Et si Montréal était LA solution aux problèmes de Twitter?

Publié le 31/07/2017 à 14:58, mis à jour le 31/07/2017 à 15:42

Et si Montréal était LA solution aux problèmes de Twitter?

Publié le 31/07/2017 à 14:58, mis à jour le 31/07/2017 à 15:42

«Il y a une raison pour laquelle les personnalités les plus populaires au pays viennent de Montréal», constate Twitter Canada.

Les résultats financiers dévoilés par Twitter la semaine dernière témoignent d’un problème grave et persistent pour le réseau social: il peine à attirer de nouveaux utilisateurs. Pendant que Facebook attirait 70 millions de nouveaux internautes sur sa plateforme, ces trois derniers mois, Twitter n’en a pas ajouté un seul, stagnant à 328 millions de comptes actifs.

Cela a non seulement plombé la valeur boursière de l’entreprise, mais aussi soulevé tout un tas de questions sur la stratégie à plus long terme de ses dirigeants. Les faux comptes, les comptes automatisés (les fameux «bots»), l’expérience d’utilisation pas toujours commode variant grandement d’un appareil à un autre (mobile, PC, etc.) et, au Canada du moins, une offre de contenu original clairement handicapée par un contexte concurrentiel féroce sont autant de nuages assombrissant l’horizon de Twitter.

Pour faire un jeu de mots rapide, disons que cet oiseau vole plutôt bas par les temps qui courent.

Tout un défi pour le réseau social, qui compte tout de même 12,6 millions d’utilisateurs mensuels actifs au Canada seulement. Une situation dont sa direction est bien consciente. «Ces 18 derniers mois, nous avons travaillé fort pour redéfinir notre positionnement. C’est un boulot à temps plein de clarifier la place de Twitter dans les médias sociaux, mais je crois que nous avons enfin trouvé la bonne formule», résume Rory Capern, directeur général de Twitter Canada.

La caméra arrière de votre téléphone

En un mot, Twitter «est à propos de ce qui se passe dans le monde en ce moment même», rappelle-t-il. «Facebook et Instagram, c’est "regardez-moi!". Twitter, c’est "regardez ça!". Eux se concentrent sur la caméra frontale de votre téléphone intelligent, alors que nous, nous préférons miser sur la caméra arrière.»

C’est une façon d’expliquer aussi l’approche de Twitter en ce qui a trait au contenu original. La volonté du PDG Jack Dorsey est de pousser la vidéo, en direct, de contenu similaire à ce qu’on peut voir à la télé, ou ailleurs sur le Web. Les ententes avec la NFL, la NBA, la LNH et même la LCF en témoignent.

Seul hic, la diffusion des matchs en direct prend fin là où la frontière canado-américaine débute. «Nous sommes le seul marché au monde dans cette situation, et c’est à cause de Rogers qui nous en empêche. Alors nous essayons plutôt de faire de la vidéo complémentaire, mais nous espérons offrir du contenu en direct le plus tôt possible.»

À l’ère des technologies de rupture, cette attitude de gentilhomme est peut-être une faiblesse de Twitter. On ne voit pas Facebook s’excuser d’écraser impunément un grand quotidien après l’autre, tandis que même la Cour suprême du Canada ne parvient pas à ramener Google à l’ordre, le géant californien ne faisant pas la différence entre des produits contrefaits et les produits légitimes dans ses résultats de recherche.

Alors, comment générer de la croissance dans ce contexte?

«Nous voulons travailler avec les médias, pas contre eux. Notre modèle est le plus transparent de l’industrie: nous voulons que les producteurs de contenu fassent de l’argent avec nous, afin que ce ne soit pas une stratégie à somme nulle ("zero-sum strategy"), mais que tout le monde connaisse de la croissance en même temps», explique M. Capern. 

S’inspirer de la créativité montréalaise

Voilà de la musique aux oreilles des professionnels des médias. Malheureusement, pour la plupart des médias, grands comme petits, Twitter arrive au troisième, voire au quatrième rang des générateurs de trafic sur leurs sites, loin derrière Facebook et Google, poids lourds incontestés du référencement, et parfois même LinkedIn.

Rory Capern nuance cette affirmation, s’appuyant sur une étude récemment publiée par le Pew Research Center selon laquelle Twitter est le réseau social générant la plus grande valeur pour les sites tiers, les internautes passant plus de temps sur ces sites, et cliquant ensuite sur davantage de liens, deux paramètres importants aux yeux des annonceurs.

«Contrairement à d’autres, nous ne voulons pas devenir un jardin clos. Nous voulons demeurer cette plateforme ouverte qui réfère vers les sites Web de nos partenaires», dit-il, esquivant ainsi les Instant Articles de Facebook et les pages mobiles accélérées (AMP) de Google.

Encore là, on ne peut pas prétendre que le travail soit terminé. Surtout pas au Québec. La direction de Twitter Canada est résolument et presque exclusivement anglophone. Pourtant, les noms les plus connus au pays sur ce réseau sont du Québec: George St-Pierre, Eugénie Bouchard, Simple Plan, Arcade Fire…

Remarquez, on ne peut pas dire qu’on a là une belle brochette de francophones non plus!

Mais ça va changer, assure son directeur général, qui a l’œil sur le marché québécois, et qui compte imiter Google et Microsoft en ouvrant un bureau dans la province le plus tôt possible.

«Je ne vous donnerai pas de date précise, mais une présence physique formelle à Montréal nous semble essentielle. Il y a beaucoup de créativité à Montréal, une région très active sur Twitter. La discussion est très vibrante et très positive, même quand il est question de politique. La photo du dîner entre Justin Trudeau et Barack Obama, au début de l’été, a fait le tour du monde. Même la fusillade de la mosquée de Québec a résonné partout sur la planète, amenant la réflexion à un autre niveau.»

Au-delà des faux comptes et des fausses nouvelles, c’est certainement là la valeur ajoutée de ce réseau social, qui a est au cœur de l’actualité mondiale depuis des années déjà. Reste à trouver un modèle financier durable qui fera sortir ce petit oiseau de l’ombre de Facebook.

Car tant qu’on se posera la question «peut-on imaginer un Internet sans Twitter?», il y aura de l’espoir. Et si on se fie aux propos de Twitter Canada, une partie de la réponse à cette question se trouve présentement à Montréal.

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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