Dix choses à savoir quand on conduit une auto à hydrogène

Publié le 04/09/2019 à 10:26

Dix choses à savoir quand on conduit une auto à hydrogène

Publié le 04/09/2019 à 10:26

La Toyota Mirai à hydrogène. (Photo: Alain McKenna/Les Affaires)

BLOGUE. Soyons francs. Malgré sa Prius, Toyota a complètement raté le virage électrique amorcé par Tesla, Chevrolet et Nissan au début de la décennie. En ce moment, même Volkswagen et Mazda, jusqu’à tout récemment les plus réfractaires à l’électrification, semblent plus avancés que le géant automobile japonais. C’est dire.

Pour se reprendre, Toyota a décidé de voir plus loin encore : l’hydrogène. Plus exactement, la pile à hydrogène, laquelle pourrait, à terme, remplacer le lithium ion pour alimenter une propulsion électrique. Dans un dossier spécial sur l’avenir du secteur énergétique, qui paraît cette semaine dans notre édition imprimée de Les Affaires, on détaille comment une éventuelle société de l’hydrogène pourrait voir le jour.

Pour mettre un peu plus de chair autour de l’os, votre humble obligé s’est faufilé derrière le volant d’une Mirai, la voiture à hydrogène que Toyota «vend» au Canada depuis quelques mois. Voici ce que ça donne.

27 ans et 5680 brevets plus tard…

La Mirai est le fruit de 27 années de recherche et de l’application de quelque 5680 inventions par Toyota. Quelques rares exemplaires circulent au Canada depuis plusieurs mois, mais sa mise en vente officielle, amorcée plus récemment, demeure extrêmement limitée. Quelques dizaines d’exemplaires sont tout de même disponibles, et sujets à la même aide provinciale de 8 000 $ que les voitures électriques plus conventionnelles. Vu son prix, elle est exclue de l’aide fédérale.

Pour 73 870 $ de «luxe»…

Parlant de son prix, il est loin d’être abordable. À sa seule mention, plusieurs curieux croisés sur la route durant son essai ont évidemment conclu qu’il serait plus raisonnable d’acheter une voiture «simplement» électrique. Toyota aurait pu maquiller sa Mirai aux couleurs de Lexus pour excuser la surprime exigée pour rouler à l’hydrogène, mais le groupe japonais cible plutôt les organisations et les acheteurs soucieux de participer au développement du marché de l’hydrogène que les simples amateurs de nouvelles technologies.

Une vitrine technologique

Ça n’empêche pas Toyota de reprendre la formule adoptée lors du lancement de la Prius en faisant de la Mirai une vitrine pour ses autres technologies. Ce n’est pas une Tesla, mais la Mirai compte quand même sur plusieurs systèmes d’aide à la conduite réduisant les risques d’accident, et sur un tableau de bord dotés de plusieurs surfaces et affichages tactiles, dont un animé par son logiciel EnTune 3.0, qui vise à faire oublier, en vain, CarPlay et Android Auto, d’Apple et Google.

Pour ne pas s’échapper au mauvais endroit

L’élément le plus étrange du tableau de bord est ce bouton «H2O» situé à la gauche du volant. Il provoque une évacuation de l’eau accumulée par la pile à hydrogène, ce qui peut être fait avant de garer la voiture dans son garage, si on souhaite conserver son plancher sec et immaculé…

Avoir du coffre… ou pas

Le réservoir d’hydrogène est sous le siège des passagers, et la pile d’appoint est derrière la banquette. Malgré la taille extérieure de la Mirai, qui se compare à celle d’une Camry, le dégagement pour les quatre passagers (pas cinq) est moindre, et le coffre est lui aussi bien moins profond que celui d’une berline traditionnelle.

Facile, faire le plein

Le réservoir pressurisé à 10 000 psi peut stocker cinq kilos d’hydrogène liquéfié et refroidi loin sous le point de congélation, mais le plein se fait somme toute assez simplement, ne nécessitant que cinq minutes d’attente. Contrairement à un plein d’essence, le système ne peut se permettre une fuite, alors le mécanisme liant la station à la voiture s’assure que tout est étanche avant d’enclencher le transfert d’hydrogène.

En fait, pas si facile, faire le plein

Toujours est-il qu’il faut d’abord en trouver une, de station d’hydrogène. Une première station publique sera inaugurée à Québec le mois prochain, et l’UQTR possède sa propre station sur son campus à Trois-Rivières, mais sinon, c’est plutôt rare. Par ailleurs, l’hydrogène actuellement produit provient généralement d’hydrocarbures, ce qui est loin d’être aussi écolo qu’on le souhaiterait, sa production générant une grande quantité de gaz carbonique.

Comme une hybride, en fin de compte

Son moteur électrique génère une puissance de 151 chevaux et un couple de 247 livres-pied. Le tout est transmis aux roues à l’avant via une boîte à variation continue rappelant drôlement celle de la Prius. En fait, la conduite a beaucoup de points en commun avec une hybride, incluant une batterie d’appoint plutôt modeste capable de récupérer l’énergie du freinage pour prolonger son autonomie.

Sauf peut-être l’hiver

Toyota Canada a déjà expliqué que la différence entre une voiture électrique et une voiture à hydrogène comme la Mirai est la pile. C’est un peu simpliste, mais comme cette dernière utilise une pile à combustible plutôt qu’une pile au lithium ion, on peut le résumer comme ça. Un des avantages de la pile à combustible est qu’elle performe aussi bien l’hiver que l’été, offrant la même autonomie de quelque 450 km dans le cas de la Mirai douze mois par année.

Assis sur une bombe?

Le risque qu’un réservoir à hydrogène comme celui de la Mirai explose est si minime qu’il est pour ainsi dire nul. D’abord, la structure des réservoirs est à peu près impossible à perforer. Ensuite, la structure du véhicule a été conçue de manière à éloigner la force générée par une éventuelle collision de là où il est situé sous la voiture. Contrairement à l’essence, une fuite d’hydrogène qui prendrait feu produirait une longue et mince flamme, ce gaz étant plus léger que l’air. Une fuite d’essence qui prend feu est une toute autre histoire…

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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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