Besoin d'argent? Soignez votre nom sur Facebook, Twitter, Yelp...

Publié le 25/07/2016 à 11:12

Besoin d'argent? Soignez votre nom sur Facebook, Twitter, Yelp...

Publié le 25/07/2016 à 11:12

La cote de crédit est dépassée. À l'ère des «fintechs», les prêts bancaires se font selon la réputation sur les réseaux sociaux. Et si on se fie à l'historique d'au moins une entreprise montréalaise fonctionnant selon cette méthode, le risque que ces prêts ne soient pas remboursés ne dépasse pas les 5%.

«La technologie simplifie l'accès au capital pour tout le monde. Traditionnellement, une banque a besoin de vos états financiers, de votre cote de crédit, d'un tas de données personnelles, et ça prend du temps. Pour notre part, nous utilisons la réputation en ligne («e-reputation») pour approuver nos avances de fonds. Ça prend 8 minutes, et l'argent est transféré dans les 48 heures», explique Neil Wechsler, président d'Evolocity, à Montréal.

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Evolocity est une petite société financière fondée il y a 6 ans. À ce jour, elle a prêté pour 100 millions de dollars à des PME canadiennes, sous forme de prêts à court terme (moins d'un an) d'un montant moyen de 30 000 à 40 000$. Un peu à la manière de Lending Club, une entreprise américaine à l'avant-scène des technologies financières dont tout le monde parle, ces jours-ci.

Au Canada, FundThrough propose un service similaire à Evolocity et utilise aussi les réseaux sociaux pour déterminer la réputation de l'emprunteur. Borrowell et Lendful, notamment, automatisent les prêts personnels. D'autres, comme Mogo, utilisent les services de sociétés de crédit comme Visa pour permettre à des internautes d'obtenir un prêt sans avoir à passer au comptoir bancaire.

Combien vaut votre page Facebook?

Evolocity, pour sa part, cible les petites entreprises. Un franchisé Monsieur Muffler ou Tim Hortons qui souhaite ouvrir un deuxième commerce. Un restaurateur qui aimerait installer une terrasse à l'avant de son commerce.

Elle ne prête évidemment pas à l'aveugle. Outre la réputation sur Yelp, Urbanspoon, TripAdvisor, Facebook et Twitter, Evolocity demande un aperçu du flux de trésorerie. En fait, c'est encore l'élément le plus important dans l'octroi d'un prêt, puisque le remboursement du prêt est ensuite intégré aux opérations quotidiennes de l'entreprise: soit elle remet un montant tous les jours, soit un pourcentage des transactions est pris par Evolocity directement auprès du fournisseur de services de paiement.

Des algorithmes prennent tout ça en compte, y ajoutent un peu de «big data» (ou mégadonnées) pour faire bonne mesure (pour prévenir les fraudes et le piratage, phénomène encore très marginal dans le secteur des fintechs, assure M. Wechsler) et décident s'il y a lieu d'autoriser la transaction.

On est loin de la conseillère financière un peu perdue devant un poste informatique désuet et capricieux, au comptoir d'une succursale de la grande banque canadienne de votre choix... «De toute façon, le marché dans lequel on se trouve n'intéresse pas les grandes banques», ajoute David Souaid, cofondateur d'Evolocity.

Chose certaine, on n'a pas vu le jour où une grande banque vous demandera votre nom d'utilisateur Twitter avant de vous prêter 25 000$...

Mais ça pourrait survenir. La Banque Scotia, la CIBC et Desjardins, entre autres, suivent de près ces jeunes pousses qui remplacent la cote de crédit par la réputation en ligne.

C'est peut-être un bon moment pour repenser votre page Facebook. Au cas où elle vaudrait de l'or…

À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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