Samedi 16 juillet à 14h, l’artiste québécoise Cœur de pirate prendra les commandes de la webradio Beats 1 d’Apple Music, offrant à la planète entière un aperçu de ses coups de cœur en matière de musique québécoise et canadienne.

Pendant une heure, Cœur de pirate, de son vrai nom Béatrice Martin, s’adressera ainsi à tous les auditeurs branchés sur la station gratuite d’Apple, livrée via les applications iTunes et Apple Music, dans le cadre d’une série de prises de contrôle canadienne hebdomadaire («takeover») qui ont lieu durant tout le mois de juillet.

Ça a commencé avec George Stroumboulopoulos (un animateur de CBC Television) le 2 juillet, puis l’animatrice de radio torontoise Josie Dye samedi dernier (9 juillet). L’auteur et interprète Kevin Drew, puis Emily Haines, du groupe Metric, fermeront la marche les 23 et 30 juillet prochains.

La régionalisation de la musique en ligne

Dans la lutte que se livrent les services numériques de musique sur demande, Apple tente ainsi de se distinguer de Spotify, Google et les autres, en faisant valoir son caractère à la fois global (avec un radio, Beats 1, diffusée partout dans le monde) et régional, en allant chercher des artistes et personnalités influentes dans des marchés locaux.

Dans ce marché, Apple Music est en mode rattrapage, comptant moitié moins d’abonnés (15 millions) que Spotify (30 millions), mais reste loin devant les autres poursuivants, comme Tidal (3 millions) et même Deezer (1,5 million).

Le succès de Spotify repose avant tout sur deux facteurs : la régionalisation de son offre et la possibilité d’écouter la musique avec une meilleure qualité sonore. Apple serait aussi tentée par la musique diffusée en meilleure qualité, plusieurs rumeurs indiquant qu’elle lorgne du côté de Tidal, le concurrent propriété du rappeur Jay-Z dont la principale caractéristique est justement de diffuser en haute qualité sonore.

Se démarquer parmi des millions de pistes

Béatrice Martin aura donc les coudées franches pour son heure de diffusion. Son agent chez Dare to Care Records ne veut rien révéler de ce qui sera joué, mais avoue tout de même que ce sont ses coups de cœur, et qu'ils se composent de musique québécoise et canadienne.

Côté affaires, M. Bissonnette, qui dirige aussi le label Dare to Care, ne voit pas de grandes ventes de musique suite à cette prestation mondiale. L'objectif est de rejoindre un plus large auditoire, et d'espérer qu'ils iront écouter à la fois la musique de Cœur de pirate et des artistes qu'elle fera tourner.

«Les abonnés aux service de musique sur demande ont des millions de choix. Pour nous, Beats 1 est un moyen de les approcher et de les rejoindre là où ils se trouvent. Sinon ils vont écouter autre chose», dit-il.

Ça ne sonne pas non plus la fin de la recherche d'un modèle d'affaires viable pour l'industrie musicale, qui se cherche, avec les lucratives ventes de CD, puis de chansons au format MP3, en chute libre, au profit de services en diffusion web qui ne rapportent qu'une fraction des revenus de ces autres canaux de distribution.

«On n'a pas encore trouvé le modèle. Il reste des questions, surtout du côté des droits d'auteurs», précise Éli Bissonnette, «mais aujourd'hui, c'est important d'être présent sur cette plateforme, alors on y est.»