L'application Apple Home. (Photo: Apple Canada)
Les rumeurs vont bon train quant aux nouveautés automnales qu'Apple devrait dévoiler d'ici une dizaine de jours. Avec l'introduction de Home, une chose semble certaine: c'est un nouveau départ pour la maison connectée dans son ensemble.
Home est le nom de l'application centrale («hub») à partir de laquelle les propriétaires d'un iPad ou d'un Apple TV pourront contrôler l'ensemble des appareils connectés de leur résidence. Elle est intégrée à iOS 10 et à tvOS, le logiciel animant l'Apple TV, et ne fonctionnera pleinement qu'à condition de posséder qu'un appareil de dernière génération. Les propriétaires d'un iPhone pourront effectuer certaines commandes à même le téléphone, mais il faudra un ou l'autre des deux autres appareils pour tout gérer convenablement.
L'application sera officiellement mise en marché cet automne, aux côtés d'un nouvel iPhone 7 qui, si on se fie aux rumeurs, devrait laisser davantage de place sur scène aux autres nouveautés d'Apple. Home est aussi la pointe émergée de l'iceberg qu'est HomeKit, l'infrastructure logicielle introduite il y a presque 2 ans, avec laquelle Apple a approché la plupart des fabricants d'électroménagers et autres appareils pour la maison (thermostats, stores, détecteurs de fumée, systèmes de surveillance, etc.) afin de les fédérer sous sa bannière.
Apple certifiait déjà des accessoires avec le sceau «Made for iPhone», il en ira de même avec Home: les quelques 100 gammes de produits déjà certifiées auront un sceau «Made for Home». Ça n'ira qu'en croissant, selon les experts. Le nombre d'objets connectés pour la maison, certifiés pour Home, devrait passer d'environ 10 millions actuellement, à quelque 180 millions en 2020 (NextMarket Insight, juin 2015).
Ça fait 20 ans que votre humble serviteur suit la techno de près, et ça fait 20 ans que les grandes sociétés technos promettent l'émergence de la «domotique-maison du futur-maison intelligente-maison connectée»: Microsoft, HP, Honeywell, Philips… Hâte de voir si Apple va connaître un sort différent.
Cela dit, l'approche d'Apple dans ce lucratif marché potentiel n'est pas sans rappeler la naissance du marché des accessoires pour iPod (et éventuellement, iPad et iPhone) du début des années 2000…
Le marché des appareils certifiés par Apple pour sa plateforme HomeKit. (Photo: NextMarket Insights)
Qu'est-ce que votre maison sait sur vous?
Apple ne le dit pas ouvertement, mais deux choses semblent certaines, à propos de la maison connectée. D'abord, ça va coûter cher; puis si ça ne coûte pas cher, c'est qu'il y aura un piège. Les premiers adopteurs («early adopters») seront fâchés d'apprendre que la certification HomeKit n'est pas rétroactive. Pour rester dans le coup, ils devront se rééquiper.
Il y aura toujours l'option de ne pas joindre la caravane Apple. Par exemple, on doute que les produits de la société Nest, filiale de Google, soient certifiés. Les appareils Nest déjà en marché ne le seront pas, c'est certain.
Apple se défend en affirmant que c'est une question de sécurité: sa plateforme HomeKit assure la confidentialité des utilisateurs. Même Apple n'aura pas accès à vos données via l'application Home. Nest en promet tout autant, mais Google a contredit cette affirmation il y a un peu plus d'un an. Pour Google, la maison connectée est une mine d'or de données pour sa plateforme publicitaire.
Ainsi, le thermostat WiFi de Nest n'affichera pas de publicité, mais Google saura quand vous êtes à la maison, et quand vous n'y êtes pas. En principe, tout ce que votre maison sait sur vous (et elle en sait un méchant rayon), pourrait éventuellement servir à vous cibler dans plein de contextes, comme la publicité sur Internet.
D'où l'importance de bien contrôler ces objets connectés et la collecte de données qu'ils produisent. Car même si votre serrure à commande WiFi est inviolable, elle pourrait avoir la capacité de transmettre son état en temps réel à une régie publicitaire. Google deviendrait ainsi capable de déterminer, par exemple, si une pub pour un restaurant pas loin d'où vous vous trouvez est une bonne idée. il y aurait alors des questions à poser à la société quant au respect de la vie privée de ses clients.
Relancer les ventes d'iPad?
Autre chose intriguante à propos de l'application Home: son passage forcé par un iPad ou un Apple TV. Était-ce obligatoire? Est-ce une façon de stimuler les ventes de ces deux produits, plutôt que de laisser les propriétaires d'un iPhone tout commander à même leur téléphone?
L'explication convainc à moitié, mais n'est pas dénuée d'une certaine logique: pour commander ses appareils à distance, même de l'extérieur de la maison, ça prend un appareil central qui, lui, est toujours sur place. L'Apple TV, ça va de soi. Un iPad? On le sort rarement de la maison, mais si sa pile s'épuise, c'est tant pis.
Qu'on aime ou pas, Apple joue à nouveau la carte de l'écosystème intégré: il suffira de parler à l'assistance vocale Siri, à partir d'un iPhone, d'une Apple Watch, ou de la télécommande de son Apple TV, pour tout commander de façon entièrement vocale. Tout doit être programmé à partir d'un seul et même compte Apple. «Salut Siri, je suis à la maison», risque de devenir une phrase très populaire auprès des inconditionnels des produits Apple.
Et au-delà de la maison connectée, c'est toute la stratégie d'intelligence artificielle d'Apple, centrée sur Siri, qui commence à prendre forme: après la voiture, la maison. Après la maison, quoi d'autre?
On verra bien dans les prochaines semaines.
