Une industrie en croissance est-elle nécessaire pour réussir un placement ?

Publié le 01/12/2012 à 00:00, mis à jour le 29/11/2012 à 09:44

Une industrie en croissance est-elle nécessaire pour réussir un placement ?

Publié le 01/12/2012 à 00:00, mis à jour le 29/11/2012 à 09:44

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Bien des investisseurs ont cette idée fausse que pour obtenir de bons rendements en Bourse, ils se doivent d'investir dans une entreprise qui évolue dans une industrie en forte croissance, voire révolutionnaire. Combien d'investisseurs ont adopté cette idée à la fin des années 1990, pensant qu'Internet révolutionnerait le monde ? Ils ont eu raison quant au potentiel du Web. Quant aux profits de leurs placements dans les titres technologiques, cela a été dans bien des cas une toute autre histoire...

PAR : Philippe Le Blanc

Trop souvent, cette fausse promesse d'un nouveau Microsoft ou Biochem Pharma incite les investisseurs à prendre des risques indus. Pourtant, les meilleurs placements à long terme sont souvent des titres qui évoluent dans des industries n'affichant pas nécessairement de forte croissance.

Le roi des traverses de chemin de fer

Par exemple, récemment, j'écrivais un blogue sur une entreprise «mystère» dont le titre s'est apprécié de plus de 2 665 % depuis 2002 - il s'agit de Stella-Jones. Cette entreprise est un leader dans la fabrication de poteaux et de traverses de chemin de fer en bois traité. On est bien loin d'une industrie révolutionnaire ! On parle plutôt d'une industrie mature qui existe depuis de nombreuses décennies et qui, bon an mal an, poursuit sa progression, alimentée en grande partie par une demande récurrente provenant de la nécessité d'entretenir les réseaux ferroviaire et de services publics existants.

Votre épicier de quartier

Un autre exemple percutant est celui de Metro, la chaîne d'épiceries québécoise. Depuis l'arrivée de Pierre H. Lessard à la barre de l'entreprise en 1990, tandis que le détaillant était en difficultés financières, Metro n'a cessé d'améliorer sa performance financière. D'une perte enregistrée en 1990, la société a renoué avec la rentabilité dès 1991 et a depuis augmenté ses profits par action chaque année, sauf en 2008. De 1991 à 2012, ses profits par action ont augmenté à un taux annuel composé de 20,1 %. Pendant cette période, la valeur du titre a été multipliée par près de 76, sans tenir compte des dividendes ! Et pourtant, on ne peut pas dire que le secteur de l'alimentation est en croissance. En plus d'être mature, il est confronté à une concurrence féroce depuis plusieurs années.

Un autre exemple québécois est le titre de Quincaillerie Richelieu, un distributeur de quincaillerie spécialisée pour l'industrie de la rénovation et celle des fabricants de meubles. Une fois de plus, on ne parle pas ici d'une industrie de croissance. Pourtant, Richelieu a su augmenter ses profits par action de 0,16 $, en 1995, à 2,28 $ en 2011, un taux de croissance annuel composé de 16,6 %. La valeur de son titre depuis son entrée en Bourse en 1993 a été multipliée par 16, pour un rendement annuel composé de 15,7 %, sans tenir compte des dividendes.

Petit train va loin

Un autre exemple ? Canadien National, le transporteur ferroviaire bien connu. Encore là, son industrie est mature. Pourtant, la société a su augmenter ses profits par action de 0,91 $ en 1997 à 4,84 $ en 2011, un taux de croissance annuel composé de 12,7 %. Depuis son entrée en Bourse en 1995 à un prix équivalent à 4,50 $, la valeur de son titre a été multipliée par 19.

À mon avis, ces exemples montrent bien qu'il n'est pas nécessaire de trouver la prochaine révolution technologique pour faire de l'argent en Bourse. Si en plus, on tient compte du niveau de risque lié à la plupart des innovations technologiques, il me semble évident que c'est davantage du côté des sociétés bien établies dans des industries matures qu'un investisseur devrait chercher des occasions de s'enrichir.

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