Trop grosses, les banques américaines

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Trop grosses, les banques américaines

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Une nouvelle voix vient de s'ajouter à celles de Paul Volker et de Joseph Stiglitz, qui demandent le démantèlement des grandes banques américaines.

C'est celle de John Reed, qui était chef de la direction de Citibank lors de sa fusion avec Travelers en 1999, fusion qui a donné naissance à Citigroup. John Reed vient de demander pardon à ses ex-employés. " Je suis désolé. Ce sont des personnes que j'aime et dont je me préoccupe, a-t-il dit. Vous ne pouvez pas savoir comment c'est difficile de voir ce qui est arrivé. "

M. Reed a confié à Bloomberg que cette fusion n'a profité à personne (ni aux clients, ni aux employés, ni aux actionnaires). Il y a eu deux années de synergies, a-t-il dit, mais ensuite, la banque est devenue ingouvernable. Elle est tout simplement trop grosse.

Citigroup a reçu une aide de 45 milliards de dollars américains (G$ US) et 300 G$ US de garanties de l'État pour échapper à la faillite lors de la crise.

John Reed a quitté le bateau deux ans après la fusion et trois autres chefs de la direction lui ont succédé à la barre de la société : le financier mégalomane Sandy Weill, l'avocat Chuck Prince, et Vikram Pandit, en poste depuis décembre 2007. MM. Reed, Weill et Prince sont partis avec des parachutes dorés de plusieurs dizaines de millions de dollars. Quant à M. Pandit, il a reçu en 2008 une rémunération de 38 millions de dollars américains, même si le rendement de l'avoir propre de Citigroup a reculé de 73 %.

Selon The Financial Times, John Reed aurait conseillé à M. Pandit de vendre des blocs d'actif de Citigroup.

C'est la stratégie que vient d'adopter le gouvernement britannique, sous la pression du gouverneur de la Banque d'Angleterre. Londres a demandé à la Royal Bank of Scotland (détenue à 84 % par l'État) et au groupe bancaire Lloyds de céder des éléments d'actif. Au Pays-Bas, ING vient de se faire ordonner de vendre ses activités d'assurance et de se départir de ING Direct aux États-Unis.

Paul Volker, un ancien président de la Réserve fédérale maintenant conseiller de Barack Obama, recommande depuis plusieurs mois de démanteler les grandes banques. Selon M. Volker, les banques devraient se limiter à faire de l'intermédiation financière : recueillir de l'épargne, consentir des prêts et vendre des valeurs mobilières. M. Volker veut les empêcher de réaliser des transactions pour elles-mêmes, une activité qui les amène à prendre des risques indus, comme on l'a vu depuis quelques années. L'élargissement des activités des banques a été rendue possible par l'abrogation, en 1999, de la loi Glass-Steagall, par Bill Clinton. Cette loi adoptée en 1933 avait enlevé aux banques le droit de faire le commerce des valeurs mobilières et d'investir pour elles-mêmes à la Bourse. Elles avaient contribué à l'éclatement de la crise des années 1930 en spéculant sur leur avoir propre.

Paul Volker a reçu l'appui de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie et ex-économiste en chef du Fonds monétaire international. Ce dernier vient même d'affirmer que Washington a erré en avançant aux banques des centaines de milliards de dollars. " On aurait dû les nationaliser, dit M. Stiglitz. On pourrait leur dire quoi faire, soit de prêter de l'argent pour aider à la relance de l'économie. "

Cet appel à un véritable contrôle des banques n'a pas ébranlé l'administration Obama, sur laquelle Wall Street exerce une grande influence. La Maison-Blanche a plutôt acquiescé à la proposition de Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale, qui veut obtenir la responsabilité de contrôler la taille des banques. La Réserve fédérale fixerait aux banques des plafonds sur les produits structurés qu'elles pourraient détenir.

Or, la crise dont nous sortons à peine tire justement sa source dans la spéculation des banques sur des produits financiers structurés, une activité que la Securities and Exchange Commission n'a pas su contrôler.

Or, avec l'achat de Morgan Stanley, de Merrill Lynch, de Bear Stearns, de Wachovia et de Washington Mutual, les banques sont encore plus grosses. Elles seront plus difficiles à gérer, prendront plus de risques et accroîtront la rémunération déjà excessive de leurs dirigeants. Et il faudra à nouveau les sauver en cas de crise, car elles sont vraiment devenues too big to fail.

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