Sortez du Canada !

Publié le 09/06/2012 à 00:00, mis à jour le 07/06/2012 à 09:17

Sortez du Canada !

Publié le 09/06/2012 à 00:00, mis à jour le 07/06/2012 à 09:17

Dans un récent blogue, j'ai écrit sur l'importance de sortir une partie de ses placements du Canada. C'est tellement crucial qu'il me faut revenir en détail sur cette idée.

J'ai été surpris récemment, en rencontrant des investisseurs lors de ma tournée de conférences, de constater à quel point ils étaient nombreux à se plaindre de leurs rendements. Or, à mon avis, la Bourse n'a pas si mal performé au cours des derniers mois. Jusqu'à ce que je me rende compte que ces gens avaient un point en commun : ils avaient investi, sans exception, la totalité de leur portefeuille au Canada.

Comme me l'a dit un investisseur : «J'ai l'ensemble de mon portefeuille au Canada. Mon conseiller m'a expliqué qu'il était plus prudent d'éviter les États-Unis.»

Depuis deux ans, j'ai entendu ces remarques à plusieurs reprises. Après réflexion, je me demande en quoi il est prudent d'investir 100 % de son épargne dans un petit marché comme celui du Canada, concentré dans les ressources naturelles et où la diversification est pratiquement nulle.

Un marché limité

Il est important de prendre conscience de l'étroitesse du marché canadien. Ainsi, lorsque vous achetez l'indice S&P/TSX, 78 % de votre capital se retrouve dans trois secteurs : la finance, l'énergie et les matières premières. Aux États-Unis, un indice comme le S&P 500 est bien diversifié par secteurs. Vous y retrouvez de nombreuses sociétés de qualité dans les technologies de l'information (pratiquement aucune ici), dans les soins de santé (peu ici), dans la consommation de base, dans la consommation discrétionnaire, etc.

De plus, peu de gens savent que les 10 principaux titres du S&P/TSX ont une importance disproportionnée, avec une pondération de 33,6 %, alors que les 10 plus importants du S&P 500 représentent 19,9 % de sa valeur.

Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable : notre Bourse offre un choix limité de sociétés de qualité, avec des avantages concurrentiels durables. C'est normal, en raison notamment de la petite taille de notre économie.

Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de belles sociétés au Canada. Cela signifie que le choix est plus mince et que, dans certains secteurs, il est presque inexistant.

En passant, mes propos ne reposent pas sur une prédiction à court terme de la Bourse canadienne. Par exemple, je sais que l'indice canadien S&P/TSX a perdu environ 7 % de sa valeur jusqu'ici en 2012, ce qui est une performance inférieure à celle d'indices américains comme le S&P 500 (+ 2 %).

Je pense d'ailleurs que les marchés canadiens dans l'ensemble procureront de bons rendements sur 10 ans et plus. Je persiste toutefois à croire que la Bourse américaine est plus intéressante et, surtout, pour revenir à mon idée principale, qu'il est capital de diversifier son portefeuille.

Le lecteur typique de ma chronique génère 100 % de ses revenus du travail ici au Canada. De plus, une très grande partie de son patrimoine est investi dans sa résidence unifamiliale. Encore une fois, sans faire le jeu des prédictions, il y a des risques que cet actif soit surévalué au moins de 20 %.

Il me semble qu'au moment d'investir une partie de son épargne, on doit opter pour le diversifier à l'extérieur du Canada, par prudence, afin d'ajouter de la profondeur à son portefeuille et de profiter des occasions à l'extérieur des frontières.

Comme je l'ai mentionné dans mon blogue, je crois que c'est une excellente idée. C'est une urgence pour bien des gens. Par exemple, si la totalité de vos actifs boursiers se trouve dans des actions canadiennes, sortez du Canada en investissant au moins 25 %, voire 50 % à l'extérieur du Canada, en commençant par les États-Unis.

La devise

L'autre aspect important touchant à la diversification est la devise. Le lecteur moyen que je décrivais plus tôt a 100 % de son actif en dollars canadiens. À long terme, il aurait avantage à diversifier une partie de son capital dans d'autres devises.

Depuis 10 ans, le dollar canadien a bien performé, en particulier par rapport à la devise américaine. La première conséquence est de rendre les actifs américains moins coûteux pour l'acheteur en dollars canadiens. L'autre conséquence, c'est que le moment est propice pour diminuer sa pondération en dollars canadiens. Car les 10 prochaines années ne peuvent pas être aussi bonnes que les 10 dernières.

Il est difficile de déterminer la «bonne» proportion de votre actif à avoir à l'extérieur du Canada. Tout dépend de votre situation financière, de vos objectifs, de votre horizon de placement, etc. Pour bien des gens toutefois, cela a du sens d'avoir une bonne proportion de son portefeuille hors du pays, principalement aux États-Unis.

DE MON BLOGUE

Bourse

RIM, HP, Dell, Apple...

Si vous avez la tentation d'investir dans la techno, ce qui suit pourrait vous faire changer d'idée...

RIM continue sa marche vers le cimetière bondé des technos. RIM était une société admirée et dominante il y a à peine quelques années. J'étais convaincu que les dirigeants étaient les meilleurs du Canada et du monde.

Malgré cela, RIM subira probablement le même sort que 95 % (voire 99 %) des sociétés technologiques : elle tombera dans l'oubli, voire le néant.

Il y a quelques années, tous les experts étaient convaincus que le modèle de Dell avait triomphé. On disait que le modèle diversifié de HP était à l'épreuve des mouvements technologiques.

Apple peut se payer RIM, HP et Dell tout en conservant assez d'argent pour payer un dividende spécial de 30 dollars américains par action.

Vos réactions

«RIM, HP et Dell n'ont vraiment pas réussi à innover et à se démarquer.»

- Hamann

«Pour n'importe quelle entreprise, il faut trouver un avantage concurrentiel solide et durable.»

- pbrasseur

«Lorsque ces entreprises ont des coffres bien garnis, ils se mettent à commettre des erreurs de débutant.»

- SB

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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