Rona : une offre qui fait monter la pression

Publié le 04/08/2012 à 00:00, mis à jour le 02/08/2012 à 09:11

Rona : une offre qui fait monter la pression

Publié le 04/08/2012 à 00:00, mis à jour le 02/08/2012 à 09:11

En refusant l'offre de Lowe's, la direction de Rona n'a plus le choix : elle doit livrer la marchandise.

Le géant américain de la déco-rénovation a offert 14,50 $ pour chaque action de Rona, soit une prime de 22 % par rapport à son cours en Bourse. Cela représente environ 6,5 fois les bénéfices d'exploitation des quatre derniers trimestres et un peu plus de 16 fois les bénéfices prévus cette année (calculs qui ne comprennent pas la dette à long terme de 400 M$ au 25 mars).

Ma première impression est que le prix offert est intéressant, sans être très alléchant. Toutefois, il ne faut pas oublier le contexte particulier à Rona et les risques qu'il comporte.

Le conseil d'administration a rejeté les avances américaines, car il estimait que la «Société doit demeurer centrée sur la mise en oeuvre de son plan d'affaires afin de tirer profit des perspectives favorables qu'elle entrevoit pour son entreprise».

En février, la direction de Rona a divulgué son plan d'affaires intitulé «Nouvelles réalités, nouvelles solutions», qui a été bien accueilli par les investisseurs. Ce plan cherche entre autres à améliorer l'efficacité et l'augmentation de la rentabilité.

Piètre performance

Il ne faut pas avoir peur des mots. La performance de Rona depuis quelques années est pathétique, et sa direction l'a reconnu. Il y a moins de cinq ans, son titre était à 22 $ (les actionnaires à long terme ne sauteraient pas de joie en recevant 14,50 $ de Lowe's).

Depuis, les ventes comparables ont été décevantes. Selon Wayne Hood, analyste chez BMO, la direction a été incapable de générer des ventes comparables positives au cours des cinq dernières années (elles ont été stables en 2010), tandis que le rendement du capital investi a reculé systématiquement.

En fait, les ventes comparables ont baissé en moyenne de 4 % durant cette période. Le rendement du capital investi est passé de 12 à 13 % en 2005-2006, à environ 4 % en 2011. Ce qui fait de Rona une société marginalement rentable.

Et la direction ne peut, comme aux États-Unis, pointer du doigt l'implosion de la bulle immobilière qui reste à venir au Canada (à la différence de Lowe's, qui en sort après cinq ans de misère). Rona a donc sous-performé dans un contexte économique nettement plus favorable qu'aux États-Unis.

En refusant l'offre de Lowes, la direction de Rona envoie le message à ses actionnaires qu'elle mise sur son plan d'amélioration. C'est normal qu'elle ait confiance en ce plan puisque c'est le sien. Et que la direction ait confiance en ses perspectives à long terme est tout aussi normal.

Par contre, elle a intérêt à livrer la marchandise, parce que ses actionnaires se souviendront longtemps de l'offre de Lowes.

Il sera intéressant de voir comment réagira Lowe's devant le refus de Rona. Même si je suis surpris par cette offre, je ne serais pas surpris que la direction de Lowe's revienne avec une offre bonifiée. Il faut comprendre que l'achat de Rona n'est pas une grosse transaction pour l'américaine, son prix total représentant 6 % de sa valeur boursière. Elle a la capacité financière d'offrir davantage aux actionnaires de Rona.

Reste à savoir jusqu'à quel point Lowe's compte sur Rona pour faire du Canada une nouvelle plateforme de croissance.

DE MON BLOGUE

Un vote de confiance

Ce que Prem Watsa voit dans RIM

Ma curiosité a été piquée lorsque j'ai appris que Prem Watsa, président de Fairfax Financial, avait doublé sa participation dans Research in Motion.

Selon mes calculs, Prem Watsa a payé au moins 780 M$ pour ses actions, soit 15 $ l'action.

Le gestionnaire y croit donc beaucoup. Le titre se vend à peine à deux fois ses profits et encore moins cher sur la base de ses fonds autogénérés. De plus, la société a plus de 2 G$ US en encaisse (près de 4 $ US par action) sans dettes. Il y voit une aubaine au sens classique.

Toutefois, les activités de RIM sont en perte de vitesse, avec un grand V. C'est pourquoi la nouvelle direction travaille sur sa relance. Le problème est que RIM évolue dans le secteur de la technologie, où les revirements sont très difficiles.

Tout revirement d'entreprise, quel que soit le domaine d'activité, est périlleux et très spéculatif. C'est mille fois plus vrai dans le secteur de RIM.

Vos réactions

«Un peu comme Buffett qui continue à investir dans le papier... On saura bientôt s'il est un héros ou un zéro!»

- xylophone

«La compagnie n'a pas de dettes, c'est moins inquiétant. Dossier à suivre, mais moi, je n'embarque pas.»

- SB

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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